Le Centre ophtalmologique et dentaire du Blanc-Mesnil a été déconventionné par la Sécurité Sociale. Les soins y seront remboursés de manière très faible. Les associations de défense des droits des patients demandent à la Caisse d'Assurance Maladie d'informer davantage les habitants sur les solutions alternatives dont ils disposent désormais.
À partir de ce lundi, les patients du centre bénéficieront d'une couverture très amoindrie pour le remboursement des soins. À titre d'exemple, une consultation ophtalmologique coûtant 30 euros ne sera prise en charge qu'à hauteur de 1,22 euro.
Cet établissement a été déconventionné par la Sécurité Sociale à cause de pratiques frauduleuses. Pour Aurélie-Combas-Richard, directrice de la Caisse Prioritaire d'Assurance Maladie de Seine-Saint-Denis, cette décision a été prise après que "plusieurs signalements nous soient parvenus de la part des assurés. Une enquête a ensuite permis de confirmer nos soupçons". Cette sanction sera appliquée pour les cinq prochaines années sans sursis.
"Il faut informer les patients en leur donnant des solutions"
Du côté des associations de patients, cette décision apparaît comme "logique". Cependant, Sidi Mohammed Ghadi, vice-président de France Assos Santé Île-de-France, demande à ce que la CPAM informe le plus possible les patients du centre sur les solutions alternatives "Il faut que les gens puissent savoir où ils peuvent aller pour recevoir le même type de soin en étant remboursé", estime-t-il.
Il craint que les personnes soignées au sein du centre doivent "aller jusqu'à Paris pour recevoir les prestations dont elles ont besoin, si l'Assurance Maladie ne les informe pas sur les solutions qui existent près de chez eux". Celui-ci demande par exemple la mise en place d'un numéro de téléphone "pour permettre l'accès à des renseignements pour tous", ou encore l'envoi d'une lettre par courrier à toutes les personnes affectées. Il espère que la CPAM mettra en place une "politique d'aller vers", comme celle qui avait été déployée pour la vaccination contre le COVID.
"Il y a un risque de surcharges"
Sans ce travail d'information au public, celui-ci redoute que certains centres soient surchargés et que cela crée des retards ou même des annulations de soins. "C'est un département où les gens vont au centre le plus proche par le biais des transports en commun. De plus, leur situation financière fait qu'ils ont souvent besoin d'importants remboursements pour des soins parfois très onéreux. Ils doivent donc savoir à l'avance où ils peuvent se rendre pour être pris en charge de manière adéquate".
"Notre rôle est avant tout de contrôler"
De son côté, la CPAM "déconseille fortement" à ses patients de se rendre dans le centre déconventionné. "Nous ne pouvons que les inciter à se rendre dans l'un des 170 autres centres de santé du département ou dans un cabinet libéral", assure la directrice. Elle estime que l'objet de l'organisme est avant tout de contrôler les pratiques. "Notre but est de réguler les pratiques au sein des centres afin d'éviter ce genre de comportements des praticiens. Celui du Blanc-Mesnil était de ceux pour lesquels nous avons effectué un contrôle approfondi après plusieurs signalements."
Celle-ci reconnaît que le déconventionnement puisse être un frein au soin. En revanche, elle estime que "nous ne pouvons pas laisser des situations de fraude perdurer. Nous devions agir et prendre des sanctions lorsqu'elles s'imposent."
Un deuxième centre va subir le même sort à Trappes dans les Yvelines le 1er février prochain. Le montant total du préjudice des fraudes dans les 2 centres est de 1,5 million d'euros selon l'Assurance maladie.