Un réseau de corruption impliquant une greffière de la prison de Meaux en Seine-et-Marne, soupçonnée d'avoir délibérément commis des erreurs ayant permis de libérer des détenus impliqués dans le trafic de drogue, a été démantelé. Six personnes ont été mises en examen dans cette affaire.
Au total, six personnes, dont deux travaillaient au centre pénitentiaire de Meaux, ont été mises en examen mercredi "pour corruption active et passive par et sur personne chargée d'une mission de service public, escroquerie en bande organisée au jugement, détournement de la finalité de fichiers, association de malfaiteurs" en vue de délits punis de dix ans d'emprisonnement, selon un communiqué du parquet de Paris.
Après leur mise en examen par un juge spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée, ces trois hommes et trois femmes ont été présentés à un juge des libertés et de la détention, qui a examiné leurs dossiers à huis clos pour préserver le secret de l'enquête et la poursuite des investigations notamment."Tous ont été placés en détention provisoire", indique le parquet. Certains ont été incarcérés à Caen, Beauvais ou Fresnes dans le Val-de-Marne.
Une greffière impliquée
Parmi les trois personnes soupçonnées de corruption passive figurent, selon le centre pénitentiaire, une greffière en poste à Meaux, un intervenant en détention dans la même prison, un intermédiaire extérieur à Meaux.
Selon deux sources proches du dossier, au cours de l'année 2021, la greffière de l'administration pénitentiaire, âgée d'une trentaine d'années, est soupçonnée d'avoir modifié des fiches pénales et de ne pas avoir transmis des demandes, ce qui a eu pour conséquence de faire tomber les mandats de dépôt d'au moins deux détenus. Le centre pénitentiaire de Meaux précise "que si les décisions sont judiciaires, leur application administrative se fait localement via les greffiers".
"Cette affaire est à mettre en perspective", souligne Laure Beccuau, Procureure de la République, "avec des alertes déjà exprimées à plusieurs reprises au sein d'instances publiques et de colloques sur le risque de corruption au sein de nos propres institutions en lien avec criminalité organisée".
Trois "gros profils" d'un trafic de drogue
Les bénéficiaires ou potentiels bénéficiaires, mis en examen mercredi, sont trois "gros profils" du trafic de drogue, d'après une source proche du dossier. Parmi eux Firat C., né en 1987, était en détention pour direction de groupement ayant pour objet le trafic illicite de stupéfiants, un crime faisant encourir la perpétuité, selon une source proche de l'enquête. Et Ibrahim D. était en détention pour extorsion avec arme, association de malfaiteurs, séquestration, détention d'armes de guerre.
"Je regrette amèrement que la justice ait décidé de placer en détention mon client avant de procéder à des vérifications pourtant élémentaires qui étaient à leur disposition et qui auraient pu être faites depuis des mois", a réagi Me Sarah Mauger-Poliak, avocate d'un troisième mis en examen qui bénéficiait d'un aménagement de peine. Les autres avocats n'ont pas souhaité s'exprimer à l'issue de l'audience devant le juge des libertés et de la détention. Dans son communiqué, le parquet de Paris précise par ailleurs, que "l'instruction ne fait que commencer".