Le maire communiste de Stains a fait "grève" mercredi pour protester contre la baisse des dotations de l'État, qui va, selon lui, durement affecter les habitants de cette commune parmi les plus déshéritées de Seine-Saint-Denis.
"J'alerte le gouvernement, et le Premier ministre en particulier: 'Ne laissez pas tomber les habitants des villes et quartiers populaires'", a lancé Azzedine Taïbi, entouré d'élus et d'habitants devant l'hôtel de ville de Stains, où seuls quatre ménages sur dix sont imposables et où le taux de chômage atteint près de 25%. Exceptionnellement, la mairie était fermée toute la matinée et les services municipaux tournaient au ralenti.
"Il faut que le gouvernement entende cette colère et comprenne que nous ne lâcherons rien", a ajouté le maire, ceint de l'écharpe tricolore. Selon ses calculs, cette commune de 35.000 habitants devrait perdre 3 millions d'euros de dotations de l'État d'ici à 2017, sur un budget de 51 millions d'euros. "Une ville comme Stains est déjà pauvre. Si on lui retire trois millions d'euros, alors, quoi? On va fermer la piscine et les enfants n'apprendront pas à nager? On va fermer le centre culturel et on n'ira plus au théâtre?" a lancé Maurice Amrein, habitant de 74 ans de la commune, venu soutenir le maire.
Moins de dotation, c'est moins d'investissement - notamment dans le secteur du BTP, pourvoyeur d'emploi local - et plus de chômage, a résumé Nicolas Perrot, adjoint au maire de l'Ile-Saint-Denis, une commune voisine qui a subi une baisse de 750.000 euros, soit le montant de l'investissement annuel.
Les "Plumés de l'austérité", un collectif d'habitants de l'Ile-Saint-Denis à l'origine de plusieurs initiatives décalées ces dernières semaines en Seine-Saint-Denis pour protester contre la baisse des dotations aux collectivités locales, était également venu apporter son soutien au maire. Le budget 2015 de l'État prévoit une diminution de 3,7 milliards d'euros de ses dotations aux collectivités locales (11 milliards d'euros d'ici à 2017).
Cette baisse a provoqué l'ire des élus locaux, notamment de maires communistes et écologistes de banlieue, qui font valoir que leurs villes ont des besoins spécifiques et dépendent plus que d'autres des aides de l'État. Cette réduction va plonger beaucoup de collectivités dans "l'impasse financière", selon un rapport sénatorial publié la semaine dernière.