On le croirait sorti d'un roman de Tolstoï, Il est originaire de Tiffauges en Vendée et a vécu en Terre Sainte avant de partir en Russie: depuis 18 ans, le père Basile est moine orthodoxe en Tchouvachie où il s'est russifié.
Basile est devenu Vassili
Barbe grisonnante et soutane noire, Basile Pasquiet est devenu un personnage incontournable au monastère de la Sainte-Trinité à Tcheboksary, capitale de la petite république de Tchouvachie (700 km à l'est de Moscou). Agé de 54 ans, "Vassili" (Basile, en russe) y a occupé toutes les fonctions avant de devenir l'Archimandrite ou le Supérieur, c'est-à-dire le chef du monastère où les fidèles lui baisent la main quand il traverse la cour pour aller de son bureau à l'église. "Je vis au rythme de l'Eglise russe orthodoxe et de son calendrier (julien)", dit le père Basile, qui célébrera Noël le 7 janvier, soit deux semaines après le Noël fêté par les catholiques, les protestants et certaines églises orthodoxes, notamment la grecque et la bulgare.Originaire de Tiffauges en Vendée
Parlant le russe qu'il a appris sur le tas, ce Français a été "conquis" par ce pays: "D'une certaine manière, je m'assimile, je me suis, russifié", dit-il. Rien ne prédestinait pourtant cet homme originaire de Tiffauges, petit villagecatholique de Vendée, à devenir moine à Tcheboksary, ville d'un demi-million d'habitants à 3.500 km de là.
Mais dans la vie, "il y a des aventures, des rencontres, on cherche un peu partout", dit le père Basile, septième d'une famille très catholique de neuf enfants. Durant ses études, il découvre le rite oriental orthodoxe.
Une vie d'aventure spirituelle et humaine
A 22 ans, il entame sa vie de moine et part à Jérusalem où il passe plus de 10 ans. Pendant cette période, son attrait pour l'orthodoxie se renforce. "On baignait dans l'orthodoxie russe" après l'arrivée de nombreux Russes en Israël au début des années 1990, après la chute de l'URSS, ajoute-t-il. En 1993, le père Basile quitte son monastère à Jérusalem et décide de se rendre en Russie "tout à fait à l'aveuglette", avec un visa de tourisme. Ne parlant pas un mot de russe, il débarque au patriarcat de Moscou avec la ferme intention d'entrer dans l'Eglise orthodoxe. Deux mois plus tard, il est affecté en Tchouvachie. D'abord dans un petit village paysan, puis à Alatyr, une ville d'environ 40.000 habitants. Au début, l'intégration n'était "pas facile", raconte le père Basile, seul étranger au monastère de la Sainte-Trinité, qui compte une quarantaine de moines. Il a obtenu la citoyenneté et le passeport russes en 1998, après de multiples tracasseries dues à la méfiance des services secrets qui ont "fini par admettre qu'un espion français n'aurait pas grand chose à faire en Tchouvachie profonde". Au fil des années, le Vendéen s'est tellement bien adapté à la Russie qu'il retourne "assez rarement en France", où ses voyages sont de courte durée. Installé définitivement en Russie
Le quinquagénaire aurait pu retourner exercer dans son pays natal mais son cour a finalement penché pour la Russie. "Il y a eu des tentatives ces dernières années de me faire revenir en France chez les Orthodoxes. J'ai beaucoup hésité. Finalement, ma foi a penché pour ici", sur les bords de la Volga, dit-il. "Les Russes m'ont beaucoup appris. Les Français ont beaucoup à gagner au contact des Russes", estime le père Basile. "Les Russes sont profondément religieux, la foi renaît", dit-il en référence à la renaissance de l'Eglise orthodoxe depuis la chute de l'URSS, où l'athéisme a été au cour de l'idéologie soviétique pendant plus de 70 ans. "Il y a plein de choses à faire en Russie, alors que l'Europe est un peu sclérosée, blasée", estime "Vassili", moine depuis 32 ans.( source AFP)