La Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris recrute 1200 postes à partir 15 juillet. Des postes ouverts par leur centre de formation situé à Valenton dans le Val-de-Marne. Un recrutement d'envergure en prévision des grands évènements à venir comme les JO 2024.
Le passage est étroit et l’exercice complexe. Sous le regard des autres élèves, Estelle, 23 ans, tente avec calme et réflexion de traverser un caisson rappelant des trouées difficiles à franchir lors d’incendies. "Dans l’exercice qu’on est en train de faire, mentalement il faut tenir le choc, car nous sommes dans des positions inconfortables, on peut se retrouver bloqué, on est sous ARI (appareil respiratoire isolant), nous devons réfléchir, car pour avancer beaucoup de paramètres sont à prendre en compte".
Cette épreuve que l’on appelle un parcours d’aguerrissement à la fumée fait partie des multiples exercices auxquels les élèves doivent se confronter dans ce hangar géant, appelé Halle de la manœuvre. "Nous avons reconstitué une grande partie des situations que vivent les sapeurs-pompiers dans leur quotidien sur une opération. Ici, on retrouve une station de métro avec une rame, une portion d’autoroute, une tour d’instruction qui simule une façade d’un immeuble, des façades de différents types comme l'Haussmannien, du plus moderne, on retrouve des toitures pédagogiques en Zinc, en tuiles ou en ardoise et au sous-sol nous avons un parcours dans des caves", explique le Capitaine Damien Berg de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris.
Quelques mètres plus loin, Rémi, 24 ans, vient de terminer l’exercice de l’échelle à crochets, l’échelle emblématique des sapeurs-pompiers de Paris. "Lorsque des façades sont difficiles d’accès, c’est celles-ci qu’on utilise pour aller chercher les victimes, car elle est petite et très maniable. La mission est exigeante physiquement et nécessite une grande préparation", raconte le jeune homme.
Des entraînements réalisés dans les conditions du réel ou presque. Pour ces jeunes élèves, l’objectif est de devenir sapeur-pompier en 4 mois. Rémi comme Estelle étaient pompiers volontaires avant de décider d’en faire leur profession. Originaire de l’Aude, la jeune fille a également suivi des études de sécurité et de santé au travail. "Je me suis dit qu’allier les deux pouvait être une bonne idée, la solution. Ce qui me plaît dans le métier de pompier c’est d’être au service de la population, d’aider les autres", explique-t-elle.
Après un début de carrière dans le privé, Rémi s’est retrouvé à faire des formations en tant que volontaire."Cela m’a donné le goût et la passion du métier. Je ne voulais plus que ce soit une simple occupation les week-ends", confie-t-il.
"Je ne voulais plus que ce soit une simple occupation les week-ends"
Rémi, 24 ans
4 mois de formation
Ici à Valenton, la formation de 4 mois se déroule en plusieurs temps. "Les jeunes apprennent d’abord les bases du métier militaire : s’habiller, se présenter. Puis ils suivent une formation de secouristes et passent une semaine dans une caserne pour se confronter à la réalité", explique le capitaine Berg, "après ils reviennent deux mois pour la formation incendie."
La formation incendie, c'est le gros du travail pour un pompier. Et c’est derrière la Halle de la manœuvre que les jeunes vont s’entraîner. Ici, on découvre une dizaine de caissons, des installations très modernes qui recyclent la vapeur d’eau rejetée par la fumée. "On reconstitue au plus près la réalité d’un incendie. On met le feu dans le caisson, en général on brûle plutôt des palettes et des matériaux en bois". Estelle ajoute : "c’est une partie très intense physiquement et mentalement, il faut tenir le choc".
Rémi qui n’est là que depuis un mois et 20 jours, précise-t-il, n’a pas encore été encore à l’entraînement, mais il a "hâte de réaliser les exercices d’incendie. Avec la chaleur de l’été, ça va être intéressant".
Dans le cadre de la formation explique le Capitaine Berg, "ce qui est important, c’est de maîtriser les gestes techniques, et pour ça, il faut dans un premier temps les apprendre et les répéter sans cesse jusqu’à ce qu’ils soient parfaitement exécutés. L'objectif étant que sur l’intervention le stress et la pression soient totalement gérés."
"Tout le monde a sa place chez nous. La seule chose c’est qu’il faut accepter les exigences de la formation"
Capitaine Berg, BSPP
Au centre de formation de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, les élèves ont une séance de sport tous les jours, puis, des séances d’instructions suivies de séances d’entraînements. Le soir, pendant leur séance d’études, ils continuent à apprendre les règlements et le matériel qu’ils seront amenés à utiliser sur l’intervention. "On attend surtout des jeunes qu’ils aient envie et je pense que c’est l’une des qualités première quand on s’engage. Tout le monde a sa place chez nous. La seule chose c’est qu’il faut accepter les exigences de la formation", explique le Capitaine Berg.
Répéter les gestes techniques pour les maîtriser
Le métier de pompier ne connaît pas la crise et les besoins sont croissants. Chaque année le centre forme environ 1 000 sapeurs-pompiers, soit entre 80 et 120 jeunes par mois. Cette année, ils espèrent atteindre les 1 200. "Avec des évènements comme les J.O en 2024 nous avons besoin de plus de monde", explique le capitaine Berg.
Les sapeurs-pompiers de Paris sont une unité militaire mise à la disposition du Préfet de police. 8 600 sapeurs-pompiers au total répartis sur 80 casernes. Ils interviennent dans la capitale, mais aussi sur les trois départements de la petite couronne, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne.
Sa particularité : elle est composée des jeunes venus de toute la France (60% de région). Ils viennent pour certains acquérir une expérience, puisqu’en région parisienne les départs sur zone sont quotidiens. "Cela permet d’engranger de l’expérience et souvent après les gens retournent en province pour servir dans leur département. On parle de cette brigade comme d’un accélérateur d’expérience. Sur son secteur de compétence, la brigade des Sapeurs-Pompiers fait environ 500 000 interventions par an ce qui est énorme et ce qui revient à peu près à un départ toutes les minutes", termine le Capitaine Berg.