Validation du CDG Express : "Ce projet est pour les riches", critique la maire de Mitry-Mory

La justice a validé la création de la ligne ferroviaire entre Paris et l’aéroport de Roissy. La Ville de Mitry-Mory (Seine-et-Marne) avait attaqué l'arrêté préfectoral autorisant le projet à traverser des zones où vivent des espèces protégées.

"Le projet est justifié", d’après la Cour administrative d'appel de Paris. La juridiction, qui revient sur une précédente décision de justice, a validé ce jeudi la poursuite du chantier du futur train rapide CDG Express, entre la capitale et l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle.

L’arrêt "considère, contrairement à ce qu'avait jugé le tribunal administratif, que le projet est justifié par une raison impérative d'intérêt public majeur, permettant de déroger aux dispositions (...) du code de l'environnement concernant la protection des espèces animales", explique la Cour dans un communiqué.

"L'arrêt de la Cour confirme l'utilité du projet. Il confirme le cap que le gouvernement nous a fixé d'une mise en service de la liaison d'ici début 2027", a réagi Alexandra Locquet, présidente du Gestionnaire d'infrastructure CDG Express.

4,4 km de voie au niveau de Mitry-Mory

Le litige concernait plus particulièrement la portion de voies nouvelles qui s'étend sur 4,4 kilomètres au niveau de Mitry-Mory (Seine-et-Marne). La commune avait attaqué l'arrêté préfectoral autorisant le projet à traverser des zones où vivent des espèces protégées. Début novembre 2020, un jugement du tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis) avait initialement stoppé les travaux en annulant cette dérogation.

Les juges considéraient alors que l'infrastructure n'était pas "indispensable" au point de détruire la biodiversité sur les zones concernées. A noter toutefois que, dans les faits, les porteurs de projet avaient vite obtenu l'autorisation de reprendre le chantier en attendant la décision au fond.

A l'annonce de la validation du projet, Charlotte Blandiot-Faride, la maire PCF de Mitry-Mory, s'est dit "extrêmement déçue" par la décision de la Cour administrative d'appel de Paris : "En première instance, il avait été relevé que le projet n'était pas d'un intérêt public majeur. Ce qui venait corroborer les arguments que nous défendons depuis longtemps."

La maire de Mitry-Mory déplore "l'arrogance de ces puissants qui se fichent de nos territoires"

Dans le contexte de crise sanitaire, l’édile aurait espéré des moyens concentrés "sur le développement économique et le maintien de l'emploi", "et non pas perdus dans un projet comme celui-ci, qui d'ailleurs ne cesse de prendre du retard et dont la facture va lourdement s'allonger". "Notre priorité est au RER B, qui transporte un million de passagers par jour et qui subit de nombreuses nuisances à cause du projet, comme des arrêts de circulation pour permettre les travaux", explique la maire. Et ce "pour 15 000 hypothétiques clients par jour", déplore-t-elle.

"Aucun moyen de protection contre les nuisances sonores n’a été mis en place", ajoute Charlotte Blandiot-Faride. "On ne va pas baisser les bras. Nous allons faire le point avec nos conseils. Aujourd'hui on demande en tout cas que l'on respecte les riverains", indique-t-elle.

Et d’ajouter : "Ce projet est pour les riches, pour qu'ils aient toujours plus de facilités. Le CDG Express ne fait gagner que 10 minutes sur la ligne existante. Sauf que c'est un train fait pour ceux qui ont les moyens. A côté, nous, les banlieusards, pouvons circuler dans des rames qui ont 30 ou 40 ans. Mais nous, on peut attendre. C'est cela le mépris, l'arrogance de ces puissants qui se fichent de nos territoires et des riverains."

"On ne peut pas lutter contre l'artificialisation des sols et dire que protéger les espèces est une priorité absolue, et dans le même temps dire qu'il n'y a aucun problème à les détruire", a regretté Corinne Lepage, avocate de la ville.

La ville de Mitry-Mory a encore la possibilité de faire appel de la décision du jour en se pourvoyant devant le Conseil d'Etat. Cette action ne serait toutefois pas suspensive, et le chantier pourrait continuer.

"Le train des riches"

Dans un communiqué, le groupe "Gauche Communiste, écologiste et citoyenne" au conseil régional d'Île-de-France critique également un "train des riches qui ne sera ni populaire, ni utile, en concurrence avec les infrastructures du RER B et la ligne 17 du métro". "Ce chantier, estimé officiellement à 2,2 milliards d’euros et aux surcoûts latents, engendre d’ores et déjà une dégradation de la régularité du RER B... La régularité de la branche Mitry-Mory du RER B a connu une dégradation vertigineuse de 6,3 points de ponctualité en moins en 2021, plus forte baisse de toute l’Ile-de-France ! CDG Express vient ainsi annihiler les bénéfices des investissements réalisés sur cet axe depuis une décennie", pointe du doigt le groupe.

"Les milliards destinés à ce projet pharaonique pour créer un train réservé uniquement aux plus riches le sont au détriment de millions de voyageurs du quotidien et doivent être investis dans le RER B", en partie parallèle, a réagi l'adjoint à la maire de Paris chargé des transports, David Belliard (EELV).

Quant à Valérie Pécresse, présidente (LR) d'Ile-de-France Mobilités, elle a à nouveau demandé à l'Etat de donner la priorité aux travaux de rénovation du RER B, "afin de minimiser les interruptions de service pour les Franciliens".

Paris-Roissy en 20 minutes

Le chantier du CDG Express est piloté par un gestionnaire d'infrastructure détenu à parts égales par Groupe ADP, SNCF Réseau et la Caisse de Dépôts. La liaison, qui s’étend sur 32 km, doit relier directement en 20 minutes la Gare de l'Est et l'aéroport de Roissy, avec un train tous les quarts d'heure.

Le train sera exploité, une fois en service, par un attelage associant Keolis (groupe SNCF) et la RATP, le matériel roulant étant fourni par Alstom.

La mise en service du CDG Express est prévue début 2027, avec une pause du chantier pendant les jeux Olympiques de 2024. 

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