Rentrée scolaire 2023. "Nos enfants ne sont pas des statistiques" : à Pantin, des parents d'élèves s'opposent à la fermeture d'une classe, quelques jours après la rentrée

Ce lundi, des parents d'élèves se sont rassemblés devant l'école Paul Langevin à Pantin en Seine-Saint-Denis. Ils protestent contre la fermeture d'une classe de CE1 et craignent notamment qu'elle entraîne une surcharge dans les autres classes.

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"C'est une situation compliquée." Anne Fénot accuse le coup. Cette maman d'une élève de CE1 à l'école Paul Langevin de Pantin en Seine-Saint-Denis a appris ce vendredi que la classe de sa fille allait fermer la semaine suivante, juste quelques jours après la rentrée scolaire.

"Dès ce jeudi, elle sera dans une autre classe. On savait que cela devait arriver, mais on n'est seulement une semaine après la rentrée, et l'école nous annonce cela dans le carnet de liaison. Cela reste difficile à gérer", déplore-t-elle. Ce lundi matin, les parents d'élèves étaient mobilisés devant l'établissement pour exprimer leur mécontentement.

"On ne sait toujours pas comment nos enfants seront répartis et nous n'avons eu aucune explication sur les raisons de cette fermeture", explique la maman. Selon la représentante des parents d'élèves de l'école, la fermeture serait due à une différence entre le nombre d'élèves en juillet dernier et celui de la rentrée. "Il y a 27 élèves de moins. Cela correspond à l'effectif d'une classe, donc le rectorat estime qu'il y a une classe en trop", explique Claire Prigent.

Au mois d'août dernier, le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal avait annoncé que les classes de CP et CE1 seraient plafonnées à 24 enfants à la rentrée. "Dans notre école, on craint que des enseignants se retrouvent avec des classes à 25 ou 26 à cause de cette fermeture", s'inquiète Anne Fénot. "Des classes à 22, c'était trop beau ?" et "nos enfants ne sont pas des statiques", pouvait-on notamment lire sur les pancartes. Le député LFI de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud était présent lors de cette manifestation.

D'après Claire Prigent, représentante des parents d'élèves, la restructuration des classes va créer une classe de CE1 à 26 et une classe de CP à 25. "C'est trop et cela augmente par ricochet le nombre d'élèves en CE2, alors que ces enfants ont déjà souffert du manque d'enseignement l'année dernière", affirme-t-elle.

De son côté, Anne Fénot affirme qu'aucune information n'a été donnée aux parents de la classe en question concernant la dispersion de leurs enfants dans d'autres classes. Les parents d'élèves réunit en collectif craignent que le plafonnement des effectifs "ne concernent pas la Seine-Saint-Denis ".

Crainte de retards sur les savoirs fondamentaux

Cette surcharge des classes va nuire à la qualité des apprentissages selon Caroline Marchand, co-secrétaire départementale de la FSU-SNUIPP 93. "Lorsque vous avez trop d'élèves dans une classe, les enseignants ont moins de temps à accorder à chacun des enfants individuellement. Cela crée des retards dans l'apprentissage des savoirs fondamentaux comme la lecture ou l'écriture pour certains", estime-t-elle.

Les parents d'élèves partagent cette inquiétude. "Dans ces conditions comment mettre le paquet sur les savoirs fondamentaux comme promis par le nouveau ministre ?", demandent-ils dans un courriel adressé au Rectorat de Créteil, dont France 3 Paris Île-de-France a eu connaissance.

Au-delà de la transmission des savoirs, Caroline Marchand estime qu'avec des classes surchargées, les enseignants "ont moins de temps pour les élèves ayant des besoins spécifiques". Elle cite par exemple les enfants en situation de handicap. "Les enseignants ne bénéficient pas tous de l'aide d'une AESH, et doivent adapter leur fonctionnement en conséquence afin que chaque élève ait un enseignement adapté à ses besoins. Dans des classes à gros effectifs, c'est plus compliqué."

Des fermetures dans d'autres villes

La situation de l'école de Pantin n'est pas isolée en Seine-Saint-Denis. Depuis la rentrée, 29 classes de maternelles ou primaires ont dû fermer leurs portes dans le département. 30 ont été ouvertes. "Il y a des situations comme celle-ci à Rosny-sous-Bois ou encore à Bagnolet", selon la représentante syndicale.

D'après Alixe Rivière, porte-parole et vice-présidente de la Féderation des Conseils de Parents D'élèves (FCPE) 93 ces fermetures "répondent à une logique strictement comptable sans prendre en compte le bien-être des enfants à l'école."

Selon Caroline Marchand, ces fermetures émanent en premier lieu d'un manque de moyens dans le département. "Il y a beaucoup de problèmes concernant les effectifs d'enseignants. La Seine-Saint-Denis emploie actuellement 80 contractuels dans le premier degré. Des stagiaires sont laissés seuls devant des classes alors qu'ils devraient être accompagnés. Enfin, dans les zones Réseau d'Education Prioritaire, les REP, il faudrait deux enseignants par classe en CP et CE1. Ce n'est pas toujours le cas. Selon elle, il faut "éviter les fermetures dans les classes qui approchent du seuil d'encadrement." À savoir, 24,9 élèves par classe hors REP+.

Au nom du syndicat, elle demande des "effectifs allégés dans toutes les classes. 20 élèves par classe en REP et 23 en dehors". Le manque de moyens et de professeurs touche également l'académie de Créteil dans le second degré en collège et lycée.

Selon une enquête publiée ce lundi par le SNES, il manque "au moins un professeur dans 60% des collèges et lycées". Aucune autre académie n'affiche un pourcentage aussi haut. L'académie de Créteil regroupe les établissements de Seine-Saint-Denis, de Seine-et-Marne et du Val-de-Marne. 

Pour les parents de l'école Paul Langevin, une nouvelle mobilisation est prévue ce mardi matin à 8h30 devant l'école. Ils espèrent pouvoir empêcher la fermeture "même si l'espoir est infime", déplore Anne Fénot.     

Contacté, le rectorat n'a pas répondu à nos sollicitations.

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