Interpellation d’un collégien soupçonné de harcèlement : "La police n'a pas forcément sa place dans un établissement scolaire"

Alors qu’un collégien âgé de 14 ans soupçonné de harcèlement envers une lycéenne transgenre de 15 ans a été placé en garde à vue lundi à Alfortville, le syndicat SNES-FSU indique que son interpellation en plein cours "a beaucoup choqué". Olivier Véran, lui, dit vouloir envoyer des "messages très forts" aux harceleurs.

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Menotté devant ses camarades, l’adolescent interpellé en pleine classe lundi au collège Henri Barbusse d'Alfortville (Val-de-Marne) a été présenté à un juge à l’issue de sa garde à vue,  selon le parquet de Créteil. L’interpellation de ce collégien de 14 ans, soupçonné de propos homophobes envers une lycéenne transgenre de 15 ans, "a beaucoup choqué parce que l'on estime que la police n'a pas forcément sa place dans un établissement scolaire qui est un lieu où les élèves sont là pour apprendre, à respecter les règles", explique Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, à franceinfo

"Quand (les élèves) ne respectent pas les règles d'un établissement scolaire, ils sont sanctionnés et on leur apprend pourquoi il faut respecter les règles. Quand ils ne respectent pas les règles pénales, là aussi ils peuvent être sanctionnés avec derrière un travail éducatif pour qu'ils apprennent de leurs erreurs. Tout cela doit se faire dans le respect de ce qu'est un établissement scolaire", réagit-elle.

"La certitude c'est que face à ce qui se révèle être du harcèlement à connotation homophobe ou transphobe il va de soi qu'il faut réagir, sanctionner, indique également Sophie Vénétitay. On sait que le harcèlement fait du mal aux élèves, peut tuer. Si de tels faits sont avérés, il faut sanctionner à l'intérieur de l'établissement, et puisque c'est un délit, il faut que la police et la justice s'en emparent. C'est un message que l'on doit aux élèves qui sont harcelés."

"Les questions que peuvent se poser les collègues qui ont appris ce qui s'était passé, c'est pourquoi la police est entrée dans l'établissement ?, poursuit-elle. Est-ce qu'il n'était pas préférable que les choses soient faites de manière différente ? Ce sont des questions qui se posent de savoir comment on en est arrivé là, qui a pris la décision d'entrer dans l'établissement scolaire. Cela fait beaucoup d'interrogations mais cela ne doit pas effacer l'impératif absolu de lutte contre le harcèlement et de la prévention qui doit être menée."

L'interpellation s'est faite "en conformité" selon Olivier Véran

De son côté, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a affirmé ce mercredi que l'interpellation s'est faite "en conformité avec l'accord du parquet" et de "l'équipe éducative".

"C'est comme ça qu'on s'en sortira face au fléau du harcèlement, c'est comme ça qu'on protégera aussi nos enfants, en envoyant ces messages très forts", a-t-il déclaré à l'issue du Conseil des ministres. "Sur le fond, combien de fois ces derniers mois avons-nous eu à pleurer, à la suite de la mort tragique d'un enfant qui s'est donné la mort parce qu'il était harcelé?", a-t-il souligné.

"Le ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal a eu des mots très forts encore suite au décès tragique du jeune Nicolas (à Poissy, ndlr). Et il a souhaité qu'il y ait un électrochoc dans l'ensemble du monde qui entoure les enfants, notamment le monde éducatif, pour que nous puissions lutter avec le plus d'efficacité, le plus de force possible contre le harcèlement", a également rappelé Olivier Véran.

L’adolescent interpellé fait l'objet d'une mesure éducative 

Le mineur de 14 ans fait l'objet d’une mesure de réparation, précise par ailleurs le parquet de Créteil à franceinfo. Cette mesure éducative, qui sera mise en place par une association ou par la protection judiciaire de la jeunesse, a été décidée en raison de son jeune âge, de l’absence d’antécédent judiciaire, des regrets qu’il a exprimés et du début de prise de conscience de la gravité des faits, selon le parquet.

Le parquet indique aussi n’avoir jamais demandé à ce que l’interpellation se déroule dans la classe, mais cela s’est fait avec l’accord de la principale du collège. 

L’affaire a commencé lorsque les parents de la lycéenne de 15 ans ont obtenu d'être reçus lundi matin par la proviseure du lycée Maximilien-Perret, où la victime est scolarisée en classe de seconde, a précisé le rectorat à l’AFP. Le père de l’adolescente a ensuite déposé une main courante, affirmant que sa fille avait été visée par des messages homophobes et des menaces de mort sur Instagram, selon le parquet de Créteil. L'auteur des messages a ensuite été identifié grâce à l'exploitation de captures d'écran par les policiers.

Les policiers sont "intervenus avec l'accord du parquet et de l'équipe éducative", et l'interpellation a "été effectuée au regard de la nature des menaces extrêmement graves qui nécessitaient une interpellation urgente", a indiqué une source policière à l'AFP. La victime aurait été menacée avec des propos tels qu'"on va t'égorger" et "j'ai une haine envers ta race, casse-toi, va mourir, suicide-toi sale PD, travelo", d'après cette source.

Une enquête pour violences ayant entraîné une incapacité de travail inférieure à huit jours et menaces de mort a été ouverte mardi matin.

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