Prolongement de la ligne 14 du métro : les nouvelles stations en service à partir de ce lundi

Le premier ministre Jean Castex inaugure le prolongement de la ligne aujourd'hui lundi 14 décembre. Les usagers du métro pourront l'emprunter jusqu’à Mairie de Saint-Ouen. Nouvelles stations, nouveaux trains, désaturation de la ligne 13, retard des travaux… On fait le point.

Dès aujourd'hui, lundi 14 décembre, à 16 heures, les usagers du métro pourront emprunter une ligne 14 prolongée vers le Nord de Paris, jusqu’à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Les trains passeront par quatre nouvelles stations, après Saint-Lazare : Pont Cardinet ; Porte de Clichy, qui ouvrira au public courant janvier ; Saint-Ouen, avec une correspondance pour le RER ; et Mairie de Saint-Ouen, le nouveau terminus. Soit un prolongement total de  5,8 kilomètres.

"Victoire. Ça y est la ligne 14 arrive à Saint-Ouen… Fini la ligne 13 saturée. On avance !", s’est félicité Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, et à la tête d’Île-de-France Mobilités, à l’occasion d’"une visite en avant-première avant l’ouverture", jeudi, en compagnie de Catherine Guillouard, PDG de la RATP.

D’après IDF Mobilités, qui annonce une rame toutes les 85 secondes en heures de pointe, le prolongement de la ligne 14 est censé entraîner "une désaturation de 25 % de la ligne 13". L’autorité organisatrice des transports franciliens souligne aussi la mise en place de rames comptant huit voitures au lieu de six.

Prises USB pour recharger son portable, écrans d’information pour les voyageurs… Les nouveaux trains, plus longs, spacieux et modernes, sont aussi plus rapides, avec une vitesse moyenne deux fois plus élevée sur la ligne automatisée. IDF Mobilités promet "des trajets plus agréables avec 30 % de places en plus et 40% de bruit en moins".

 

"Ça va certainement être une grosse bouffée d’air à court terme pour les usagers"

"L’effet de décharge pour la ligne 13 va être visible sur la partie Nord de la ligne 13, ça va certainement être une grosse bouffée d’air à court terme pour les usagers, explique Marc Pélissier, président de l’Association des Usagers des Transports en Île-de-France (AUT Île-de-France). La saturation actuelle sur la ligne 13 est visible depuis 20 ans. La particularité sur la partie Nord vers Saint-Lazare, c’est qu’il y a du monde dans les deux sens et toute la journée, il n’y a pas vraiment d’heures creuses. Il y avait déjà eu quelques tentatives pour améliorer le débit et la situation, avec par exemple la mise en place de portes palières sur les stations importantes afin d’éviter les bousculades, mais on était au maximum de ce qui était possible techniquement. Et ce alors que la fréquentation continue d’augmenter chaque année."

Il fallait d’autres moyens pour permettre aux gens d’aller travailler, ce prolongement a un véritable intérêt.

Jean-Claude Delarue, président de SOS usagers

Un avis partagé par Jean-Claude Delarue, président de SOS usagers : "Il est clair que la ligne 13 est surchargée depuis longtemps, d’où cette réputation infernale, insupportable, surtout pour ceux qui ont le malheur de la prendre tous les jours. Il fallait d’autres moyens pour permettre aux gens d’aller travailler, ce prolongement a un véritable intérêt. C’est un bon projet, demandé depuis des années par les usagers. Après, il nous manque encore certains éléments, notamment sur la façon dont vont évoluer les habitudes des usagers, avec le télétravail par exemple, et si cela va jouer ou non sur la ligne 13 et la ligne 14."

Marc Pélissier pointe lui aussi certaines interrogations : "L’effet de désaturation risque d’être moindre sur la branche entre Asnières Gennevilliers et Porte de Clichy, que sur la branche Saint-Denis. Aussi, on peut se demander si des usagers qui essayaient depuis des années d’éviter la ligne 13, en raison de sa saturation, ne vont pas revenir."

Configuration du système de pilotage, simulation d’incidents… Avant l’ouverture au public, les équipes de la RATP ont déjà mené des essais à blanc de grande ampleur. 150 personnes ont ainsi été mobilisées pour faire circuler près de 20 trains en conduite automatique vers Saint-Ouen, afin de "garantir la fiabilité des systèmes, avant la mise en service". Des essais menés pendant 24 heures, pour "simuler l’équivalent d’une journée d’exploitation", selon IDF Mobilités.

