Saint-Denis et Pierrefitte-sur-Seine pourraient bientôt fusionner pour former une seule ville de près de 140 000 habitants qui relierait Paris au Val d’Oise. Les deux maires socialistes, Mathieu Hanotin et Michel Fourcade ont annoncé la nouvelle lundi soir aux élus de la majorité à l’occasion du bureau municipal hebdomadaire.
Maire de Pierrefitte-sur-Seine depuis 2008, Michel Fourcade (PS) l’assure : le projet de fusion avec Saint-Denis permettra d’améliorer la qualité de vie des populations. "C’est pouvoir leur apporter des équipements qui permettent aux enfants d’aller à l’école, d’aller au conservatoire, d’avoir des terrains de sport qui soient les mêmes qu’ailleurs et que la fiscalité soit aussi la même qu’ailleurs " explique l’édile.
Un argument qui n’a pas convaincu les élus de l’opposition. " Pierrefitte a un budget qui est très difficile à boucler et Saint-Denis a aussi un budget qui est difficile à boucler (…) donc en gros, on va faire le mariage d’un malade et d’un mourant ", estime Romain Potel, conseiller municipal à Pierrefitte-sur-Seine. "On va réduire les fonctionnaires et donc les services ", ajoute Farid Aid, lui aussi conseiller municipal de l’opposition.
Du côté de Saint-Denis, certains s’interrogent sur les raisons qui ont poussé les deux maires à envisager une fusion. Candidat à la mairie de Saint-Denis en 2020, Houari Guermat (UDI) avance des raisons purement électoralistes : " Tout le monde sait pourquoi Saint-Denis se tourne vers Pierrefitte. M.Hanotin a eu de très mauvais retours de sondages au dernier trimestre 2022. Il faut donc qu’il trouve des réserves de voix ailleurs que dans sa propre ville, or, on sait qu’à Pierrefitte les habitants votent socialistes". En 2020, Michel Fourcade (PS) avait recueilli 47,35 % des suffrages exprimés dès le premier tour des élections municipales.
Le député Stéphane Peu craint " un 49.3 local "
Pour les députés des 1re et 2e circonscriptions de Saint-Denis, cette annonce a été une surprise. "Ça sort de nulle part, ça n’a jamais été dans un programme électoral, ni en discussion (…). Je ne vois pas l’intérêt d’une fusion alors que Plaine commune fait le lien entre les deux villes " tance Eric Coquerel (LFI). Pierrefitte-sur-Seine et Saint-Denis appartiennent en effet à Plaine Commune. Un établissement public territorial (EPT), créé en 2016, qui regroupe neuf villes de Seine-Saint-Denis.
Stéphane Peu (PCF) craint, de son côté, un déni démocratique. Il souhaite que les habitants des deux villes soient consultés avant de sceller une potentielle fusion. "À partir du moment où on touche à la commune, qui est la brique démocratique de notre pays, on ne peut pas imaginer opérer une telle fusion sans mandat et sans consultation. On ne peut pas prendre une décision avec un 49.3 local ", alerte l’élu.
Mais Mathieu Hanotin n’envisage pas de consultation locale. " On le voit bien, tous les référendums qui sont organisés en cours de mandat réunissent très peu de participation. Quelle serait la légitimité d’un référendum auquel quelques pourcents des électeurs ont participé ? Le vrai référendum, le seul, ce sera celui de 2026 " justifie le maire de Saint-Denis. Les prochaines élections municipales se tiendront en effet en 2026.
En Seine-Saint-Denis, la fusion entre deux villes serait une première
En Seine-Saint-Denis, Pierrefitte-sur-Seine et Saint-Denis seraient les premières communes à fusionner. Dans le reste de l’Île-de-France, en revanche, le dispositif a déjà été approuvé. En Seine-et-Marne, par exemple, Ecuelles, Moret-sur-Loing, Episy, Montarlot et Veneux-les-Sablons se sont associés en 2017 pour devenir Moret-Loing-et-Orvanne. Autre exemple : depuis le 1er janvier 2019, Évry et Courcouronnes forment une seule et même commune.
Au total, en France, entre 2010 et 2022, 2536 communes se sont ainsi regroupées pour créer 787 nouvelles communes. Malgré tout, avec 34 955 communes au 1er janvier 2022, le nombre de villes en France reste plus important que dans les autres pays européens.