Une cinquantaine de Lamborghini et autres Aston Martin lancées à tombeau ouvert sur les routes de l'Ouest: la perspective inquiète la gendarmerie avant un "cannonball" qui doit rallier jeudi Saint-Malo à Barcelone.
Un "cannonball" est un rallye de voitures aussi coûteuses que surpuissantes. Concept né aux Etats-Unis dans les années 1930, le cannonball consiste à relier deux villes en un temps record avec des véhicules de grosse cylindrée.
Cette course de loisir pour millionnaires, qui promet "nuits sauvages, hôtels de luxe, quelques histoires exagérées et la vie à toute vitesse", selon le site internet de l'organisation, cannonball2010.com, s'est élancée de Londres mercredi.
Un trajet de 1200 kms à pleine vitesse
Après une traversée en ferry, les participants sont attendus jeudi matin à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et doivent reprendre la route dans la foulée vers 08H30. Objectif: rallier Barcelone pour 17H00. Soit une moyenne horaire de 140 km/h sur les quelque 1.200 km de trajet, bien au-delà des limitations de vitesse.
Si ce rallye n'est ni autorisé, ni interdit, "la gendarmerie est consciente du phénomène et tout sera mis en oeuvre, tant en prévention qu'en répression, pour éviter des drames sur la route", a indiqué à l'AFP Elodie Montet, porte-parole de la gendarmerie de Bretagne.
"Les mesures pourront aller jusqu'à des saisies de véhicules en cas de mise en danger de vies humaines", a-t-elle souligné.
Des contrôles pour dissuader
Le dispositif doit mobiliser tout au long du trajet plusieurs dizaines de gendarmes, notamment motocyclistes, ainsi qu'au moins un hélicoptère et des radars mobiles. Il ciblera aussi les détecteurs de radars.
Les contrôles seront délibérément voyants avec pour objectif que les participants "empruntent nos routes françaises aux vitesses normales", confie Cyril Cousi, commandant de l'escadron départemental de sécurité routière de Loire-Atlantique.
Jeudi, près de 80 gendarmes du peloton de sécurité routière ainsi qu'un hélicoptère seront mobilisés en Ille-et-Vilaine. En Loire-Atlantique, les gendarmes seront épaulés par des CRS motocyclistes. Une voiture rapide de gendarmerie (Renault Mégane RS) sera également déployée en Vendée.
Toutefois, "on sait par expérience qu'ils ont des détecteurs de radar, qui sont interdits et bien cachés dans les voitures", souligne le capitaine Pascal Gensous, de la CRS autoroutière d'Aquitaine, également mobilisée.
"Ils doivent même avoir des éclaireurs pour pouvoir accélérer et rouler pendant une courte période à grande vitesse", estime-t-il.
La gendarmerie d'Ille-et-Vilaine a déploré n'avoir "pas été contactée" par les organisateurs du rallye. Ceux-ci n'ont pu être joints mercredi par l'AFP.
Une course de nantis
Plus de 50 véhicules de grand luxe sont inscrits au rallye qui doit atteindre Paris le 9 septembre via Saint-Malo, Barcelone (Espagne), Monte-Carlo (Monaco), et Milan (Italie). Parmi ceux-ci, une DeLorean DMC 12, une Lamborghini Gallardo, des Bentley ainsi que de nombreuses Ferrari et autres Aston Martin, selon le site spécialisé sportauto.fr.
Moyennant un prix de participation de 5.500 livres (7.000 euros), "vous dînerez dans les meilleurs restaurants, ferez la fête dans des clubs d'élite et dormirez dans les meilleurs hôtels", selon le site de l'organisation.
En 2009, lors d'un cannonball de Londres à Saint-Tropez, deux Bugatti Veyron avaient été flashées en Haute-Marne à 194 et 210 km/h. Leurs conducteurs avaient fait l'objet de 750 et 2.250 euros d'amende, avec rétention du permis et interdiction provisoire de rouler sur le sol français.
Le Cannonball Run Europe 2010