Un homme est décédé ce mercredi 19 juin à Aubervilliers suite à un tir mortel de la police municipale. Il avait agressé au tournevis d’un agent de propreté de la Ville. Le policier a été placé en garde à vue.
Lors de cette agression survenue ce mercredi matin, un agent de voirie et un policier ont été blessés mais leur pronostic vital n'est pas engagé. L'auteur de l'agression a été tué par un policier municipal qui a fait usage de son arme à deux reprises, selon une source policière.
"Ce matin à Aubervilliers, un agent d'entretien a reçu plusieurs coups de tournevis portés par un individu. Un policier local, cherchant à intervenir, a également été blessé au bras. Un agent de la police municipale sur place a fait usage de son arme", a décrit cette source.
La garde à vue du policier municipal a été prolongée avant d'être levée dans la soirée de jeudi. Ce vendredi, le procureur a annoncé par voie de communiqué qu'une information judiciaire avait été ouverte pour "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l'autorité publique, afin que les investigations se poursuivent sous l'autorité d'un juge d'instruction."
Décès de l'agresseur au tournevis
Selon le procureur de Bobigny, "les forces de l'ordre ont été appelées mercredi à 8 heures 20, pour un homme qui avait porté cinq coups de tournevis à un agent de propreté de Plaine Commune Habitat."
En intervention sur les lieux, l'un des policiers nationaux a été pris à partie par l'homme qui "tentait de lui porter des coups à travers la fenêtre" du véhicule et "parvenait à le blesser au niveau du bras", poursuit le ministère public.
Également présent sur place, "un policier municipal de la commune d'Aubervilliers patrouillait quant à lui avec deux collègues. Dans des circonstances qui restent à déterminer, le policier municipal tirait en direction de l'auteur, le touchant au niveau du thorax", ajoute le procureur.
L'auteur des coups de tournevis a été touché au thorax selon le parquet de Bobigny. Il est décédé malgré l'intervention du SAMU quelques minutes après le tir du policier.
L'agent de propreté et le policier national sont sortis de l'hôpital, a précisé le procureur.
Le policier municipal placé en garde à vue
Deux enquêtes ont été ouvertes. Une première confiée à la sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis pour violences volontaires avec arme sur personne chargée de mission de service public et violences volontaire avec arme sur personne dépositaire de l'autorité publique.
Une autre enquête a été confiée à la sous-direction de la police judiciaire de Seine-Saint-Denis pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner par personne dépositaire de l'autorité publique. C'est dans le cadre de cette dernière que le policier municipal a été placé en garde à vue.
"Au moment où ils le tuent, il n'était pas armé"
À la mi-journée, un large périmètre de sécurité a été déployé autour des lieux du drame, a constaté une journaliste de l'AFP sur place. Devant l'un des rubans de la police, une vingtaine de membres de la communauté ivoirienne, à laquelle le défunt appartenait, se sont rassemblés, effarés par la nouvelle, refusant de croire que leur proche, prénommé Yaya et qui vivait en France depuis une vingtaine d'années, ait été agressif.
"C'est un frère à nous, il est malade. Au moment où ils le tuent, il n'était pas armé", avance Abdou Marico, qui dénonce un "assassinat".
Depuis sept ans, l'homme vivait dans sa voiture, habituellement stationnée dans une rue calme et récemment retirée par la police municipale. "Depuis quelques jours, il n'était pas bien, il n'avait pas où dormir. Il était perturbé, on lui a dit qu'on allait lui trouver une autre voiture", témoigne un proche qui a souhaité conserver l'anonymat, comme la plupart des autres personnes présentes.
"Tous les policiers d'Aubervilliers savent qu'il est fou", rapporte Abou Doumbia, membre de l'Association des jeunes ivoiriens de France. Des membres de l'association ont annoncé vouloir porter plainte, dénonçant l'usage de l'arme à feu. "On peut arrêter quelqu'un avec un tournevis", s'emporte un homme. "Ils ont le matériel pour faire ça", abonde un autre. "Il ne méritait pas ça : il y avait d'autres moyens de l'arrêter", déplore une femme âgée d'une vingtaine d'années qui assure, tout comme d'autres riverains rencontrés par l'AFP, ne s'être "jamais sentie en danger face à lui".
Une agression condamnée par la mairie
"Nous condamnons fermement cet acte"
Karine Franclet, maire d'Aubervilliers
Les faits sont intervenus lors d'une opération "Grande Lessive" organisée chaque mois par l'intercommunalité Plaine Commune, dont fait partie Aubervilliers, pour procéder à un grand nettoyage des rues en enlevant les véhicules.
"Nous condamnons fermement cet acte de violence inacceptable qui a conduit à cette agression dramatique. Toute agression contre ceux qui s'occupent de notre ville est intolérable", a réagi la maire UDI de la ville, Karine Franclet.