Alors que la vidéo d’un chauffeur évoquant les usagères de la ligne 117 suscite de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, la RATP "condamne avec fermeté" les propos du machiniste. "Une procédure disciplinaire est en cours", indique le groupe.
"C’est la ligne où il y a le plus de meufs en Île-de-France, c’est officiel", indique la légende. Dans une vidéo publiée sur Snapchat puis relayée sur TikTok et X (ex-Twitter), un chauffeur de la RATP, présent devant un bus de la ligne 117, évoque la fréquentation féminine. "Je n’ai jamais vu autant de meufs que sur cette ligne-là", qui relie Créteil à Saint-Maur-des-Fossés en passant par Bonneuil-sur-Marne dans le Val-de-Marne, explique-t-il en souriant.
"C’est incroyable. C’est un four à meufs ! (...) Je comprends pourquoi les collègues veulent tous la faire", poursuit le machiniste. "La ligne est claquée ! (...) Mais je comprends pourquoi les mecs aiment trop la faire. (...) T’es marié, t’es en couple : t’es mort ! Tu saignes des yeux. A tout moment, il y a une meuf qui te sourit", ajoute-t-il.
"Cette ligne, elle est trop dangereuse !", ajoute le chauffeur, qui explique avoir "sué des yeux" et avoir "failli faire quatre crises d’épilepsie" à bord de son bus, toujours en souriant.
"Ils nous prennent vraiment pour un produit à disposition"
Sur les réseaux sociaux, la vidéo a suscité de nombreuses réactions. "Salut RATP, c'est pas tout de savoir conduire… Faut aussi savoir se conduire !", commente par exemple une internaute sur X.
Sous une publication Instagram, de nombreuses internautes critiquent également les propos, accusés notamment d’"objectifier" les femmes. "Le mec file des bons plans harcèlement comme on se file des bons plans Lidl. Ils nous prennent vraiment pour un produit à disposition", réagit l’une d’entre elles. "C’est hyper révélateur de la légitimité qu’il ressent d'exprimer ça sur les réseaux, visible de tous (employeur, famille, les femmes de façon générale) en toute impunité. Et ça c’est effroyable", peut-on lire dans un autre commentaire.
"En 2023, toujours des simplets qui ne comprennent pas que quand on vous dit bonjour et qu’on vous sourit au taf c’est de la politesse en société, cherche pas plus loin", réagit également une internaute.
"Les propos tenus sont contraires à tous les principes et valeurs de l’entreprise"
Dans une vidéo publiée suite aux nombreuses réactions, le chauffeur de bus dit déplorer des commentaires visant la religion musulmane. La première vidéo du machiniste a en effet été relayée par plusieurs comptes d’extrême-droite sur X, entraînant de nombreux commentaires islamophobes.
Contactée, la RATP estime que le chauffeur "tient un discours sexiste absolument intolérable, que l’entreprise condamne avec fermeté". "La RATP exige un comportement irréprochable de la part de l’ensemble de ses agents. Les propos tenus sont contraires à tous les principes et valeurs de l’entreprise", indique la régie.
Le groupe confirme que "le conducteur a été reçu sans délai par sa hiérarchie afin de s’en expliquer", et précise qu’"une procédure disciplinaire est en cours".
Des propos "potentiellement constitutifs de l'infraction d'outrage sexiste" selon Osez Le Féminisme
En consultant la vidéo, Violaine De Filippis, porte-parole d’Osez Le Féminisme et par ailleurs avocate, indique que "l’association s’étonne qu’à ce jour aucune interpellation de l'homme auteur de ces propos potentiellement constitutifs de l'infraction d'outrage sexiste n’ait été annoncée par les pouvoirs publics".
"L’association dénonce régulièrement les violences faites aux femmes dans les transports en commun et plus largement dans l’espace public, explique également Violaine De Filippis. Néanmoins, il est important de rappeler que dans plus de 7 cas sur 10, les violences faites aux femmes sont perpétrées par un proche. Aussi, on a tendance à entendre l’idée d’une recrudescence des agressions dans les transports et du contrôle du corps des femmes dans l’espace public mais, même si on en parle davantage aujourd’hui, ce n’est pas un phénomène nouveau."
La porte-parole d’Osez Le Féminisme souligne toutefois qu’il s’agit d’un "vrai problème de société". "Il faudrait plus de forces de l’ordre habilitées à constater les délits d’outrage sexiste et demander l’identité des personnes concernées, pour permettre le cas échéant de poursuivre ces personnes. Plus largement, c’est un problème structurel d’éducation", ajoute-t-elle.
