Dans une pétition en ligne, un collectif d'enseignants, d'élus, et d'acteurs du monde sportif en Seine-Saint-Denis demande plus de moyens à l'Etat pour la pratique du sport à l'école, et en dehors. Ils pointent le manque et la vétusté des infrastructures sportives dans ce département qui accueillera les JO en 2024.
Les professeurs d'EPS de Seine-Saint-Denis donnent de la voix. Réunis en collectif avec des élus locaux, des parents d'élèves et des membres du sport associatif, ils ont lancé une pétition en ligne jeudi dernier. Leur but : "faire entendre les besoins d’investissements publics pour l'EPS et le sport associatif dans le 93."
Réduire les inégalités sportives en Seine-Saint-Denis
Sur le site Change.org, le Collectif Permanent de Défense et de Promotion de l'EPS, du sport scolaire et du mouvement sportif en Seine-Saint-Denis (COPER 93) en appelle au gouvernement pour "réduire les carences des équipements et des espaces sportifs" dans le département.
Le texte de la pétition fait notamment remarquer qu'en Seine-Saint-Denis, il y a 16 installations sportives pour 10 000 habitants. Bien loin de la moyenne nationale qui est de 50 équipements pour 10 000 habitants. "On manque cruellement de moyens pour faire cours", note Hugo Pontais, professeur d'EPS à Pantin et porte-parole du collectif. À un peu moins d'un an des JO de Paris, les signataires demandent "un plan d’investissements publics structurant pour la construction d’installations sportives."
"Il faut de nouvelles infrastructures qui permettent de réduire les inégalités dans la pratique du sport à l'école, mais aussi en dehors", insiste celui qui est également représentant syndical du SNEP-FSU. Il déplore le manque de moyens financiers des collectivités territoriales pour le sport.
"Là aussi, il y a une inégalité car toutes les villes ne sont pas logées à la même enseigne", selon cet habitant de Pantin. Un problème qui les empêche de "faire fonctionner le service public du sport", selon la pétition.
Enfin, les signataires demandent la mise en place d'un plan pour rénover les installations sportives du département. En moyenne, ils estiment qu'elles sont vieilles de "plus de 40 ans." Hugo Pontais note que "de nombreux professeurs d'éducation physique se plaignent de la vétusté du matériel."
"Les gymnases sont nos salles de classe"
À ce titre, le professeur d'EPS raconte que "dans les salles de sport que nous utilisons, il y a parfois des portes cassées, des douches qui marchent mal et des vestiaires délabrés ou encore des rats séchés au sol." Selon lui, cela force ses collègues à travailler dans de mauvaises conditions. "On a coutume de dire que les gymnases sont nos salles de classe. Or, on imaginerait mal un professeur de mathématiques faire cours dans une salle à 9 degrés l'hiver, ou encore un professeur d'histoire devoir marcher une demi-heure pour se rendre sur le lieu de son cours. Pour nous, ce sont des contraintes quotidiennes", pointe-t-il.
"Un accès inégalitaire au sport associatif"
En plus de l'EPS, les signataires dénoncent également des inégalités dans l'accès au sport au sein d'associations dans le département. "Il y a un vrai problème notamment en ce qui concerne le sport féminin et le handisport qui sont très peu mis en avant. Il faut que l'Etat donne plus de moyens aux collectivités pour encourager l'accessibilité des clubs sportifs.", dénonce le représentant syndical.
Autre inégalité soulevée par le collectif : l'accès peu répandu à des cours de natation pour les enfants. Le collectif écrit que le département compte 0,45 bassin pour 10 000 habitants, "soit moitié moins que la moyenne nationale." Conséquence : 40% des élèves ne valident pas le diplôme du "savoir-nager" en Seine-Saint-Denis.
"Seulement 10% de l'héritage olympique dédié au sport"
Cette pétition intervient à moins d'un an des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Depuis 2017, le gouvernement entend laisser en Seine-Saint-Denis un "héritage olympique" à l'issue des compétitions. Le porte-parole du collectif craint que seulement une infime partie de cet héritage ne soit dédiée au sport.
"En réalité, seulement 10% du budget de cet héritage sera dédié au sport. Bien sûr, il y aura la rénovation des piscines, et d'autres initiatives, mais la plupart du temps cela ne concernera que de l'aménagement urbain, c'est dommage." Le porte-parole espère que cet héritage "ira au-delà des enjeux de communication, car il faut vraiment donner un élan à la pratique sportive dans le département."
"Le département soutient les rénovations d'équipements sportifs"
De son côté, le département de Seine-Saint-Denis assure soutenir "la rénovation des équipements sportifs par les collectivités territoriales", explique Zainaba Said Anzum, élue déléguée en charge des sports au conseil départemental.
En ce sens, le conseil départemental a lancé depuis quelques années un plan de rénovation et de construction d'espaces sportifs afin de "permettre à chacun de pratiquer le sport au niveau souhaité", selon l'élue.
Pour encourager la pratique du sport chez les collégiens, le département a lancé en 2022 le Pass Sport pour les élèves de 5ème. Un coupon de 100 euros pour les aider à s'inscrire dans les clubs sportifs du département. Une façon de "lutter contre le décrochage sportif que l'on observe autour de 12 ans", indique Zainaba Sad Anzum.
Pour la Seine-Saint-Denis, la région Île-de-France prévoit le lancement de deux opérations dans le cadre du plan "équipements sportifs dans le 93" dans les lycées d'ici fin 2023. Il s'agit de la rénovation de deux gymnases respectivement situés à Saint-Denis et Saint-Ouen.