La liquidation judiciaire de l'enseigne Habitat actée par la justice

Le tribunal de Bobigny a prononcé ce jeudi la liquidation judiciaire d'Habitat, "sans maintien de l'activité de la société", selon une information de France 3 Paris Île-de-France. Cela en raison de ses graves difficultés financières, scellant le sort d'une enseigne qui a démocratisé le design pendant des décennies.

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Tout est allé très vite, moins de dix jours après le placement en redressement judiciaire de cette entreprise spécialisée dans l'ameublement et l'équipement de la maison qui emploie 383 personnes, les administrateurs judiciaires ont annoncé le 15 décembre en CSE (comité social et économique) qu'ils allaient demander sa liquidation, au vu de la situation particulièrement détériorée des comptes.

Huit jours après une audience au cours de laquelle il a entendu toutes les parties prenantes, le tribunal de Bobigny a prononcé sa liquidation judiciaire, "sans maintien de l'activité de la société". "Ce sera rupture de chaque contrat de chaque salarié et puis au revoir, c'est tout (...) J'ai commencé, dans ma tête, à me préparer", confie à l'AFP Youcef Toumert, cadre-salarié depuis 21 ans et membre CGT du CSE d'Habitat.

"Un contexte économique très défavorable"


Dans une lettre adressée à l'AFP mercredi soir, Thierry Le Guénic, le repreneur d'Habitat en 2020, admet ne pas avoir "réussi à relever ce challenge, tout comme les précédents actionnaires". 
Tout en défendant avoir pu éviter "tout plan social" et investi plus de 12 millions d'euros dans le numérique et l'ouverture de points de vente, Thierry Le Guénic concède que ses projets et ambitions "n'ont pas pu être réalisés dans un contexte économique très défavorable (...) et face à des résistances internes manifestes". Aujourd'hui, "une autre phase s'ouvre, et nous sommes désormais engagés pour aider à trouver toute solution de reclassement de nos collaborateurs", ajoute l'homme d'affaires.

L'enseigne, qui compte 25 magasins en France, a été fondée en 1964 par le designer britannique Terence Conran (décédé en 2020), avec l'objectif de proposer à un prix abordable des meubles et des objets de décoration à la fois sobres, épurés et modernes.

Habitat France emploie actuellement 315 salariés et avait généré en 2022 un chiffre d'affaires de 65 millions d'euros. La société mère, Habitat Design International, emploie 68 personnes et affichait en 2022 un chiffre d'affaires de 51,8 millions d'euros. Le 30 novembre, la direction du groupe expliquait pourtant que sa demande de placement en redressement avait "pour objectif de stabiliser la situation financière" de l'enseigne, qui "n'a jamais été profitable en France", et "d'assurer sa viabilité à long terme".

"Près de 9 millions d'euros d'acomptes"

Elle assurait alors "préparer un plan de redressement par voie de continuation" et affirmait que son "objectif principal était d'assurer le paiement de tous les fournisseurs et la livraison des commandes aux clients".

Mais une fois que les administrateurs judiciaires se sont plongés dans les comptes, ils ont rapidement constaté que "les conditions n'étaient pas réunies pour une poursuite de l'activité" et qu'il y avait "plus d'obstacles que d'opportunités", avait expliqué à l'AFP une source proche du dossier.

Cette source avait notamment indiqué que "près de 9 millions d'euros d'acomptes, selon de premières estimations", avaient été versés par des clients pour l'achat de meubles et autres produits. Des clients qui ont peu de chance de récupérer leurs commandes ou leur argent en cas de liquidation.

Des difficultés de longue date 

Les difficultés d'Habitat ne sont pas récentes. L'enseigne était déjà en perte nette lors de sa mise en vente en 2019 par son propriétaire de l'époque, le distributeur Cafom. Habitat avait précédemment appartenu au fonds d'investissement américain Hilco et à la famille suédoise Kamprad (également propriétaire d'Ikea).

En 2020, l'enseigne avait été rachetée par l'entrepreneur-investisseur Thierry Le Guénic. La même année, cet homme d'affaires avait racheté l'enseigne d'habillement Burton of London, placée en redressement judiciaire l'été dernier et qui n'a pas trouvé de repreneur.

M. Le Guénic avait également repris la marque de prêt-à-porter Paule Ka et celle de lingerie Maison Lejaby. Il faisait aussi partie d'un trio d'investisseurs, dont Stéphane Collaert, qui avait racheté en 2019 Chevignon à Vivarte.

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