Le tribunal correctionnel de Versailles a condamné lundi deux militants de l'association L214 qui avaient caché des caméras dans un abattoir des Yvelines, filmant notamment l'étourdissement des porcs, à une amende de 6.000 euros dont 5.000 avec sursis pour "violation de domicile".
Les deux hommes ont été relaxés pour le chef de "tentative d'atteinte à la vie privée". Une même amende de 15.000 euros, dont 10.000 avec sursis, avait été requise contre eux le 4 septembre par le parquet.
Le 12 décembre 2016, les deux membres de l'association de défense de la cause animale, dont le cofondateur Sébastien Arsac, avaient dissimulé des caméras, notamment sur une nacelle descendant les cochons dans le puits où ils sont étourdis au CO2 avant d'être saignés. Trahis par la chute de l'une d'elles, les deux activistes avaient été interpellés alors qu'ils venaient récupérer leur matériel. Depuis, L214 a diffusé d'autres vidéos de cet abattoir, qui entendent montrer la souffrance des animaux. Devant le tribunal correctionnel de Versailles, les deux prévenus ont reconnu les faits, mais les estiment "justes".
L'étourdissement des porcs au CO2 avant saignée est légal, mais pour L214, qui demande son interdiction, il constitue une méthode "systématiquement longue et douloureuse". L'association s'était intéressée à cet abattoir - le dernier d'Île-de-France - après un signalement par un "lanceur d'alerte" pour ses supposés manquements, néanmoins jamais relevés par les services vétérinaires. L'abattoir réclamait 215.000 euros de dommages et intérêts. Il a été débouté de cette demande. Les avocats des deux parties ont indiqué à l'AFP qu'ils allaient consulter leurs clients sur un éventuel appel. Ce procès constituait une première car les vidéos diffusées par L214 sont le plus souvent tournées par des personnes internes aux établissements incriminés ou y ayant accès. L214 a publié depuis 2013 plusieurs vidéos choc montrant des dysfonctionnements dans des abattoirs français.