Pour ce qui est des rames de la ligne 14 prolongée, longues de 120 mètres, elles seront "entretenues, garées, et nettoyées" à l’atelier de maintenance des Docks de Saint-Ouen, spécialement adapté.

Du côté des associations d’usagers, Marc Pélissier souligne toutefois qu’il reste encore des travaux à effectuer. "A l’intérieur des stations, c’est à peu près terminé même s’il reste encore quelques finitions à apporter, détaille le président de l’AUT Île-de-France. A l’extérieur, ce n’est pas vraiment le cas, il y a encore du travail : il y aura encore des chantiers quelques temps. A Mairie de Saint-Ouen, les aménagements à minima devraient être prêts, pour l’accès aux bus. Par contre pour Saint-Ouen RER, l’aménagement de la voirie ne devrait pas être fini avant fin 2021. Porte de Clichy, c’est loin d’être terminé."

 

Plus de trois ans de retard

Pour les Franciliens concernés, le prolongement est attendu depuis longtemps, avec plus de trois ans de retard par rapport aux premières annonces. "Le premier objectif fixé pour Mairie de Saint-Ouen, qui était de 2017, relevait plus d’un calendrier politique, explique Marc Pélissier. C’était censé correspondre à l’ouverture du palais de justice, à Porte de Clichy. Puis en lançant les travaux, la RATP a décalé à 2018. Et au cours des travaux, il y a eu deux problèmes, au niveau de Porte de Clichy : la station, pas étanche, s’est remplie d’eau par deux fois. C’est ce qui a généré le plus de retard. Puis il y a eu le Covid, mais c’est plus anecdotique."

"Il y a déjà eu pire sur d’autres prolongements, qui dérapent d’année en année, nuance le président d’AUT Île-de-France. Il y a par exemple le prolongement de la ligne 12 vers Mairie d’Aubervilliers : le projet a été lancé en l’an 2000, et à ce stade l’objectif est 2022. Tout ça, alors que le tunnel est déjà percé depuis 2013."

 

On combat pour que la priorité soit donnée à l’amélioration des lignes existantes

Jean-Claude Delarue, président de SOS usagers

Jean-Claude Delarue, lui, estime que "les prolongements prennent du retard notamment pour des raisons financières" : "On combat pour que la priorité soit donnée à l’amélioration des lignes existantes, à l’amélioration du service sur le réseau actuel. Par exemple sur le RER D, ou le RER B. La priorité donnée au Grand Paris Express se fait aux dépens des lignes existantes."

Pour ce qui est de la ligne 14, le projet de prolongement doit encore se poursuivre : au nord, vers Saint-Denis Pleyel ; mais aussi au sud, d’Olympiades jusqu’à l’aéroport d’Orly, à l’horizon 2024. "On est favorable à ce prolongement vers Orly, explique Marc Pélissier. Le projet a pour intérêt de désaturer la ligne 7, sur la branche Villejuif Louis-Aragon. Le prolongement vers Saint-Denis Pleyel est aussi intéressant, avec un point de correspondance vers d’autres lignes du Grand Paris Express. En revanche, on était défavorable à un prolongement vers Roissy, qui avait un temps été évoqué : la ligne 14 aurait été trop longue."

Avec le prolongement, la ligne 14, qui accueille aujourd’hui 500 000 voyageurs par jour, pourrait en accueillir près d’un million en 2024. "Après 2024, et le prolongement à la fois vers le nord et le sud, certaines études pointent du doigt un risque de saturation, note d’ailleurs le président de l’AUT Île-de-France. C’est la partie centrale de la ligne 14 vers Gare de Lyon et Châtelet, déjà bien chargée, qui serait concernée." Marc Pélissier s’interroge enfin sur le calendrier fixé en 2024 : "On peut se poser la question de la mise en place de ces prolongements avant les JO. La RATP n’a déjà plus que quelques mois de marge, le moindre aléa poserait problème. C’est vraiment extrêmement tendu."

► Retrouvez en replay sur notre site internet, Parigo, qui a consacré une émission exceptionnelle sur les coulisses de la ligne 14.

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