Seine-Saint-Denis : l'éco-pâturage s'invite au pied des immeubles

Les bergers urbains et leurs moutons étaient en pâturage itinérant en Seine-Saint-Denis samedi 20 août. Une alternative écologique à la tondeuse que les bergers aimeraient voir se développer davantage vers de l'agriculture de production en ville.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Les habitants de Seine-Saint-Denis ont pu faire de curieuses rencontres samedi 20 août. Un troupeau d'une trentaine de moutons, et leurs bergers, a déambulé dans les rues de La Courneuve et d'Aubervilliers. Au cours de ce "pâturage itinérant" de quinze kilomètres, les animaux se sont ainsi substitués aux tondeuses et aux désherbants.

Julie et Guillaume sont les co-fondateurs de l'association des Bergers urbains. Depuis 2012, ils exercent ce métier un peu particulier. Huit fois par mois, ils emmènent ce troupeau - qu'ils louent à la bergerie de Clinamen du parc Georges Valbon - paître au pied des immeubles du département. Les ovins y trouvent une nourriture variée selon eux. 

Les bergers urbains veulent agrandir leur troupeau

Les deux bergers sont rémunérés par des collectivités, des bailleurs sociaux privés ou publics, ou encore par des collectivités territoriales afin d'entretenir les espaces verts, en complément de la tonte mécanique. Mais économiquement, Guillaume explique ne pas s'y retrouver. "Si on voulait concurrencer la tondeuse et vivre avec le SMIC, il faudrait qu'on travaille avec 150 brebis allaitantes par berger donc 300 brebis en tout", appuie-t-il. "Depuis cinq ans, on galère de plus en plus", confie le berger urbain. 

Guillaume dit avoir "l'impression de servir de caution développement durable" avec des "moutons jardiniers". "Tout le monde aime l'image du mouton mais personne ne veut l'inscrire à l'échelle de la ville, et donner de la place à de l'agriculture de production en ville", souligne-t-il. Il souhaiterait qu'une vraie activité se développe avec des filières viande, lait et laine. "Avec 300 moutons, on pourrait 5 000 repas par mois aux cantines scolaires ou aux Ehpad [d'Île-de-France]", estime-t-il. 

Tests et étude sur les métaux lourds

Belaïde Bedreddine, adjoint au maire de Montreuil, et vice-président du Conseil Départemental du 93 en charge de l'écologie urbaine, est conscient des attentes des bergers urbains. "Ça fait longtemps qu'on discute ensemble et je sais que c'est long pour eux. Ils aimeraient que plusieurs bergeries se développent. [...] Ils voudraient sortir du cadre associatif et avoir un troupeau reconnu par la chambre d'agriculture", explique-t-il. Mais il s'interroge sur la possibilité de consommer la viande de ces brebis. "Si elles vont brouter quelque part où il y a des métaux lourds, est-ce que ça se retrouvera dans la viande ?", se demande l'élu.

En 2018 et 2019, l'association Clinamen a fait pratiquer des tests sur un échantillon de poils de moutons de son troupeau par Zone Verte (un groupement d'interventions et d'entraide fondé par des vétérinaires). Les résultats attestent de la non présence de métaux lourds sur les poils des animaux. Depuis 2021, les Bergers urbains se sont également engagés dans un protocole de recherches sur les polluants en systèmes ovins innovants en Ile-de-France avec l'Ecole nationale vétérinaire d'Alfort et l'INRAE (l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement).  

Agrandissement de la bergerie de Clinamen

Le département va financer l'agrandissement de la bergerie de Clinamen au parc Georges Valbon. "A l'automne, les discussions vont commencer sur la manière d'aménager, et d'agrandir la bergerie. On va voir comment augmenter leur cheptel et les aider. Il devrait y avoir minimum 100 moutons mais on doit étudier l'impact que cela peut avoir sur les promeneurs", détaille-t-il. 

Le département dispose de ses propres moutons et chèvres dans plusieurs parcs mais ceux-ci ne participent pas au pâturage itinérant. Pour Belaïde Bedreddine, l'éco pâturage est "plus naturel et moins traumatisant pour les milieux". Il s'inscrit dans "une volonté de gérer les parcs de matière alternative en laissant la nature se faire", appuie-t-il. Selon lui, cette alternative apporte également "du lien social, un moment de rencontre avec la nature".

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information