Procès des attentats de 2015 : "J’étais persuadé que je ne sortirais pas vivant", raconte Michel Catalano

11e jour du procès des attentats de 2015 : la justice a entendu ce mercredi le témoignage de Michel Catalano. Ce gérant d’une imprimerie à Dammartin-en-Goële a fait face aux frères Kouachi, à la fin de leur cavale. Cinq ans après, l’ex-otage n’a rien oublié.

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Le procès des Attentats de 2015 s’est poursuivi, ce mercredi, avec le témoignage de Michel Catalano. Gérant d’une imprimerie située à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), il se trouvait dans son établissement quand Chérif et Saïd Kouachi – auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, alors recherchés par toutes les polices de France – ont décidé de s’y retrancher, deux jours plus tard.

Au 11e jour du procès, l’ex-otage, en costume bleu, était visiblement très ému, se tenant la gorge. A la barre, il a décrit son imprimerie, fondée en 2001, comme "l’entreprise de sa vie". Expliquant être sportif et "aimer la vie" à l’époque des faits, il a retracé cette journée du 9 janvier qu’il n’oubliera jamais. "J’étais persuadé que, quoiqu’il arrive, je ne sortirais pas vivant ce jour-là", a rappelé le survivant, qui s’est dit "vidé, exténué à chaque fois" qu’il doit raconter l’histoire. Arrivée des terroristes, assaut des forces de l’ordre… Avant son passage à la barre, Michel Catalano s’est confié à France 3 Paris Île-de-France. Tout a commencé alors qu’il se trouvait à la fenêtre de son établissement. "C’est là qu’ils sont arrivés, raconte l’ex-otage. Je regardais et puis j’ai vu le lance-roquettes et la kalachnikov."

"Connaissant ce qu’ils ont fait avant… Pour moi, je suis évidemment mort"

Le matin des faits, le gérant n'était pas seul dans l’imprimerie. Il a en effet demandé à son jeune collaborateur Lilan L. de se cacher. "Quand ils ont sonné… Je lui ai dit de se cacher et de couper son portable", explique Michel Catalano. Alors qu’il se dirige vers les terroristes, le gérant pensait mourir : "Pour moi, ça se termine là. Connaissant ce qu’ils ont fait avant… Pour moi, je suis évidemment mort."

A aucun moment, il ne révélera la présence de Lilian L., qui restera recroquevillé dans un meuble pendant des heures.
"A un moment donné, ils m’ont demandé mes origines, en me pointant la kalachnikov, en me demandant si j’étais juif", raconte le gérant, qui répondra qu’il est Français d’origine italienne. L’ex-otage évoque aussi la présence d’un dessin de pinup, sur lequel sont tombés les terroristes : "Ils m’ont dit que c’était un blasphème. Ils ont retourné la pinup. Et puis ils m’ont expliqué qu’ils allaient en finir ce jour-là et qu’ils allaient tuer le maximum de monde."

Michel Catalano a également été marqué par la vue des deux frères, suite à un affrontement avec les forces de l’ordre : "Quand ils sont remontés, ils avaient eu des échanges de coups de feu et ils étaient blessés… Ils avaient les yeux noirs. Ils respiraient forts… Sur le moment, il a fallu que je garde mon calme." L’imprimeur a ensuite fait un pansement à Chérif Kouachi, blessé au cou. Les terroristes accepteront peu après de le libérer.

"J’ai accepté que j’allais vivre avec ça tout le reste de ma vie"

Depuis, Michel Catalano vit avec le traumatisme de cette journée. Certains bruits sont encore "bien présents" dans son esprit : "Quand ils montaient les escaliers, comme ils avaient le lance-roquettes qui était accroché dans leur dos, ils tapaient sur la rambarde. Et ils avaient un pas lourd symptomatique, sur l’escalier métallique. Ça m’arrive de temps en temps, dans certains endroits, de reconnaître un bruit similaire."

"Ma femme et mes enfants, ma famille… Tous ces gens-là ont été particulièrement bouleversés par ce qu’il nous ait arrivé, souligne-t-il. Ce qu’on a vécu, c’est un tsunami dans la tête. Votre cerveau est dans tous les sens. Et à un moment donné, je ne savais plus ce qui était réel et pas réel. Il y a eu des périodes très difficiles. J’ai accepté que j’allais vivre avec ça tout le reste de ma vie."
"Pourquoi sont-ils arrivés là ? Comment sont-ils arrivés là ? Qui les a aidés ?" Même s’il est conscient qu’"un certain nombre de questions" resteront sans réponse, le gérant a des attentes vis-à-vis du procès : "C’est important pour un procès que les victimes soit présentes. C’est important pour notre reconstruction. Parce que c’est aussi un moment difficile à passer qui me sert à avancer. Pouvoir témoigner de ce que je vis depuis cinq ans. C’est pour dire que malgré tout, on continue à aller de l’avant. C’est ça qui est important."

Les frères Kouachi, eux, ont été tués par le GIGN, en fin d’après-midi. Les terroristes tentaient de sortir de l'imprimerie, en faisant feu sur les gendarmes.
Michel Catalano, ex-otage des frères Kouachi (portrait : F. Benbekai et P. Aliès)
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