Le directeur de l'abattoir porcin de Houdan (Yvelines), trois ex-salariés et un agent public ont été condamnés à la suite d'une plainte de l'association L214 pour maltraitance animale.
Fin 2016, deux militants de l'association L214, qui lutte pour l'abandon de tout produit animal dans l'alimentation, s'étaient introduits illégalement sur le site et avaient filmé l'étourdissement des cochons au CO2. Leur vidéo avait été diffusée sur France 2 dans "Envoyé spécial".
Vincent Harang, le directeur, à qui il était reproché des installations non conformes, un manque de formation de son personnel et des locaux mal aménagés, a été condamné à deux amendes de 750 euros et une troisième de 1.000 euros. Il va interjeter appel, a indiqué son conseil Nicolas Cassart. L'avocat a déploré de n'avoir, "pour les infractions reprochées à M. Harang, aucune motivation" de la part du tribunal et regretté qu'on ait "laissé entrer les échos d'un débat public dans un débat judiciaire pour condamner sur des faits qui ne sont absolument pas constitués".
Un agent de la DDPP aussi condamné
Trois de ses ex-employés -absents à l'audience- ont chacun écopé de plusieurs amendes de 100 euros, en fonction du nombre de faits commis. Il leur était reproché d'avoir utilisé notamment un aiguillon électrique de façon répétée ou d'avoir porté des coups de pied aux bêtes récalcitrantes dans le couloir les menant au puits à CO2.Enfin, trois amendes de 750 euros ont été infligées -pour la première fois en France selon L214- à un agent de la Direction départementale de protection de la population (DDPP) pour avoir donné des coups d'aiguillon électrique à des animaux alors qu'il n'était là que pour contrôler la chaîne d'abattage et non pour aider les opérateurs.
"Ces condamnations ne sont hélas pas dissuasives. Les amendes étant très faibles, on ne voit pas pourquoi les abattoirs se retireraient de cette zone de non-droit", a réagi Brigitte Gothière, porte-parole de L214. En 2016, 80% des abattoirs français, dont celui de Houdan, présentaient des non-conformités, a affirmé la militante en citant un rapport ministériel. "Et ces non-conformités n'avaient pas été corrigées (à Houdan) avant qu'on montre les images", a-t-elle encore noté, déplorant des "contrôles vétérinaires défaillants". Outre L214, huit autres associations de protection des animaux étaient parties civiles. Les trois employés et l'agent public ont été condamnés à leur verser des dommages et intérêts.