Procès de Tony Meilhon à Nantes : le récit du premier jour d'audience

Le procès de Tony Meilhon, âgé de 33 ans, a débuté mercredi aux Assises de la Loire-Atlantique à Nantes. Il est accusé d'avoir enlevé et tué Laetitia Perrais en janvier 2011 avant d'en démembrer le corps et d'en dissimuler les morceaux dans deux plans d'eau.

Voici le résumé ante-chronologique de cette première journée d'audience.

17h35 : La première journée d'audience est terminée, reprise demain jeudi à 9h00



17h25 :  J'ai toujours été déçu par les femmes

Le président demande à Tony Meilhon quelles ont été ses relations avec les femmes. "À quel âge avez vous eu votre première relation sexuelle ? "Avec mon frère, j'avais 9 ans, on jouait à touche pipi avec une fille". Vous avez indiqué aux enquêteurs que c'était à 15 ans ! "Les enquêteurs je les ai enfumés comme je voulais" ! Vous avez eu des relations suivies ? Oui mais non, quand j'étais en prison, j'avais une amie qui me disait que tout allait bien, et quand je suis sorti, mes potes m'ont dit qu'elle était avec un autre. J'ai toujours été déçu par les femmes".


17h20 : Me de Oliveira aborde la question de la pêche loisir...

"Vous vous souvenez d'être allé à Lavau ?" "Oui on allait à la pêche à Lavau je saurai pas dire avec qui".
"Vous parlez de sévices sur des animaux, mais on a un témoignage qui indique que vous avez fait subir des sévices à un chien. "Ce chien c'était le souffre douleur du quartier, on croyait qu'il avait la rage, qu'il était cancéreux. C'est vrai je l'ai mis dans le four, mais pas chaud et pas longtemps. Juste comme ça c'est pas grave". C'est vrai j'ai  tué un chien, c'était celui de mon beau-père, il avait tué mon chat, j'ai mis son chien dans un sac et balancé dans la Loire... Mais c'est pas important" !

17h05 : Tony Meilhon se reconnait une personnalité impulsive

"Si j'avais eu un parcours classique, peut-être j'aurais changé. J'ai été éduqué dans un milieu comme ça, il est pas illogique que j'en ressorte comme je suis". "La première fois que j'ai été incarcéré je l'ai été 6 mois, si je l'avais été une semaine j'aurais pas appris tout ce que j'ai appris". "J'avais un oncle qui tenait un bar à putes quai de la Fosse... On peut pas résumer une vie en quelques heures" !

Le président : "on vous prête une difficulté avec l'autorité des adultes. "Je suis contre l'autorité, la dictature de l'adulte, si on ajoute la maltraitance on peut pas obtenir autre chose..."

Vous faisiez peur à tous ? "Faut arrêter la parano, ils savaient (sa famille) plus de choses sur moi que moi ! Les adultes vous les avez vécus comme des adversaires ? Tony Meilhon se croise les bras et ralentit sa parole. "Le fait que mon père m'a pas éduqué, ça m'a pas aidé" "Si on m'avait appris le relationnel enfant adulte j'aurais sans doute pas été comme ça. Je veux passer pour une victime,mais bon voilà...! Silence.

Le président reprend et demande s'il a subi des violences sexuelles ? Non catégorique.

17h00 : Tony Meilhon bras croisés parle brièvement de son père absent

"Je le voyais rarement, un jour, j'étais petit, il m'a offert une tortue. Le soir après le repas je l'ai jamais retrouvée... le jardin était parfaitement fermé, les autres me l'avaient enlevée".
 

