La marche en mémoire d'Adama Traoré interdite par la préfecture du Val-d’Oise

Dans le contexte des émeutes consécutives à la mort de Nahel, les services de l'Etat ont décidé d’interdire la marche prévue ce samedi en hommage à Adama Traoré. Le jeune homme, décédé lors d'une interpellation en 2016, est devenu un symbole des violences policières.

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La préfecture du Val-d'Oise a tranché : elle a annoncé jeudi soir l'interdiction de la marche prévue samedi pour les sept ans de la mort d'Adama Traoré.

"A la suite de la procédure contradictoire engagée avec le comité 'Vérité pour Adama'", la préfecture indique dans un tweet qu’elle "interdit la manifestation et les rassemblements prévus le samedi 8 juillet 2023 à Persan et à Beaumont-sur-Oise".

Une interdiction "fondée" pour le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, qui s'exprimait ce vendredi matin au micro de franceinfo. "Il y a un risque de troubles graves à l'ordre public, il y a un certain nombre de risques liés à cette marche donc cette décision [...] est fondée sur des arguments de droit". 

Le comité Adama, emmené par sa sœur Assa Traoré, a annoncé dans la foulée à l'AFP son intention de déposer un référé pour contester cette interdiction devant la justice administrative. Le comité Adama a également exprimé son souhait de maintenir la manifestation, au nom de la démocratie.

Dans son communiqué, le comité explique également que "dans le contexte actuel, et suite à la mort du jeune Nahel qui a bouleversé la France, la marche pour Adama est d'autant plus attendue et utile qu'elle permet aux manifestants de s'exprimer de manière collective et encadrée". 

La mort d’Adama Traoré remonte au 19 juillet 2016 : le jeune homme noir de 24 ans est décédé dans la cour de la caserne de Persan, peu après son arrestation par des gendarmes au terme d'une course-poursuite. Dans le cadre de sa mobilisation, le collectif "Vérité pour Adama" rassemble chaque année des centaines de personnes à l'occasion d'une marche à Persan et Beaumont-sur-Oise pour réclamer la mise en examen des gendarmes mis en cause, et dénoncer plus largement les violences policières.

"Pourquoi cette défiance aujourd'hui ?"

Jeudi, à la mi-journée, la préfecture avait annoncé "envisager" l'interdiction de l'événement en arguant de possibles "troubles graves à l'ordre public" avec la venue d'"éléments perturbateurs" à cette manifestation.

"Depuis sept ans, après chaque marche, la préfecture se dit satisfaite de la manière dont le comité Adama gère l'événement. Pourquoi cette défiance aujourd'hui ?", s'est interrogé le comité Adama dans un communiqué publié avant l'annonce de l'interdiction.

Chaque année, le cortège de la marche pour Adama Traoré déambule sans incident, pour finir par un concert de rap dans un parc. De nombreux syndicats, organisations et partis politiques y étaient attendus cette année, à la suite de l'émotion soulevée par la mort de Nahel. La mère du jeune adolescent de 17 ans était également attendue sur place. 

"Une décision politique"

L'interdiction de la marche prévue samedi est "une décision politique pour empêcher qu'il y ait une parole des quartiers populaires sur la mort de Nahel et d'Adama", avait déclaré jeudi après-midi à l'AFP Youcef Brakni, bras droit d'Assa Traoré, en fustigeant "une volonté de censurer la liberté d'expression pacifique".

Dépaysée à Paris, l'instruction judiciaire sur la mort d'Adama Traoré est toujours en cours. Selon des sources proches du dossier, les investigations judiciaires sont terminées et le parquet de Paris doit désormais prendre ses réquisitions dans ce dossier dans lequel les trois gendarmes qui l'ont interpellé ont été placés fin 2018 sous le statut de témoin assisté.

Les premières autopsies ont conclu à l'asphyxie d'Adama Traoré, sans établir avec certitude la cause de son décès. En 2020, une nouvelle expertise a exonéré les gendarmes, mais un médecin mandaté par la famille a estimé qu'un plaquage ventral avait causé son asphyxie.

Le mois dernier, la Défenseure des droits, Claire Hédon, a relevé une série de "manquements" et demandé "des poursuites disciplinaires" contre les gendarmes impliqués dans son arrestation.

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