La prochaine rentrée scolaire 2023-2024 s'annonce difficile en Île-de-France. Il y a plus de postes de professeurs des écoles à pourvoir que de candidats. Le syndicat enseignant Snuipp-FSU s'inquiète.
Comme l'an dernier, la rentrée scolaire s'annonce tendue en Île-de-France. De nombreux postes d'enseignants ne seront pas pourvus à la rentrée dans le primaire dans les académies notamment de Créteil et Versailles, déplore le syndicat enseignant Snuipp-FSU.
Les académies de Créteil et Versailles connaissent un déficit de candidats admissibles au concours pour couvrir les postes disponibles. Les chiffres donnés par le premier syndicat du primaire montrent que postes ne seront pas pourvus à l'issue du concours pour devenir professeur des écoles dans ces trois académies.
Dans l'académie de Versailles par exemple, 833 candidats seront reçus aux oraux alors que 1 285 postes sont à pouvoir. Dans celle de Créteil, 737 postulants sont admissibles pour près de 1 108 places de professeurs, explique Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU.
"On n'a moins d'un candidat par poste admissible aux oraux, on sait déjà qu’on perd des postes", poursuit la porte-parole du syndicat enseignant. "On n’en avait perdu aussi l’année dernière et le ministère avait mis ça sur le compte du changement du concours". Depuis l'an dernier l'inscription au concours exige un niveau master 2 (Bac+4) alors qu’auparavant il était nécessaire d’avoir master 1 (Bac+3).
Une désaffection liée à la faiblesse des salaires et aux conditions de travail dégradées
"On n'est pas dans la promesse de la revalorisation salariale promis par Emmanuel Macron lors des élections présidentielles. Il avait promis 10 % d’augmentation et on n’y est pas, pour la plupart des enseignants, ce sera 96 €".La reconnaissance du métier ne permet pas d'attirer les jeunes mais au-delà de cette reconnaissance salariale, il y a aussi les conditions de travail, précise la syndicaliste. "Notamment pour Créteil et Versailles, les conditions ne se sont pas améliorées. On a des classes surchargées, des problèmes de remplacement. Lorsque les enseignants ne sont pas remplacés, les élèves sont accueillis dans les autres classes, ce qui surcharge encore plus ces classes".
Problème du coût de la vie, logement en région parisienne, mais aussi le manque de mobilité en interne n'encouragent les candidats à s'inscrire au concours. "Lorsqu’on passe le concours à Créteil ou à Versailles, on sait qu’on ne pourra pas sortir de ces académies. La mobilité est très compliquée parce qu’il faut que des gens rentrent dans ces académies-là pour que certains puissent en sortir", souligne Guislaine David.Fidéliser les contractuels
Après une crise historique à la rentrée 2023, le rectorat de Créteil a annoncé vendredi le recrutement de 500 enseignants contractuels dès le mois de juin. "Même si les modalités de formation devraient être moins catastrophiques que l’an dernier, il reste que l’on ne pourra pas les former à la hauteur des stagiaires qui enseignent après deux ans de formation, déplore Guislaine David". En septembre dernier, des contractuels avaient été embauchés et formés en seulement quatre jours à la fin de l'été.
Outre une formation expresse, les contractuels ne sont "pas tous capables d'affronter la réalité du métier", avance Guislaine David. "Pour exemple, dans le Val-d’Oise, près de 50 contractuels ont démissionné en 2023".
De son côté, le recteur de Créteil promet un cursus de formation plus long pour les professeurs qui seront choisis début juin. L’idée est de tenter de les fidéliser avec un contrat de deux ans, ce qui leur permettrait de passer ensuite un concours interne ouvert après 18 mois d’expérience sans condition de diplôme.