La raffinerie pétrolière de Grandpuits reconvertie en plateforme "zéro pétrole"

Le groupe Total a annoncé aujourd'hui la reconversion de sa raffinerie de Grandpuits en Seine-et-Marne en une "plateforme zéro pétrole" d'ici 2024. Le groupe promet aucun licenciement mais supprime 150 postes. Les salariés de Grandpuits sont inquiets et les syndicats partagés.

"Une plateforme zéro pétrole" à Grandpuits. Voici ce qu'a annoncé aujourd'hui la direction du groupe Total lors d'un CSE central, le Comité social et économique qui s'est tenu à la Défense au siège social.

Total prévoit de transformer la plateforme pétrolière en quatre nouvelles entités industrielles : une usine de production de biocarburant destinée au secteur aérien prévue en 2024, une usine de recyclage de plastiques mise en service en 2023. Le site accueillera en outre la première usine européenne de PLA (acide polylactique), un bio-plastique fabriqué à partir de sucre ainsi que deux centrales photovoltaïques. Le groupe affirme investir 500 000 euros pour cette reconversion verte. L'arrêt du raffinage est prévu pour le premier trimestre 2021 et la fin du stockage de produits pétroliers fin 2023.
 

Pipeline vieillissant

"Cette décision de Total fait suite à l'audit mené pendant plusieurs mois sur le pipeline d'Ile-de-France (PLIF), qui relie sur 260 km Grandpuits au Havre et permet l'approvisionnement en brut de la raffinerie", peut-on lire dans le communiqué de la direction. Le pipeline est vieillissant malgré des investissements du groupe et il a connu plusieurs fuites en 2014 et 2019. "De cet audit, il ressort que le remplacement du PLIF est la seule solution pour revenir à un fonctionnement normal de la raffinerie, mais nécessiterait un investissement de près de 600 millions d'euros. Pour cette raison, compte tenu des orientations en termes de transition énergétique retenues par la France à horizon 2040, Total fait le choix d’arrêter le raffinage de pétrole et d’engager une transformation industrielle du site grâce à un programme d’investissement majeur", a expliqué la direction du groupe dans ce même communiqué. 

Pas de licenciements mais des suppressions de postes

Total assure que la reconversion n'entraînera "aucun licenciement grâce à des départs en retraite anticipés et des mobilités internes vers d'autres sites du groupe", peut-on également lire dans le communiqué. Le groupe prévoit de maintenir 250 postes sur les 400 que compte aujourd'hui la plateforme de Grandpuits.

Bernard Pinatel, directeur général de la branche Raffinage-Chimie de Total s’est voulu rassurant pour les entreprises prestataires : "Grandpuits restera un site industriel majeur qui s'appuiera sur le savoir-faire et la compétence de ses équipes, et dans lequel nos entreprises partenaires auront également toute leur place", a-t-il ainsi déclaré.
 

Véritable casse sociale selon les syndicats

Si les syndicats admettent peu ou prou la nécessité de la reconversion de la plateforme, ils sont partagés sur le volet de l'emploi. "Sur le bassin seine-et-marnais, cela va être un massacre", a déploré Adrien Cornet, travailleur et délégué CGT à Grandpuits, syndicat majoritaire. "Sur le zéro pétrole, nous nous attendions à un projet de transformation mais pour nous, l’investissement n’est pas au rendez-vous. On s’attendait à ce qu’ils investissent autant dans l’outil de travail que dans le pipeline. Et ce n’est pas le cas avec l’abandon du pipeline. Sur l’emploi, c’est une casse sociale sans précédent. Sur le site ça représente une perte de 250 emplois CDI et CDD compris et 400 pour les entreprises extérieures. Ici il n’y a que Total. Il n’y pas d’autres grosses industries pour faire travailler les prestataires. Et pour nous, les salariés, cela va finir en mutation forcée", a-t-il ajouté.

Les salariés sont pétrifiés.

Adrien Cornet, délégué CGT

Une AG d’informations auprès des salariés a eu lieu aujourd'hui à Grandpuits. Une autre est prévue demain après le CSE local qui se tient cet après-midi. La CGT l'affirme : "elle ne laissera pas passer des suppressions d'emplois" et annonce qu'elle va se mobiliser.

Kakim Bellouz, lui, est délégué central FO présent au CSE central. Il se dit mitigé. "Nous ne nous opposons pas à la transition écologique. On vit au XXIe siècle, on n’est pas déconnecté de l’environnement. On s’y attendait concernant Grandpuits". Contrairement à la CGT, il reconnaît néanmoins l’effort financier du groupe mais reste dubitatif concernant les emplois. "La direction met un billet sur la table non négligeable, un demi-million d'euros. Si on se compare à d’autres, aucune entreprise ne met 500 000 euros dans son usine aujourd’hui. Le point faible du plan, c’est l’emploi avec les 150 suppressions de postes annoncées."

Quand à la FCE-CFDT, elle s'est dite prête à discuter, à condition de rester "très prudents sur le volet social". "Il y a l'écologie responsable, et il y a aussi les salariés, a commenté à l'AFP Geoffrey Caillon, délégué syndical raffinage. Il faut trouver un équilibre juste."

Le groupe Total a assuré que l'approvisionnement en essence des stations service de la région et des aéroports ne serait pas impacté par cette transition environnementale.
 
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