Face au tour violent pris par la contestation du futur aéroport Notre-Dame-des-Landes, qu'il défend âprement, Jean-Marc Ayrault tente de contrecarrer les accusations d'intransigeance du gouvernement. Demain, sur site, la défense des cabanes se poursuit .
"commission du dialogue"
Le principe de cette commission a été salué dimanche par Europe Ecologie-Les Verts, membre de la majorité gouvernementale, qui considère que c'est une "excellente nouvelle". Le parti assure aussi à mots voilés que le gouvernement a cédé à une revendication du parti: "l'annonce par le Premier ministre de la création d'une, commission du dialogue dès la semaine prochaine, il répond à la proposition d'EELV de mise en place d'une médiation". "Le compte n'y est pas", a au contraire jugé le Parti de gauche, la formation de Jean-Luc Mélenchon, qui exprime toujours son "refus du projet". A droite, le maire UMP de Bordeaux Alain Juppé a qualifié la proposition du gouvernement de "reculade". "On crée une commission, c'est-à-dire qu'on diffère le projet", a-t-il dit. Quant à l'Union des démocrates indépendants (UDI) de Jean-Louis Borloo, elle en a "appelé au gouvernement pour qu'il suspende son projet et s'engage dans une véritable médiation neutre et objective".
La commission du dialogue reste encore à encore à définir
Mais une fois la commission proposée, Jean-Marc Ayrault fait face à deux écueils. Tout d'abord, il s'agit de réussir à en faire accepter le principe aux adversaires du projet sur le terrain. Or ceux-ci ne veulent y participer que si les forces de l'ordre se retirent préalablement du site. Niet du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, selon qui le dialogue doit se faire "sans conditions".
Voici les propos de Manuel Valls ministre de l'intérieur
"Chaque fois qu'il le faudra, (le gouvernement) fera intervenir les forces de police", a aussi prévenu la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, lors du "Forum" Radio J. Autre question clé, le rôle et la nature de cette commission. S'exprimant sur RTL, le patron des députés écolos, François de Rugy, a reconnu que "bien sûr, nous n'avons pas compris que cette commission de dialogue signifiait l'arrêt pur et simple du projet. Il ne faut pas mentir aux gens". Mais il a dit espérer que ce ne soit pas qu'une "commission de propagande".
Or les propos de Najat Vallaud-Belkacem dimanche sont plutôt de nature à doucher ce voeu: la porte-parole du gouvernement limite le rôle de la commission à "exposer à toutes les parties prenantes la réalité des travaux réalisés, de leur impact sur la biodiversité". Elle la qualifie ainsi de "commission d'informations partagées qui permettra au dialogue de se renouer dans de bonnes conditions". Et de fermer le ban : "On en est aujourd'hui à l'étape de la mise en oeuvre" du projet d'aéroport.
"La carotte et le bâton"
Le politologue Stéphane Rozès, interrogé par l'AFP, ne "croit pas que le gouvernement recule". Il pense plutôt qu'il "manie la carotte et le bâton : il essaie de trouver un compromis entre la fermeté sur les pratiques, et puis l'écoute, le dialogue sur le fond du dossier". Frédéric Dabi, de l'Ifop, estime lui que "la mise en place d'une commission du dialogue est en adéquation avec l'image d'homme ouvert" du Premier ministre.
D'après lui, "Notre-Dame-des-Landes ne sera pas la hausse de la TVA qui avait fait plonger Juppé. Mais (Jean-Marc) Ayrault a intérêt à ce que ce conflit cesse et qu'il ne se transforme pas en mauvaise petite musique".
Sur le terrain les opposants restent prudents et appellent à défendre demain les cabanes reconstruites
Reportage Vincent Raynal et Boris Vioche
( source AFP )