Quatre jours pour apprendre les rudiments de l'enseignement en premier degré. Rencontres avec les toutes nouvelles recrues de l'Education nationale en formation accélérée sur le campus universitaire de Livry-Gargan .
Ils se prénomment Wladek, Kadiouda, Kahina, n'ont aucune expérience dans l'enseignement et ils partagent les mêmes bancs d'école.
Sur le campus de Livry-Gargan, en formation accélérée pendant quatre jours pour être fin prêts à la rentrée le 2 septembre et exercer en tant que professeur contractuel. Quatre jours de session intense orchestrée par l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPE) de l’académie de Créteil.
"Un paquet de stress !"
Pour Wladek Trocherie, futur prof, c'est d'abord "Un paquet de stress!" mais qui se dissipe progressivement. Cet ex-étudiant en philosophie, 25 ans, originaire de Caen, vient enfin d'apprendre son affectation dans la circo de Rosny sous-bois "ca m’a permis de prendre contact avec les écoles ou je vais travailler et de me rassurer ; j'ai déjà tenté le CAPES mais je n’ai pas été admissible".
Wladek a signé pour un an comme professeur contractuel comme ses autres voisines de banc très concentrées et très attentives aux cours théoriques et pratiques dispensés par L'INSPE.
Kahina Zinet, 36 ans, de Louvres dans le Val-d'Oise est diplômée en Master en science du langage et elle souhaite enseigner à des maternelles. Souhait accepté par l’Académie qui l’affecte à Villepinte à la rentrée.
Kahina apprécie la qualité de l’enseignement dispensé à L’INSPE: "c’est dense, mais on fait de la pratique de la théorie, c’est complet."
Kadiatou Bah, 32 ans, va travailler à Noisy-le-Grand "je serai en double" comme le dit Kadiatou ; en clair, elle prendra en charge alternativement l’enseignement dans deux classes .
Kadiatou a une licence en mathématiques, et ce qui lui plait dans son futur emploi "c’est de transmettre" mais comment ? Avec quels outils ? Quelle pédagogie ?
Question de méthodes
C’est l’une des sessions pratiques dispensées pendant cette formation. Comment, par exemple, initier des maternelles aux mathématiques, au comptage ?
L’objectif demandé aux futurs profs : c’est notamment de stabiliser les connaissances des petits nombres jusqu’à dix chez les enfants : leur apprendre à comparer, à décomposer et à recomposer avant de savoir compter.
"On met l’accent sur la maîtrise de la discipline, sur l’aspect didactique" souligne ce formateur, conseiller pédagogique départemental, "beaucoup d’entre eux viennent avec des méthodes mal comprises".
Comment préparer et conduire une classe, faire un cahier d'appel, gérer des conflits, connaître ses droits en tant que professeur ou même décrypter les acronymes parfois déroutants de l’Education Nationale ? Cette formation express sur quatre jours est censée permettre de répondre à toutes ces questions diverses et rassurer les nouvelles recrues.
150 personnes la plupart entre 25 et 35 ans – des primo-contractuels - participent cet été à cette formation." Ils passent deux jours à l'INSPE à Livry-Gargan et deux jours dans la circonscription de l'Académie (qui en compte 35) ou ils exerceront " précise Benoit Durille de la direction académique."
Source de stress pour les futurs enseignants, Benoit Durille se veut rassurant "tout le monde aura son affectation avant la rentrée".
Un bataillon de contractuels chaque année.
Les nouveaux professeurs des écoles, primo contractuels, auront pour certains la responsabilité d’une classe, d’autres tourneront sur deux ou trois classes.
Chaque année, pour le département de la Seine-Saint-Denis, qui dépend de l'académie de Créteil (6650 écoles) il faut recourir à des centaines de contractuels - des primo et des contrats renouvelés. Minimum niveau licence. Assez de nouveaux personnels en tout cas, cette année "pour subvenir aux besoins de l'enseignement dans le 1er degré" assure Benoit Durille, dans une académie très touchée par un manque de titulaires.
Un optimisme que ne partage pas du tout le premier syndicat du primaire, le SNUipp-FSU qui estime que quatre jours, ça ne fait pas une formation et que cela ne suffira pas à honorer la promesse émise par Pap Ndiaye, le ministre de l'Education nationale et de la Jeunesse de France d'"un professeur devant chaque classe dans les toutes les écoles de France."