L'immeuble serait-il "maudit"? Deux incendies, dont le premier criminel, ont frappé le même immeuble à Aubervilliers à un an d'écart. Les enquêteurs cherchent à déterminer l'origine du second, qui a fait deux morts samedi soir.
Le violent incendie s'est déclenché vers 20H00 dans une des cages d'escalier d'un immeuble en brique années 30 situé dans le centre d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).Il s'est propagé le long des couloirs en bois et sur toute la hauteur du bâtiment pour gagner la toiture.
Plus d'une centaine de pompiers ont lutté pendant près de trois heures avant de réussir à maîtriser les flammes, sous le regard angoissé d'une centaine de riverains attroupés.
Deux femmes, âgées de 30 et 40 ans, dont l'une était enceinte, ont trouvé la mort en sautant par la fenêtre pour échapper aux flammes, a expliqué un porte-parole des pompiers.
L'incendie a fait aussi quatre blessés graves, transférés dans un premier temps en civière dans une brasserie du coin de la rue, réquisitionnée par les secours.
Le pronostic vital de deux d'entre eux restait engagé dimanche, selon une source proche du dossier.
Les circonstances du départ du feu ne sont pas connues à ce stade de l'enquête, confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris, selon une source judiciaire.
L'immeuble, qui appartient à un propriétaire privé, est "bien connu des services de la ville pour des problèmes d'hygiène et de sécurité" et pour des cas de sur-occupation, a dit le maire Pascal Beaudet (FG) lors d'un point-presse.
Trois morts déjà l'an dernier
Sa façade était en cours de réhabilitation, ce qui a permis à certains occupants de s'échapper en s'aidant de l'échafaudage, tandis que d'autres sont descendus grâce à l'échelle des pompiers.
Un seul appartement était considéré insalubre, a précisé le maire, mais certains étaient squattés. Des voisins évoquent la présence de rats et de cafards, assurant que des fils électriques pendaient dans la cage d'escalier qui a pris feu.
Le porte-parole des pompiers a également évoqué un "facteur météo" qui pourrait ne pas être étranger à l'affaire, alors que la région parisienne connaît un épisode de fortes chaleurs.
Voisins et habitants, qui ont passé la soirée derrière un important périmètre de sécurité, rappellent avec colère et amertume l'incendie qui avait déjà endeuillé la rue en mars 2013, dans le même bâtiment.
Cet incendie avait fait trois morts, des migrants égyptiens qui occupaient un squat. Le principal suspect, un Égyptien d'une trentaine d'années, avait été mis en examen et écroué pour "assassinat" en mai 2013. Il est accusé d'avoir répandu et mis le feu à du liquide inflammable dans ce squat au cours d'une rixe entre occupants.
Après ce drame, "ils ont dit qu'ils allaient faire les travaux, ils ont fait juste la façade, en gros nous ce qu'on veut c'est la sécurité" dans l'immeuble, s'est insurgé un voisin.
"C'est un immeuble maudit", note désabusé un autre voisin, qui vit juste en face.
Une cinquantaine de locataires choqués ont été relogés temporairement dans un gymnase de la commune sous l'égide de la Croix-Rouge.