Situé dans le village de Mons-en-Montois en Seine-et-Marne, le plus petit cinéma d'Île-de-France s'apprête à rouvrir ses portes à partir du mercredi 19 mai, pour le plus grand plaisir des fidèles clients.
Plusieurs mois d'attente pour rouvrir ses portes ? Michel Le Clerc en a vu d'autres, lui qui a mis 10 ans pour construire son cinéma, le plus petit de la région. "Les gens rigolaient, on nous avait dit : 'ça ne va pas marcher'. Cela a mis 20 ans !", plaisante celui qui est maintenant âgé de 91 ans.
Le cinéma est situé à 600 mètres de sa résidence dans une ancienne ferme briarde à Mons-en-Montois en Seine-et-Marne. Et c'est toujours lui qui est aux commandes. Il a préparé une sélection de huit films pour cette rentrée cinématographique. Mais ne pensez pas y voir le dernier Maïwenn. Michel Le Clerc préfère programmer des films rares, venus de Chine ou du Kazakhstan, et souvent anciens.
La jauge de 35% ne sera pas difficile à respecter selon lui. Dans la salle du cinéma, les 50 sièges ne sont jamais tous pris. "Certains font 80 km pour voir un film. Mais nous avons très peu de spectateurs. On a augmenté le nombre de films, à chaque fois nous avons environ 15, 16 personnes soit 150 à 160 par semaine", raconte Michel Le Clerc.
Plus qu'un cinéma, un lieu de rencontre
Les habitants des environs représenteraient moins de 10% des spectateurs, les autres venant de Paris ou de la région. On y vient pour y voir une programmation originale voire pointue mais aussi pour échanger.
"Souvent, nous sommes obligés de dire aux personnes de faire leur débat dans l'espace d'à côté pour pouvoir projeter un autre film", poursuit-il. Celui qui connait tous ses clients a vu depuis 20 ans de nombreuses relations se nouer. "Ce sont des gens qui se sont connus par hasard et s'invitent chez les uns et les autres. On a eu même eu des mariages. C'était assez compliqué, deux couples ont divorcé et se sont mariés avec leur partenaire respectif".
Ce Normand d'origine s'est installé il y a des dizaines d'années dans ce coin de Seine-et-Marne par hasard, parce que l'un de ses amis y avait acheté une maison secondaire. Il s'est alors passionné pour son histoire et a monté plusieurs associations avec sa compagne, dont ce cinéma (géré par l'association "11X20+14").
70 heures par semaine
Intarissable sur le cinéma, Michel Le Clerc passe 70 heures par semaine à établir le programme du lieu et à négocier les droits des films. "Cela va s'arrêter, j'ai 91 ans. J'ai peur et me demande si je vais tenir le coup", explique cet ancien réalisateur de documentaires pour TF1, France 2 et France 3.
Des bénévoles sont là pour l'épauler, notamment un projectionniste. Mais ce nonagénaire a encore des projets : "Le CNC est intéressé, ils voudraient que l'on fasse cela dans des petites villes. Actuellement, le choix est très mauvais dans les cinémas de mairies. Ils sont souvent en contrat avec de gros distributeurs qui leur impose des films", assène-t-il, sans fermer la porte à la proposition.