Football : au Red Star, le rachat fait débat

Le club historique de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) est récemment entré en négociations afin de permettre le rachat du club par le fond d'investissement américain "777 partners". Une nouvelle qui ne plait pas aux supporters.

"Le Red Star va mourir à petit feu" : inquiets pour l'avenir du club francilien de National en passe d'être racheté par un fonds américain, des supporters ont manifesté leur colère vendredi, des débordements condamnés par la direction qui promet que le repreneur va "respecter l'ADN" du club.

La rencontre de troisième division entre le Red Star et Sète, vendredi soir, a été interrompue définitivement en cours de match après des jets de fumigènes sur la pelouse du stade Bauer, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), au terme d'une soirée marquée par les manifestations de fans opposés au rachat du club par le fonds d'investissement 777 Partners, basé à Miami.

"777 NOT WELCOME" ("Pas les bienvenus"), "777 OUT" ("Dehors")... Les pancartes et banderoles déployées par des supporters ultras parlent d'elles-mêmes : ces derniers ne veulent pas des futurs propriétaires, entrés début avril en négociations exclusives avec le président Patrice Haddad pour la cession de 100% des parts du 3e club d'Île-de-France, région qui regorge de talents mais n'est représentée au plus haut niveau que par le mastodonte Paris SG et le Paris FC (Ligue 2).

"Ce n'était une bonne soirée pour personne", reconnaît Vincent Chutet-Mézence, président du Collectif Red Star Bauer et porte-parole de la tribune Rino Della Negra. "Mais les craintes des supporters lorsqu'ils disent que leur club va mourir à petit feu, il est nécessaire de les entendre", reprend-il pour l'AFP, alors que le club francilien s'expose à des sanctions de la Fédération pour ce match interrompu.

"Coup de poker" ou "identité" respectée ?

Ce représentant pointe du doigt le choix d'un fonds d'investissement "basé à 5 000 kilomètres", un "coup de poker" qui risque selon lui de "coûter bien plus cher au club lors des prochaines années".

La direction du club a rapidement condamné les débordements par voie de communiqué, dénonçant un "comportement inédit et inacceptable". "On avait pris la peine d'ouvrir la porte au dialogue avec les représentants du collectif (...) mais l'invitation a malheureusement été déclinée", regrette Luc Pontiggia, le directeur général. "777 s'inscrit dans notre feuille de route et compte respecter l'ADN du club. C'était un point essentiel qu'il y ait une compréhension de l'identité et de la singularité du club."

Le fonds d'investissement 777 Partners, présent par ailleurs dans l'aéronautique ou les assurances, contrôle notamment les clubs du Standard de Liège (Belgique), du Genoa (Italie) et de Vasco de Gama (Brésil), en plus de détenir "une participation importante" dans le Séville FC, selon ses termes. Sollicité par l'AFP, 777 n'avait pas réagi dans l'immédiat.

"Ancrage local"

Son investissement, estimé entre 10 et 19 millions d'euros par la presse sportive et qui doit être validé définitivement dans les prochaines semaines, sera-t-il durable et s'inscrira-t-il dans l'ancrage local du club de Seine-Saint-Denis ?

Au sein du club, qui emploie une quinzaine de salariés hors du groupe professionnel, on assure que les équipes resteront en place, à commencer par le président Patrice Haddad, sous les commandes duquel le Red Star a goûté à nouveau au monde professionnel dans les années 2010.

La direction estime également que les évolutions récentes en termes d'infrastructures - nouveau centre d'entraînement à Marville, stade Bauer rénové à l'horizon 2024 dans le cadre d'un vaste projet immobilier - doivent s'accompagner d'investissements sur le sportif. Les supporters, de leur côté, sont plus mitigés. "Un repreneur pour injecter des fonds, oui, mais avec un projet sérieux" qui marque une volonté de "s'impliquer", pointe Vincent Chutet-Mézence.

Il faudra qu'on nous assure que quand on parle de valeurs, concrètement, cela signifie ancrage local, club formateur, tarification accessible à tous, démarche à moyen et long terme et surtout, une rencontre apaisée avec le collectif impliqué dans la vie du club.

Karim Bouamrane, maire (PS) de Saint-Ouen

Ces inquiétudes sont en partie partagées par la municipalité. "Si la manifestation de la colère est condamnable, les revendications sont légitimes", assure à l'AFP le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane, qui doit rencontrer les représentants de 777 Partners jeudi 21 avril. "Il faudra qu'on nous assure que quand on parle de valeurs, concrètement, cela signifie ancrage local, club formateur, tarification accessible à tous, démarche à moyen et long terme et surtout, une rencontre apaisée avec le collectif impliqué dans la vie du club", prolonge l'élu PS.

En attendant la finalisation de ce projet décrié, le Red Star - quintuple vainqueur de la Coupe de France entre 1921 et 1942 et fondé par Jules Rimet, l'inventeur de la Coupe du monde - reste englué en milieu du classement de National (11e place). Il jouera probablement la saison prochaine une quatrième année de suite au troisième échelon national, après sa descente de Ligue 2 en 2019. Sous bannière américaine ?

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