L'adolescente musulmane qui avait porté plainte mi-août à Trappes pour agression islamophobe a tenté de se suicider lundi en se défenestrant du 4ème étage de son immeuble. Hospitalisée, la jeune fille était "sortie" d'affaire" en fin d'après-midi ce mardi 27 août 2013.
Une adolescente musulmane qui avait porté plainte mi-août à Trappes pour agression islamophobe a tenté de se suicider lundi en se défenestrant, dans cette ville de la banlieue parisienne théâtre de violences urbaines en juillet. La jeune fille était "sortie d'affaire" en fin d'après-midi, ce mardi 27 août 2013, selon l'AFP citant une source préfectorale.
La situation à Trappes, ville située à 35 km à l'ouest de la capitale, demeurait calme en milieu de nuit. Huit camions de CRS stationnaient devant le commissariat, dans le quartier des Merisiers, où s'étaient concentrées les échauffourées du mois dernier, a constaté un journaliste de l'AFP. Quelques petits groupes de personnes se promenaient en ville et discutaient, mais sans aucune tension apparente.
"Ce qu'on peut déplorer, c'est qu'après un événement qui a secoué une famille et tout un quartier on envoie des fourgons de CRS, au lieu d'organiser une cellule d'écoute", déclarait un habitant qui n'a pas souhaité donner son nom, dans le quartier où vit la jeune fille. "En envoyant la police, on semble nous considérer comme des ennemis potentiels, alors qu'une famille est dans la peine", regrettait-il. "Ce n'est pas la réponse appropriée, autant ne rien faire, si c'est pour envoyer des fourgons de CRS!", s'indignait un autre habitant.
Un contrôle de police qui avait dégénéré
Durant trois nuits à la mi-juillet, des émeutes avaient éclaté à proximité du commissariat, après que des policiers eurent voulu contrôler une femme portant un voile intégral sur la voie publique, ce qui est interdit depuis 2011.
Le contrôle avait dégénéré et son mari, un homme de 21 ans converti à l'islam, soupçonné d'avoir tenté d'étrangler un policier, avait été placé en garde à vue.
Précédente tentative de suicide
Un mois plus tard environ, le 13 août, une jeune fille avait porté plainte, disant avoir été victime d'une agression à caractère islamophobe alors qu'elle était voilée.
Les faits, qu'aucun témoin visuel n'avait pu corroborer, étaient survenus la veille selon elle, à proximité du square Berlioz. Deux hommes auraient abordé l'adolescente, lui montrant un "objet tranchant". Ils lui auraient par la suite arraché son voile et porté un coup à l'épaule, selon une source judiciaire.
Selon cette même source, qui rapportait les éléments de témoignage de la jeune fille, les faits auraient été doublés d'insultes à caractère islamophobe et les agresseurs, de "type européen", dont un avait le crâne rasé, auraient pris la fuite en voiture.
Lundi, selon une source policière, la jeune fille s'est jetée du 4e étage de son immeuble, peu après 19H00. Grièvement blessée, elle a d'abord été admise à l'hôpital Percy à Clamart, avant d'être transférée à l'hôpital parisien Georges Pompidou.
Selon cette source, le pronostic vital de la jeune fille était engagé, mais elle était néanmoins consciente à l'arrivée des secours.
Selon la même source, elle avait fait une précédente tentative de suicide en absorbant des médicaments il y a trois jours, le 23 août. Les raisons de ces deux tentatives de suicide n'étaient pas précisées lundi soir.
A la mi-août, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait "condamné avec sévérité" l'agression dont avait été victime la jeune fille, la qualifiant de "nouvelle manifestation de haine et d'intolérance anti-musulmane (portant) atteinte aux valeurs de la République et au principe de liberté de conscience".
Son homologue chargé de l’Economie sociale et solidaire Benoît Hamon, élu de la circonscription, avait lui aussi condamné "avec la plus grande fermeté ce nouvel acte raciste, visiblement perpétré par des individus qui recherchent délibérément la provocation et l'embrasement".
Avant les violences de juillet à Trappes, deux femmes voilées avaient été agressées en mai et juin à Argenteuil (Val-d'Oise), provoquant déjà une vive émotion dans la communauté musulmane de la ville.