Les chenilles processionnaires, qui ont envahi la quasi-totalité du pays depuis plusieurs années, sont en pleine période d'hibernation. Elles ont formé des cocons dans les arbres, et c'est la période idéale pour tenter de les faire disparaître, ou au moins, de réduire leur présence néfaste.
À Saint-Etienne et aux alentours, impossible d'ignorer ces petites taches blanches aux sommets des arbres. Ce sont les cocons de soie dans lesquels les chenilles processionnaires passent l'hiver, avant de descendre de l'arbre en "procession", quand vient le printemps. Un seul de ces cocons peut abriter une centaine de chenilles, et dans les secteurs les plus colonisés, on peut compter jusqu'à 80 nids par arbre.
Un nuisible répertorié par l'État
Depuis avril 2022, ces larves de papillons de nuit sont officiellement classées comme "nuisible" par l'État français. D'abord, parce qu'elles sont un danger pour la flore ; elles provoquent notamment la défoliation (la destruction massive des feuilles) des arbres qu'elles colonisent. Mais ces chenilles processionnaires sont aussi et surtout un danger pour la faune qui l'entoure, à savoir nous les humains et nos animaux de compagnie.
"Ces chenilles sont entièrement recouvertes de poils urticants qui contiennent un poison" explique Sylvain Ranson, vétérinaire et cofondateur du "3115"; le numéro des urgences vétérinaires. Pour les humains, respirer ces poils urticants en observant d'un peu trop près lesdites chenilles, entraîne un risque d'étouffement. Et le risque est encore plus important pour nos petits compagnons à quatre pattes, souvent un peu trop curieux. "Lorsque ces poils urticants entrent en contact avec la langue, ils provoquent une réaction allergique aiguë avec un gonflement important de la langue. Si ça n'est pas pris en charge rapidement, ça tourne à la nécrose, c’est-à-dire qu'il y a des morceaux de langue qui tombent". Un cas de figure qui peut conduire au décès de l'animal.
Intervenir avant le printemps
À Saint-Etienne, la municipalité a décidé d'intervenir pour limiter la prolifération de ces nuisibles. La ville fait appel aux agents de l'ONF (Office Nationale des Forêts) pour repérer les cocons, et les supprimer quand ils sont sur des lieux publics, ou avertir les propriétaires quand il s'agit de terrains privés. "L'idée est d'accompagner, de sensibiliser les Stéphanois sur le domaine privé, en leur disant, voilà, vous avez des nids de chenilles, on vous accompagne, on vous conseille pour que vous procédiez à l'enlèvement, qui sera complémentaire avec ce que fait la ville sur le domaine public", détaille Laura Ciniéri, conseillère municipale déléguée à la santé et l'environnement.
"Sur Saint-Etienne, on peut retirer jusqu'à 1500 nids par an" explique Stéphane Niveau, conducteur de travaux pour l'ONF, "nous commençons début janvier pour terminer fin février. Après, c'est trop tard les processions commencent". Les professionnels de l'éradication coupent les branches pour extraire les cocons qui seront ensuite brûlés, seul moyen de s'assurer de la destruction du nid.
Une opération à mener avant le mois de mars donc, car quand les beaux jours reviennent, les chenilles descendent les unes derrière les autres, pour trouver un coin de soleil où elles s'enterreront en attendant leur ultime transformation. C'est à cette période qu'elles sont particulièrement dangereuses, et il est déjà trop tard pour s'en occuper correctement.