16h40 : Mon beau père avait des problèmes avec l'alcool et on m'a placé

Votre instituteur à la Chabossière dit de vous, "ce n'était pas exactement un bon élève mais il ne posait pas de problème", dit le président. "Je vais vous expliquer Mr le président, le jour de la rentrée de 6ème, je voulais pas y aller, et c'est ma mère qui m'a conduit. Il y a eu une bagarre avec un chaud de 4ème. Je l'ai boulé et depuis je suis devenu un chaud dans le collège. Ma réputation s'est faite comme ça ! Ma mère a demandé mon placement. Mais voilà à 11 ans j'avais un pote qui était à l'armée et qui me faisait fumer du chit. Ma mère s'est remariée et on est tous partis de la maison à cause de ce beau-père avec qui on s'entendait pas. À 11 ans, comment on fait quand on se retrouve dehors" ?

Quand j'ai été placé j'ai eu droit au bizutage, brûlures de cigarettes, claques de cowboy, mais j'ai pas balancé, quand il y a eu des nouveaux au foyer de La Montagne je les ai bizutés et j'ai été balancé alors voilà..."

Le président : un éducateur signale votre difficulté à vous conduire en face de l'autorité des adultes. "Quand je suis arrivé la bas, je fumais pas de cigarettes quand je suis ressorti je fumais, et pourtant j'en avais pas" ! Vous avez changé de foyer ? "Oui alors là c'est la cata totale". Au foyer Moisson Nouvelle, j'ai suivi le chemin de tout le monde. J'ai été testé, j'ai pas balancé". Plus on grandit et plus on est costaud et plus on s'impose". Le président précise, vous étiez perçu comme agressif et autoritaire, placé à la demande de votre mère... "J'avais 13-14 ans, avec tout ce que j'ai vécu avant, avec tous ceux qu'étaient là, il y en a la moitié en prison. C'est là que j'ai appris mes premiers vols à l'étalage, mes premiers deals, y avait des élèves qui donnaient des coups d'extincteurs aux éducateurs j'ai jamais fait ça"! "On m'a cassé mon nez".
Le président, dans un rapport on lit : il voue une haine farouche à son beau-père, il vit dans le sentiment d'abandon de sa mère. "À cette époque, le seul moyen qu'avait trouvé le beau-père de créer des liens avec un enfant c'était de faire la tournée des bars et de boire du vin".

Le président : votre sœur témoigne de la façon effectivement dont votre beau-père se défiait de vous.


16h22 : reprise de l'audience

Le président demande à Tony Meilhon de revenir sur son histoire jusqu'à ses 15 ans avant ses démêlés judiciaires.

Tony Meilhon se tient les mains, et raconte le début de sa vie, le divorce de ses parents quand il avait trois ans. Les bons souvenirs qu'il garde de son père. Et de la distance dans laquelle sa mère a toujours tenu son père. Il raconte comment un jour à l'école, la classe a ri de lui parce qu'il ne savait pas dire ou raconter quelle était la profession de ses parents, comment il s'est bagarré pour se défendre de cette humiliation. 
"Un jour on habitait Couëron, ma mère avait quitté le foyer, on était avec mon frère et ma sœur, un homme s'est approché de moi comme je jouais dans la rue. Il  m'a dit comment tu reconnais pas ton père ? On a pleuré, ma mère criait".

"Ma mère a eu un autre enfant avec un autre homme. Un jour je croyais que ma mère pleurait dans sa chambre, j'étais le chouchou, je suis entré, elle était avec un autre homme, enfin voilà..." Et ensuite elle m'a rejeté. Mon beau père m'a toujours rejeté. J'avais un chat, il a pris un doberman ! Il m'a toujours rejeté comme un ennemi". J'ai toujours était la teigne à la maison, mon frère disait amen à tout. Il était le feu vert et moi le feu rouge" ! Il se tient mobile sur ses jambes, les bras croisés.
 

15h55 : l'audience est supendue pour un quart d'heure



15h50 :Tony Meilhon : on n'est pas là pour faire des mathématiques

Le président, cette version est contradictoire, vous ne voulez pas nous donner le nom de la personne qui vous a aidé ? "Non c'est impossible". Quelle aide vous a porté cette personne et pour quoi l'avez vous contacté ? "La personne m'a aidé à démembrer le corps, je savais que je pouvais le lui demander, cette personne est elle même dans une situation difficile, elle ne pouvait pas me refuser". Pourquoi avoir envoyé un SMS tardivement sur le téléphone de Laëtitia ? Je ne savais plus ce que je faisais, à Lavau je vomissais partout. J'ai pensé que les enquêteurs retrouveraient mon ADN... J'ai envoyé un SMS qui n'a pas marché. J'ai recommencé pour essayer de m'établir un alibi..."

