Découvert dans les années 1850 par un instituteur, ce site gallo-romain en Seine-et-Marne a été retenu comme projet "emblématique" pour l’édition 2023 du loto du patrimoine. Ce jeu porté Stéphane Bern vise à récolter des fonds pour rénover et restaurer des monuments en péril.
Le projet "emblématique" de la région Île-de-France retenu dans le cadre de la sixième édition du patrimoine 2023 est le site archéologique de Châteaubleau (Seine-et-Marne), annonce ce jeudi la mission "Patrimoine en péril". Situé à 30 km de Coulommiers, ce site regroupe plusieurs structures qui datent de l'époque gallo-romaine, mais aussi des céramiques, des pièces d’artisanat et d’autres objets. On y trouve deux "vestiges exceptionnels" : un théâtre gallo-romain et un sanctuaire des sources.
"Le dossier a été inscrit par l’association La Riobé, qui intervient sur le site depuis 70 ans, raconte Hervé Lancelot, délégué régional Île-de-France à la Fondation du Patrimoine. Le site a été découvert un peu par hasard dans les années 1850 par un instituteur qui voyait ses élèves lui rapporter des produits de fouille. Il a remonté jusqu’à Châteaubleau et a mené de premières fouilles. Mais c’est surtout à partir des années 1960 que des fouilles beaucoup plus étoffées et organisées ont été lancées."
Le site appartient à la communauté de communes de la Brie Nangissienne. A noter que le théâtre est "classé" au titre des monuments historiques depuis 1983. Le sanctuaire y est, lui, "inscrit". Fissures, déformations liées à des infiltrations d’eau, effondrements de murs et de voûtes… "Les vestiges du théâtre sont en péril", alerte la mission Bern.
"C’est un site archéologique, tout un tas de choses qui étaient sous terre sont fragilisées, explique Hervé Lancelot. Il va falloir consolider les vestiges du théâtre et du sanctuaire, il y a une vraie urgence. Il va falloir mener des travaux pour en assurer la bonne conservation, avec notamment la stabilisation des maçonneries. L’idée sera aussi de donner une idée aux visiteurs de ce qu’était le site à l’origine, en restituant partiellement ce que pouvait être par exemple le théâtre." Les travaux, qui doivent commencer en février 2024 et s’achever en mars 2025, s’annoncent "techniques".
"Un dossier assez typique de la variété patrimoniale" francilienne
Le montant de la dotation dont bénéficiera Châteaubleau sera annoncé quelques jours avant les prochaines Journées européennes du patrimoine, les 16 et 17 septembre. Dans le cadre de chaque édition du loto du patrimoine, 18 projets "emblématiques" sont retenus au total pour l’ensemble des régions de métropole et collectivités d’outre-mer. Un projet par département, dont l’annonce sera faite entre fin août et début septembre, est par ailleurs retenu.
A l’origine, les candidatures sont déposées sur le site de la mission Bern, puis elles sont instruites par la Fondation du patrimoine, avant un examen du ministère de la Culture et d’associations de soutien au patrimoine. Les projets sont enfin sélectionnés par un comité présidé par Stéphane Bern et composé de représentants de la Fondation du patrimoine, de la Française des jeux et du ministère de la Culture.
"Les recettes de soutien viennent d’une partie du montant qui est normalement dévolu à l’Etat dans le tirage du loto, qui a lieu la semaine des Journées du patrimoine, précise Hervé Lancelot. Il y également les jeux de tirages, qui durent en moyenne jusqu'en novembre-décembre."
D’après le délégué régional, Châteaubleau est "un dossier assez typique de la variété patrimoniale" francilienne, au-delà "des sites qui viennent d’abord à l’esprit quand on pense à l’Île-de-France, comme le domaine de Versailles, Vincennes ou Fontainebleau".
Hervé Lancelot cite d’ailleurs les autres projets "emblématiques" retenus lors des précédentes éditions du loto, lancé en 2018 : la Villa Viardot à Bougival (Yvelines), le Musée de l'atelier Rosa-Bonheur à Thomery (Seine-et-Marne), le Fort de Cormeilles (Val-d'Oise), les Écuries de Richelieu à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et enfin l’Église Saint-Louis de Villemomble (Seine-Saint-Denis). "Les dossiers les plus avancés sont la Villa Viardot, dont l'ouverture sera vraisemblablement cet été, avec notamment un centre musical, et l'atelier Rosa-Bonheur, note-t-il. Mais globalement ça peut prendre du temps. Une fois le dossier lancé, il y a tout à faire. Et face à l’état de péril, il faut mener des consolidations avant les travaux de rénovation ou de restauration."
"Le loto du patrimoine s’est inscrit dans le paysage"
Et alors qu’Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l'Autorité nationale des jeux (ANJ), a pointé du doigt lors d'une audition au Sénat début février un risque de "banalisation problématique du jeu d'argent" lorsque la stratégie publicitaire de la FDJ mobilise "des enjeux d'intérêt général consensuels" comme avec le loto du patrimoine, Hervé Lancelot répond aux critiques : "La campagne sur les jeux de grattage va être raccourcie. Avant, elle durait jusqu'à l’épuisement des stocks émis. Donc, on tient compte du régulateur. Mais pour autant la problématique des jeux et des addictions précède évidemment le loto du patrimoine."
Le délégué régional tire un bilan positif du dispositif : "Il y a eu des interrogations, mais le loto du patrimoine s’est inscrit dans le paysage. Il y a un effet moteur au-delà des travaux, ça sert à faire parler du patrimoine et à le rendre visible. Au niveau national, 230 millions d’euros ont permis d’aider les différents travaux depuis 2018. Il y a la dotation du loto mais il y a aussi les crédits publics qui sont augmentés, et enfin des collectes auprès de la population ainsi que des mécénats."
En Île-de-France, le dispositif a aidé au total 48 sites pour leurs travaux depuis 2018. "Aujourd’hui, plus de 54 % sont d’ores et déjà sauvés ou sur le point de l’être : 8 chantiers sont terminés et 18 sont en cours", affirme la mission "Patrimoine en péril".