Une femme handicapée à 98% et plongée dans un coma artificiel après un accouchement dans une maternité du Val-d'Oise

Une habitante du Val-d'Oise est aujourd'hui handicapée à vie après une injection de l’anesthésiant d'une péridurale. Sa famille a porté plainte.

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Elle est plongée dans un coma artificiel, handicapée à 98% et à vie. C'est le sort dramatique que connaît aujourd'hui une femme de 40 ans, ex-habitante de Saint-Leu-la-Forêt dans le Val-d'Oise après un accouchement qui s'est terminé tragiquement. 

Les faits remontent au mois d'août 2019, lorsque Lucy B., mère déjà deux enfants, rejoint la maternité la plus proche de chez elle, l'hôpital Simone-Veil à Eaubonne. Vers 2 heures du matin, l'enfant ne venant pas, elle demande à bénéficier d'une péridurale, en raison de ses souffrances.

C'est un stagiaire anesthésiste qui lui pose la péridurale en présence d'une sage-femme. D'abord, comme le prévoit le protocole, il lui injecte une dose test pour évaluer les réactions de la patiente puis quelques minutes plus tard la dose définitive. Juste après la première dose, Lucy B. est prise de convulsions, a du mal à respirer. Elle appuie sur un petit bouton-poussoir pour administrer plus ou moins de produits anesthésiants en fonction de sa douleur.

Le stagiaire lui injecte tout de même la dose définitive. Le cœur de Lucy B. s'arrête. Une équipe de garde se précipite à son chevet, réussit à sauver le bébé et à faire repartir le cœur de la patiente. Mais pendant 14 minutes, le cerveau de Lucy B n'a pas été irrigué, explique l'avocat de la famille, Maître Yacine Djellal, et les séquelles que subit cette mère de famille aujourd'hui sont irréversibles. "Le protocole n'a pas respecté, le stagiaire n'a pas attendu les 20 minutes nécessaires entre l'administration de la dose test et l'administration de la dose définitive", affirme-t-il.

Que s'est-il passé ?

Sur la cause de l'accident, un collège d'experts a rendu son avis. Lors de la pose de la péridurale, "il y a eu une perforation de la dure-mère - c'est-à-dire la membrane protectrice qui entoure le cerveau et la moelle épinière - le liquide est montée au cerveau". La perforation de la dure-mère est un risque identifié par les anesthésistes. "C'est pour cela qu'il existe un protocole, l'administration d'une dose test pour voir si tout se passe bien", explique l'avocat qui souhaite alors savoir si le praticien a ensuite bien réagi face aux symptômes manifestés par Lucy B. Pour éclairer cette question, un professeur, "une sommité en matière d'anesthésie" a été sollicité.

Ce professeur, rapporte l'avocat, "lit alors les rapports de blocs ; il y lit les témoignages de la sage-femme, les comptes rendus d'opération et il dit que le stagiaire n'a pas respecté le temps suffisant entre l'administration de la dose test et l'administration de la dose définitive et cette erreur du stagiaire a concouru à 100% dans le dommage que subit Lucie B."

Autre question : pourquoi le stagiaire était-il seul, sans l'assistance d'un praticien expérimenté lors de l'intervention ? "Un stagiaire doit toujours travailler sous le contrôle de son maître de stage, il n'est pas là pour agir. Il est là pour apprendre", insiste Yacine Djellal .

Dans un communiqué, la direction de l'hôpital précise que le statut de stagiaire associé qui est "courant dans les hôpitaux, concerne des médecins étrangers diplômés dans leur pays, qui ont un statut équivalent à celui des internes en formation. Comme les internes, ils peuvent réaliser des péridurales sous la responsabilité d’un médecin senior, ce qui était le cas la nuit du 10 au 11 août 2019".

Le praticien stagiaire a quitté l’établissement en novembre 2019 "après avoir terminé sa formation comme prévu initialement", rapporte la direction de l'hôpital qui précise qu'il a travaillé 10 mois dans l'établissement et n'a causé "aucune difficulté".

La détermination de la responsabilité

Le tribunal administratif a été saisi. À la lumière du rapport sur la responsabilité de l'accident, la CCI, la commission de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux d’Île-de-France a conclu que la famille doit être indemnisée par l'hôpital, mais selon l'avocat de la famille, l'établissement "refuse de se considérer responsable et n'a jamais proposé d'indemnisation même symbolique".

De son côté, dans un même communiqué, l’établissement hospitalier qui fait part de sa compassion à l'égard de Lucy B et de sa famille "tient à réaffirmer son profond attachement à ce que toute la lumière soit faite sur cette situation et que la famille soit dédommagée à la hauteur du préjudice subi, évalué par les autorités compétentes ( ... ) l’Hôpital Simone Veil", ajoute la direction de l'établissement "a toujours communiqué en toute transparence, fournissant l’ensemble des documents requis comme cela fut le cas lors des deux expertises demandées par la commission de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux..."

Plus récemment, la famille de la victime a déposé plainte au parquet de Pontoise. Selon Me Yacine Djellal," l'hôpital se refuse totalement à me fournir les éléments que je demande. C'est-à-dire la convention de stage, mais aussi le planning de garde du stagiaire". Ce planning permettrait de connaître l'activité du patricien stagiaire avant l'accouchement, "s'il avait effectué des dizaines et des dizaines d'heures de garde". "Peut-être était-il fatigué, peut-être était-il inexpérimenté ? Quoi qu'il en soit, il n'a pas respecté le protocole", réitère l'avocat de la famille.

 

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