L’association Mouv’enfants a organisé une action symbolique ce jeudi devant le club de football la Salésienne, dans le 17e arrondissement de Paris. Objectif : mettre en lumière les violences sexuelles qu’auraient subies des adolescentes du club.
Devant le club de foot la Salésienne, ce jeudi, des rubans jaunes barrent un ballon, des crampons, et des jouets d’enfants étalés au sol. Une scène de crime qui n’en est pas une, puisqu’il s’agit en fait d’un happening pour dénoncer, selon l'association, le silence de la direction, après plusieurs cas de violences sexuelles dénoncées au sein du club. "À la Salésienne, quand un enfant parle, on l’exclut du club", pouvait-on lire sur la pancarte d’une des membres de Mouv’enfants.
En août dernier, nos confrères du journal Le Parisien révélaient des abus sexuels sur mineurs, qui auraient été commis en 2020, par deux responsables du club. Des faits similaires avaient déjà été signalés à la Salésienne, en 2017, par Camille, joueuse du club de football. La jeune femme a donc décidé de se joindre aux autres plaignantes et de porter plainte pour agression sexuelle.
Camille aurait été harcelée après avoir porté plainte pour agression sexuelle
Devenue encadrante au sein du club, Camille aurait commencé à subir des brimades et du harcèlement de la part de deux de ses collègues. "Ils étaient comme des grands frères pour moi. J’ai eu des problèmes de santé mentale. Je suis tombée en dépression et j’ai développé des problèmes d’anxiété sévère, et ils ont commencé à jouer de ça. Il y a eu beaucoup de brimades physiques", confie la jeune femme.
L’un d’entre eux ira même jusqu’à la séquestrer selon elle, et les deux hommes sont mis à pied trois jours. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le 15 février dernier, la direction du club décide de licencier Camille. Son supérieur lui aurait indiqué que "sa présence ne permet pas à ses collègues de travailler en paix". Les deux cadres, eux, sont confirmés dans leurs fonctions par la direction du club. De son côté, la ligue de football décidait, le 7 juillet dernier, de les suspendre pour "intimidation, acte de brutalité, harcèlement" et pour complicité de ces actes. Une décision confirmée par la Fédération Française de Football. L'association, par le biais de son avocat, nie protéger ses encadrants au détriment de victimes.
Un enfant victime de violences sexuelles toutes les 3 minutes
Pour Arnaud Gallais, cofondateur de Mouv’enfants, la décision du club est inacceptable. Cet activiste en appelle désormais à l’Etat pour démettre les encadrants du club la Salaisienne de leurs fonctions. "On pourrait imaginer que, quand on met en danger des enfants, l’Etat dise 'on retire l’habilitation parce qu’elle n’est pas en équation avec votre mission'", explique-t-il.
Le club, lui, rappelle qu'aucun fait de violences ou d'abus sexuels n'est passé sous silence. Sur son site internet, il dénonce "des amalgames malveillants entre des faits anciens, qui ont profondément marqué l’association, et des événements récents dont la réalité ne correspond en rien au portrait qui en est dressé. C’est pourquoi, en réponse à ces allégations, la Salésienne de Paris a décidé de déposer une plainte du chef de diffamation et se réserve le droit de poursuivre tout acte de malveillance, de dénigrement ou de calomnie à son encontre."
Par ce happening, Arnaud Gallais espère aussi éveiller les consciences des parents qui accordent, malgré tout, leur confiance au club la Salaisienne. Il rappelle que chaque année en France, 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles, soit un toutes les trois minutes, et seuls 3% des agresseurs sont condamnés.