Dans un courrier envoyé au procureur de la cour d’appel de Versailles, l’avocat de la famille Maître Yassine Bouzrou demande que l’enquête soit confinée à une autre juridiction. Concernant cette affaire, il doute de l’impartialité de la justice au tribunal de Pontoise.
Rappel des faits
Le 6 octobre 2019, Ibrahima Bah, 22 ans décède des suites d’une chute de moto à Villiers-Le-Bel en marge d’un contrôle de police. Trois policiers ont tenté de l’intercepter en bloquant la route à l’aide de leur fourgon. Le jeune homme qui portait un casque a percuté un poteau métallique. Il est mort une heure plus tard. Le lendemain, le frère d’Ibrahima, Diané dépose une plainte auprès du tribunal de Pontoise pour homicide involontaire. Un juge d’instruction est nommé. Neuf mois plus tard, l’enquête n’a guère avancé.Le tribunal de Pontoise dans le collimateur
Contacté par téléphone, Diané, le frère d'Ibrahima s'étonne de la lenteur de la procédure.On en est arrivé là car il n’y a pas de justice
"On veut connaître la vérité. Comme l’a dit maître Bouzrou, des élèments viennent entacher et nuire à la quête de justice et de la vérité. Il faut réellement un dépaysement de l’enquête. La mort de mon frère ne date pas de quelques semaines, mais de plusieurs mois. En 9 mois, il y avait amplement le temps de faire bien des choses", regrette t-il.
Et de poursuivre : "Je pense que les agents misent sur le fait que personne ne va savoir ce qu’il se passe, que personne ne s’intéresse à Ibrahima mort à Villiers-Le-bel. Ils se disent que cela va rester en catimini et que personne ne va leur faire des reproches, ou les sanctionner ou demander justice. Ils comptent sur le fait que notre parole n’existe pas aujourd’hui".
Diané souhaite tout simplement que l'enquête avance : "Notre pays a des lois. Au delà de la mort de mon frère, cela aurait pu être une autre personne qui décède, moi, Français je veux que la justice soit rendue".
Vendredi 9 juillet, l’avocat de la famille Maître Yassine Bouzrou a envoyé un courrier, que nous avons pu lire, à la cour d'appel de Versailles. Il demande que l’enquête soit confiée à une autre juge d’instruction dans une autre juridiction.Aucune enquête effective n’est menée concernant ces faits
Il pointe la proximité entre les policiers de Sarcelles mis en cause et les magistrats du tribunal de Pontoise qui travaillent ensemble. Il souligne également le défaut de conservation des preuves matérielles concernant le fourgon utilisé pour barrer la route à Ibrahima. Le véhicule incriminé n’a été examiné que 2 jours plus tard. "Il est permis de penser qu’entre le 6 octobre 2019 à 17 heures et le 8 octobre 14 heures 30, le véhicule a pu être nettoyé, réparé ou modifié", peut-on lire dans le courrier. Le défaut d’interrogatoire des policiers mis en cause est avancé. " Il est incompréhensible que ces interrogatoires n'aient toujours pas été réalisés", déplore Maître Bouzrou dans sa requête. Il dénonce enfin le refus par le magistrat instructeur de lui déliver une copie des pièces et actes du dossier.
Dans son courrier, le conseil de la famille d'Ibrahima estime ainsi qu' "il est permis d'affirmer qu'il existe des doutes quant à l'impartialité de la juridiction de Pontoise".