Sur les terrains de l'AS Bondy, Kylian Mbappé a tapé ses premiers ballons chez les jeunes. Jean-François Suner, l'ancien directeur sportif du club de Seine-Saint-Denis, revient sur les premières années de celui qu'il a vu grandir sur les terrains jusqu'à devenir l'un des meilleurs joueurs du monde.
Kylian Mbappé est désormais un joueur du Real Madrid. En début de semaine, l'enfant de Bondy a signé un contrat de cinq ans avec le club espagnol. Après 7 saisons avec le PSG, la star du football va connaître son troisième club professionnel.
S'il a démarré sa carrière chez les pros à Monaco, c'est à Bondy en Seine-Saint-Denis qu'il a fait ses premiers pas sur les pelouses lorsqu'il avait 6 ans et jusqu'à ses 14 ans. Jean-François Suner était directeur sportif de l'AS Bondy à l'époque, il se souvient d'un joueur en avance sur les autres, à l'aise sur le terrain et déjà passionné de foot. Entretien.
Lorsque Mbappé est arrivé dans votre club, est-il déjà un joueur à part ?
Jean-François Suner : On a tout de suite vu que Kylian avait quelque chose de spécial. Il est arrivé chez nous à 6 ans et techniquement, on voyait qu'il était au-dessus des autres. À la fois dans son intelligence de jeu et dans la conduite de balle. On restait cependant méfiant parce qu'on sait qu'en foot, un joueur peut stopper sa progression rapidement, mais Kylian n'a cessé de travailler pour s'améliorer.
De plus, il voulait jouer au foot tout le temps. Dès ses cinq ans, il accompagnait son père qui jouait en séniors chez nous en ayant son ballon au pied. S'il avait pu s'entraîner tous les jours, il l'aurait fait.
Comment avez-vous géré sa progression fulgurante ?
En le surclassant. J'étais entraîneur des débutants lorsqu'il est arrivé. Il n'est resté qu'un mois avec moi. On l'a tout de suite fait jouer avec les moins de 9 ans, dans l'équipe entraînée par son père. Le fait d'être surclassé lui permettait de progresser plus vite car il était confronté à des difficultés et des scénarios auxquels il n'aurait jamais fait face s'il avait joué contre les joueurs de son âge. On a continué à la faire jouer contre des plus grands jusqu'à son départ à Clairefontaine, le centre de formation de l'équipe de France à 14 ans.
Que ressentez-vous aujourd'hui ? Vous avez participé à sa formation et il intègre l'un des plus grands clubs européens. Est-ce une fierté ?
On est avant tout content pour lui. Jouer pour le Real a toujours été son rêve. Il a toujours eu l'ambition de jouer dans les grands clubs européens. C'est une fierté pour le club également de l'avoir formé et de voir son parcours.
De savoir qu'il fait partie des meilleurs joueurs du monde en ayant démarré chez nous, c'est un honneur. Aujourd'hui nous avons deux anciens Bondynois en équipe de France. Kylian et William Saliba qui joue à Arsenal dans le championnat anglais. Ce sont des exemples pour nos jeunes et des modèles d'espoir.
À ce propos, comment évoquer le succès de Mbappé auprès des jeunes du club ?
Sans en parler avec nous déjà ils en parlent entre eux. Ils savent que Kylian est passé par Bondy et ils sont fiers de dire qu'ils font partie du même club. L'objectif des dirigeants des clubs de jeunes qui sont aussi des éducateurs est de les encourager sur le terrain, mais également de leur faire comprendre que le plus important lorsqu'on est enfant, ce n'est pas le football, c'est l'école. Des joueurs comme Kylian, il y en a qu'un ou deux par génération, c'est rare.
Avec certains parents, on est obligés d'être honnêtes très tôt en leur disant : "Le football restera un loisir pour votre enfant et ne sera pas un métier." C'est pour cela qu'il faut rappeler aux enfants l'importance du travail à l'école. De plus, même s'ils font carrière dans le foot, elle ne durera pas plus de 20 ans donc il faut préparer l'après-carrière. Kylian a toujours su faire cela car ses parents n'ont jamais négligé l'école