Stéphane Troussel retrouvera jeudi son siège de président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, dernier département à gauche de la région. Il revient sur la victoire de l’Union de la gauche et des écologistes, l’abstention qui sévit dans son département et les défis à venir.
"Ce soir, le département de la Seine-Saint-Denis reste à gauche. C'est une bonne nouvelle pour les habitant.e.s car cela va permettre de continuer à agir pour l'égalité, pour l'environnement, la jeunesse", s'est félicité dimanche soir à l'issue du second tour, Stéphane Troussel, le président sortant du conseil départemental de Seine-saint-Denis.
Avec 54,96 % des voix, les listes d'Union de la Gauche solidaire et écologiste sortent victorieuses des élections départementales. Les différents partis rassemblés, le parti socialiste, EELV, Génération.s, la Gauche Républicaine et Socialiste, les radicaux de gauche, les écologistes et le parti communiste s'imposent dans 13 cantons sur les 21 que compte le département.
Jeudi 1er juillet, Stéphane Troussel devrait être élu pour un second mandat à la tête du département. Il nous a accordé une interview.
Votre stratégie d’union a payé !
Le résultat des élections démontre que l’union de la gauche et des écologistes est la seule alternative. Pour gagner, la gauche doit savoir s’unir sur des idées, au-delà des querelles d’appareils et de partis politiques.
Bastion communiste, le canton d’Aubervilliers a pourtant été perdu comme la ville l’an dernier aux élections municipales ?
Je suis triste pour Aubervilliers mais c’est la démonstration que quand la gauche n’est pas unie, elle ne peut pas l’emporter. Il faudra en tirer des conclusions pour l’avenir et continuer le rassemblement PS-PCF pour les prochaines élections. Un rassemblement qui pourra s’élargir. Et surtout il faut avoir une offre politique qui répond à la demande. C’est une leçon pour nous tous.
Cette union va-t-elle se poursuivre dans l’hémicycle ? Votre majorité est-elle solide ?
Je n’ai aucun doute sur la solidarité et la solidité de la majorité départementale. La majorité sort renforcée. Dans le mandat précédent, j’avais une majorité plus étroite et pas une seule de mes délibérations n’a pas été votée.
Je serai fidèle à l’offre politique que nous avons faite ensemble dans les cantons
Je serai fidèle à ce que nous avons porté ensemble pendant la campagne électorale dans plus de deux tiers des cantons en s’alliant ou en se désistant pour permettre la qualification et la victoire au second tour comme à Tremblay-en-France ou à Noisy-le-Grand.
Comment analysez-vous l’échec de l’Union de la gauche et des écologistes aux régionales ?
Aux élections régionales, l’union du PS, PCF/ LFI et d’EELV a été un échec mais il a redonné de l’espoir. En Seine-Saint-Denis, la liste menée par Julien Bayou avec Clémentine Autain et Audrey Pulvar est arrivée nettement en tête.
La dynamique de rassemblement doit être construite dans la durée.
La dynamique de rassemblement doit être construite dans la durée. Elle ne se décrète pas en une semaine, entre deux tours d’une élection. La constitution d’un bloc social et écologiste doit se faire avant le premier tour.
Le Val-de-Marne a basculé à droite, vous êtes le dernier département à gauche en Île-de-France, cela vous confère-t-il une statut particulier ?
J’ai beaucoup de tristesse pour Christian Favier, (Ndrl, président sortant communiste du Val-de-Marne battu dimanche). Il a été un grand président pour le Val-de-Marne. C’est une personnalité reconnue et appréciée. La perte du Val-de-Marne est triste pour le PCF mais aussi pour toute la gauche. Ce sont également des inquiétudes et des interrogations par rapport aux politiques publiques à venir.
Cela me donne également une responsabilité particulière pour porter le message, les exigences et les attentes des quartiers populaires
S’agissant de cette nouvelle situation politique en Île-de-France, seule la Seine-Saint-Denis reste à gauche mais il ne faut pas oublier Paris et cela me confère une responsabilité supplémentaire vis-à-vis des quartiers populaires, vis-à-vis de la jeunesse, vis-à-vis de la Seine-Saint-Denis qui a une voix singulière. Cela me donne également une responsabilité particulière pour porter les messages, les exigences et les attentes des quartiers populaires de l’Île-de-France et peut-être du pays entier d’une certaine manière.
En Seine-Saint-Denis, avec 73, 53 % au second tour, l’abstention bat des records. Quelle est votre analyse ? Comment la combattre ?
Ce record d’abstention nous impose à tous une grande humilité. Mais je voudrais faire remarquer à tous les observateurs que l’abstention est très forte chez les jeunes notamment et dans les milieux populaires. Deux visages de la Seine-Saint-Denis. Sur les listes électorales de Seine Saint-Denis, il y a une forte proportion de jeunes issus des quartiers populaires et de fait il y a un effet mécanique. Il faudrait pouvoir comparer quel est le taux d’abstention chez les jeunes en général en France avec le taux chez les jeunes en Seine-Saint-Denis.
Donner la conviction aux jeunes des milieux populaires en particulier que le vote sert à quelque chose, qu’il est utile et que cela peut changer la vie quotidienne.
Néanmoins, il ne faut pas négliger cette alerte qui est profonde. Elle oblige la gauche à construire une offre politique alternative pour redonner de l’espoir et donner la conviction aux jeunes des milieux populaires en particulier que le vote sert à quelque chose, qu’il est utile et que cela peut changer la vie quotidienne.
Je suis favorable à la comptabilisation du vote blanc depuis le longtemps mais la question n’est pas à l’échelle d’une technique ou d’un outil, elle est politique. Il faut que l’offre politique que nous avons à proposer aux jeunes soit suffisamment attractive et donne la conviction que l’on va changer les choses sur les salaires, sur le logement. La crise du logement est terrible dans les quartiers, comme le niveau de rémunération. Notre offre politique doit apporter des réponses à ses questions. Nous devons faire des propositions ambitieuses et audacieuses.
Quels sont les dossiers prioritaires pour le département ?
Sur le haut de la table, il y a la poursuite des négociations que j’ai engagées avec l’État sur la renationalisation du financement du RSA, avec ce que cela signifie pour doubler nos crédits d’insertion.
Je souhaite également expérimenter le RSA jeunes sur une période donnée pour un nombre donné de jeunes. Ce qui pourrait apparaître comme un embryon du RSA jeunes, et en faire un levier de mobilisation politique pour que le gouvernement élargisse le RSA aux jeunes
Je pense également à certaines mesures comme le Pass' Sport pour aider les collégiens et les clubs sportifs afin de favoriser la pratique sportive et soutenir nos clubs qui ont été très affaiblis par la crise sanitaire.