À Magnanville, des habitants en lutte contre la future prison

La prison doit être livrée, au plus tôt, en 2027 et doit permettre de diminuer la surpopulation carcérale en Île-de-France. Mais son emplacement, à côté d'un lycée, froisse une partie des habitants de la commune des Yvelines. Son maire, qui avait proposé d'autres sites à l'État, veut porter l'affaire en justice.

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"Tant que la première pierre n'est pas posée, ça peut très bien ne pas se faire", assure Patrice Planquais, 56 ans, qui réside depuis 2010 dans cette ville de 6 000 habitants, à 60 km à l'ouest de Paris.

Si le futur établissement ne lui inspire pas de crainte "d'un point de vue sécuritaire", ce professeur d'histoire-géo s'interroge toutefois sur le choix de l'emplacement de la future maison d'arrêt de 700 places.

"Symboliquement, je dirais que c'est un peu maladroit de mettre une prison à côté d'un lycée, par rapport à l'enjeu de l'éducation censé être une priorité du gouvernement", souligne l'enseignant du lycée Senghor.

Une manifestation est prévue ce samedi à partir de 14h devant l'établissement.

"Localisation dénuée de tout sens"

"Unissons nos forces pour stopper le projet du centre pénitentiaire à Magnanville (Yvelines)" : la bâche plantée à l'entrée de la commune symbolise depuis octobre 2021 l'opposition d'une partie des habitants de la commune à la construction d'une prison, attendue à horizon 2027.

Président de l'association "Tous mobilisés contre une prison à Magnanville (TMCP)", qui réunit "près de 400 adhérents", Patrick Magny a pris la tête du combat contre cette "localisation dénuée de tout sens".

"On n'est pas contre un projet de prison", jure ce retraité, conscient de la nécessité de "traiter le sujet de la délinquance". Mais "pour décider d'implanter un centre pénitentiaire juste à côté d'un lycée et d'habitations, je pense qu'il ne faut pas avoir de moralité", fustige-t-il.

Livraison annoncée en 2027 au plus tôt

C'est en septembre 2021 que le ministère de la Justice a annoncé la livraison au plus tôt en 2027 d'un nouveau centre pénitentiaire à Magnanville.

Il s'agit alors de "répondre au besoin accru de places nettes dans une région (l'Île-de-France, ndlr) particulièrement touchée par la surpopulation carcérale, à l'image des 161% de surpopulation de (la prison voisine de) Bois-d'Arcy".

"Les prisons sont tellement surchargées, on ne peut pas entasser les détenus comme des bêtes", approuve Françoise Navarro, une des rares voix favorables au projet. "Il y en a une à Poissy depuis longtemps, les gens vivent avec", note la retraitée de 77 ans, "je ne vois pas la dangerosité".

De son côté, l'association TMCP a fait l'inventaire des maux que la prison ne manquera pas, selon elle, de générer. Nuisances sonores et visuelles, artificialisation des sols, crainte de mauvaises fréquentations pour les jeunes ou risque de trafic de drogue.

Un manifeste de 175 pages intégrant la proposition de 21 sites alternatifs, puis un dossier de 30 autres pages ont été adressés à l'État pour tenter d'infléchir sa décision. En vain...

"Le parcours est loin d'être terminé", assure pourtant TMCP. À quelques jours de l'ouverture de la phase d'information et de concertation du projet, les opposants disent avoir rallié à leur cause le propriétaire du terrain où la prison doit voir le jour, qui a promis de recourir à "la voie judiciaire".

Le maire avait proposé quatre autres sites à l'État

Le maire de Magnanville Michel Lebouc est lui aussi déterminé à porter l'affaire devant un tribunal.

Après avoir vainement proposé à l'État quatre sites alternatifs d'implantation, l'élu DVG prépare aussi une grande réunion publique à laquelle il veut convier des personnalités politiques de poids et de tous bords comme le président du Sénat Gérard Larcher, la sénatrice Sophie Primas ou le député Benjamin Lucas.

"Ce n'est que le début du combat (...) On mettra le temps et les moyens qu'il faut" pour y arriver, promet-il.

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