À Trappes, leurs portraits ornent la façade de l'Hôtel de Ville depuis ce lundi. Des jeunes codeurs informatiques ont développé une application pour trier les déchets. Leur victoire dans un concours informatique pour les jeunes issus des quartiers leur donne le droit d'aller dans la Silicon Valley défendre leur projet.
L'équipe de cinq étudiants a passé de nombreuses épreuves de sélection. D'abord à Trappes dans les Yvelines puis au niveau national. "Il y avait plus de 500 candidats dans plusieurs villes de France. Il a fallu qu'on se démarque face à des grandes villes comme Marseille ou Rouen", commente Omar Konaté, 17 ans, coordinateur de l'équipe vainqueur.
En juillet dernier, ce groupe d'étudiants âgés de 16 à 24 ans a remporté le concours KeskIA. Cette compétition met à l'honneur les innovations technologiques de jeunes issus des quartiers populaires. Depuis ce lundi, une affiche à leur effigie tapisse la façade de la mairie.
Sélectionnés parmi 22 équipes
Au salon Vivatech à Paris en juin, ils sont retenus parmi les trois meilleures équipes françaises sur les 22 en compétition et remportent la finale nationale quelques semaines plus tard. "C'était une fierté pour nous de représenter Trappes. On voulait montrer le bon côté de cette ville souvent décriée.", explique Omar. À la clé, un billet pour la Silicon Valley en Californie. Ils y défendront leur projet en mars prochain devant les dirigeants des plus grandes entreprises de la tech mondiale.
"C'est un grand honneur et cela pourrait être un tremplin pour nous." Depuis leur victoire, Omar, Sakina, Loqman, Zeineb et Nora croulent sous les sollicitations des réseaux sociaux professionnels. "On reçoit des messages de certaines grandes universités américaines", sourit Omar, passionné d'informatique depuis toujours. Une nouvelle donne qui n'effraie pas celui qui se rêve en gérant de sa propre entreprise dans l'intelligence artificielle. "La plupart des messages sont bienveillants et nous motivent. Malgré ses distractions, nous restons concentrés sur nos études et nos projets."
Une application pour trier les déchets
Leur application "C du Propre" permet de faciliter le tri des déchets. "Les citoyens prennent en photo un déchet qui est reconnu et localisé automatiquement par notre intelligence artificielle. Une photo est ensuite envoyée en mairie pour faciliter la tâche des équipes de ramassage.", décrit Omar Konaté. Leur application est basée sur les données de la mairie de Trappes mais le jeune homme espère qu'elle soit développée sur d'autres villes. "C'est un modèle transposable partout alors on souhaite l'étendre un maximum.", explique l'étudiant en informatique à Paris-Cité.
Cette victoire, ils la doivent à quatre mois de travail acharné. "On s'est concentré sur ce projet. Nous nous sommes réparti les tâches. On avait deux développeurs et une personne chargée de préparer les présentations devant le jury, moi j'étais en charge de l'IA et de la coordination globale", détaille Omar Konaté.
Une association pour transmettre leur savoir-faire
À la suite de leur victoire, les cinq génies du code ont développé une association nommée Ozmoz avec les autres équipes trappistes. "Elle sert à initier les jeunes aux métiers du digital", indique l'étudiant de 17 ans. Grâce à celle-ci, lui et ses comparses souhaitent créer des vocations notamment dans les quartiers populaires. "Ce sont des exemples de travail et de résilience. Des modèles pour les générations futures", commente sur les réseaux sociaux Morad Attik, directeur général de la start-up Evolukid qui a organisé le concours en France.
Celui-ci a monté de toutes pièces ce programme il y a 7 ans avec son frère. "L'idée de base est de dire que n'importe quel jeune, quelle que soit son origine sociale peut s'émanciper par le biais du digital et de l'excellence dans le domaine du numérique". Le concours KekIA avait lieu dans 7 villes pour cette première édition, les dirigeants en visent 20 pour le concours de la saison prochaine. "On espère accélérer l'employabilité des jeunes, s'attaquer à des problématiques de société à travers l'IA et fournir des talents issus des territoires pour les grandes entreprises", indique Morad Attik
"Briser le plafond de verre"
Ali Rabeh, le maire Générations de Trappes salue cette victoire. Il y voit un "message d'espoir pour tous les jeunes des quartiers populaires." Selon lui, ce succès permet de "briser le plafond de verre et de montrer qu'il y a des solutions dans les quartiers populaires quand beaucoup se concentrent sur les problèmes."
Il se félicite également que les vainqueurs souhaitent désormais partager leur savoir-faire avec d'autres. "Leur association permettra de former d'autres jeunes au codage et à l'informatique. Une manière de créer "une transmission à Trappes dans le domaine de la tech", selon l'édile.