Au collège d'Issou dans les Yvelines, les professeurs ont repris les cours, alors que les syndicats d'enseignants dénoncent les difficultés rencontrées par l'équipe pédagogique. Une professeur de Français qui a montré un tableau avec des femmes nues a été diffamée par trois élèves. Des sanctions vont être prises.
Sous la surveillance de personnels arborant sur leurs blousons l'effigie d'une Marianne, des élèves du collège Jacques-Cartier d'Issou dans les Yvelines franchissent à nouveau la grille de leur établissement... Dans un calme apparent. Mais depuis jeudi 7 décembre, les événements se succèdent dans ce collège d'environ 600 élèves. Dès le lendemain, l'équipe pédagogique a fait valoir son droit de retrait. Et ce lundi, le ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal s'est rendu sur les lieux pour affirmer son "soutien aux équipes pédagogiques". Le principal du collège quant à lui, s’est déclaré en arrêt maladie.
Aujourd'hui, les professeurs "se rendent compte que cette affaire a eu un écho considérable", déclare Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-FSU, ce mardi sur franceinfo. "Ils disent aussi que c'est terriblement révélateur d'en arriver là pour obtenir ne serait-ce que l'attention de l'institution et pour obtenir des moyens".
L'incident survenu jeudi dernier
C'est dans l'une de ces classes que s'est déroulé en milieu de semaine dernière, ce que le rectorat de Versailles appelle sommairement un "fait d'établissement" pour désigner une atteinte aux valeurs de la République ou des faits de violence et de harcèlement. Jeudi, un professeur de français a présenté à ces élèves de 6eme, une œuvre du XVIIe siècle, une peinture de femmes nues : "Diane et Actéon" de Giuseppe Cesari.
"Des élèves ont détourné les yeux, se sont sentis offusqués, ont dit être choqués", a rapporté Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, le premier syndicat d'enseignants en collèges et lycées.
"Certains (des élèves) ont prétendu aussi que la professeure aurait tenu des propos racistes" lors d'une heure de "vie de classe", a ajouté Mme Vénétitay. Un parent d'élève a ensuite envoyé un courriel au chef d'établissement, affirmant que son fils avait été empêché de s'exprimer pendant cette heure et qu'il allait porter plainte, a-t-elle poursuivi.
Plusieurs signalements
Ce n'est pas la première fois que des "faits d'établissements" se produisent dans ce collège, selon l'académie de Versailles. Depuis septembre, quinze signalements ont été réalisés, dont plusieurs concernaient déjà des atteintes à la laïcité.
Aux abords de l'établissement ce mardi midi une parente d'un élève de 3eme témoigne : "ça fait un petit peu peur (.. ) avant la fermeture de vendredi dernier, on avait déjà eu un mail du proviseur comme quoi il y avait certains problèmes au sein du collège et qu'il fallait régler ça, c'étaient des agressions verbales ou physiques vis-à-vis des professeurs ou du personnel du collège des élèves ou des parents d'élèves".
"C'est un établissement scolaire qui appelait à l'aide depuis au moins le 1er décembre", selon la secrétaire générale du Syndicat général de l'Éducation nationale CFDT, Catherine Nave-Bekhti, "les collègues disent qu'ils n'ont plus les moyens de faire face" aux différentes problématiques auxquelles fait face le collège comme "le manque personnel de vie scolaire, une CPE à 80% et un établissement qui accueille un plus grand nombre d'élèves que la capacité pour laquelle il a été construit".
Des conseils de discipline annoncés
Lundi soir, le ministre de l'Education Gabriel Attal a annoncé devant la presse "une procédure disciplinaire à l'endroit des élèves qui sont responsables de cette situation et qui ont d'ailleurs reconnu les faits". Des conseils disciplinaires se tiendront pour les trois élèves qui ont prétendu que des propos racistes avaient été proférés par l'enseignante.
Le ministre a également indiqué que des postes seraient mis en place en "renfort des équipes de vie scolaire", "un poste de CPE mais aussi des renforts s'agissant des assistants d'éducation et d'AESH (accompagnants des élèves en situation de handicap)". En plus de ces annonces, une équipe académique "valeurs de la République" va être déployée au collège Jacques-Cartier, a ajouté le ministre.
De son côté, Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Syndicat général de l'Éducation nationale CFDT (SGEN-CFDT) souhaite également une plus grande "protection" et un "meilleur suivi de ce qu'il se passe sur les réseaux sociaux" car, selon elle, la situation du collège Jacques Cartier d'Issou "ravive la mémoire et la blessure de l'assassinat de Samuel Paty, avec un démarrage qui y ressemble à s'y méprendre, ce qui provoque des peurs et des angoisses légitimes, qui justifient l'exercice du droit de retrait" de l'équipe pédagogique.