Me Rousseau demande si Mr X est dans les témoins qui seront appelés à la barre. Tony Meilhon : "les équations mathématiques c'est pas trop leur place ici... mais je ne vous dirait pas qui s'est" 
 

15h30 : Tony Meilhon livre une nouvelle version des faits et invoque un complice

Le président de la Cour d'Assise termine la lecture des faits, il rappelle à Tony Meilhon le chef d'accusation. Qu'il risque la réclusion à perpétuité.

Et demande à Tony Meilhon s'il conteste et reconnaît les faits. "Une partie en vérité, une partie non. Je reconnais l'accident, une partie des coups de couteau, je ne l'ai pas démembrée, j'ai jeté les membres à Lavau, pas le tronc à l'étang de Briord que je ne savais pas où c'était".
Qui a jeté le tronc dans l'étang de Port-Saint-Père demande le président ? "ll y a quelqu'un d'autre que je ne mettrai pas en cause, je ne donnerai pas l'identité de cette personne. pour la bonne raison que c'est moi qui ait fait appel à lui, lui remettant des armes et autres choses"...

Le président, c'est une version que vous n'avez pas présentée. Tony Meilhon : "Alain Duhaut est absolument innocent." "Les coups de couteau ont été portés avant sa mort". Vous reconnaissez que c'est vous qui les avez portés ? "Oui c'est moi" Vous reconnaissez l'étranglement ? Oui mais c'était bien avant au cour de la soirée mais ce n'est pas ce qui a donné la mort".
Vous contestez les experts ? "Oui tout à fait je discrédite cette hypothèse". "Je n'ai pas menti, je n'ai pas dit la vérité à 90% des faits".
Et sur les circonstances de l'accident ? "Je pense qu'elle est morte par asphyxie, les stupéfiants, y avait pas de lampadaire, je roulais sans phares, les experts ne peuvent pas affirmer que j'avais l'intention de la percuter. Ensuite j'ai pensé qu'elle était décédée, j'étais pris de démence, instinctivement du fait de mon parcours judiciaire, du déroulement de ma vie, je voulais m'en sortir et en fait, plus je m'enfonçais".
 

15h10 : Tony Meilhon reste les yeux baissés

Le président poursuit le rappel des faits, Tony Meilhon reste les yeux baissés. Même quand le président de la Cour d'Assises cite son premier témoignage. "Il y a eu un choc et la voiture s'est soulevée. C'était le scooter et le corps de Laëtitia, j'ai fait n'importe quoi, je pleurais, ce n'était plus moi, c'était le diable, j'ai pensé que personne ne m'avait vu, j'ai jeté le corps dans la Loire depuis le pont de Saint-Nazaire".
 

15h00

Le président aborde la question des blessures relevées sur le corps de Laëtitia Perrais. Son décès ne résultait pas de sa chute. Pour autant, on dénombre 44 plaies résultant de coups, portés par une arme blanche, et traces de rippage, des ecchymoses et contusions vitales, une lésion vitale au cou montrant une trace de strangulation...
Les examens effectués sur le corps démembré ne permet pas d'affirmer qu'il y ait eu viol, des traces d'ADN prostatique appartenant à Tony Meilhon ont été retrouvées dans la bouche de Laëtitia Perrais...
 

14h50

La lecture des faits se poursuit, le président déroule l'implacable chronologie des actions, des rencontres, des échanges entre les divers protagonistes, s'appuyant sur les horaires des appels par téléphone portable ou échanges de SMS... Comme celui ci envoyé dans la journée du 19 janvier par Tony Meilhon à Laëtitia Perrais : "Excuse moi pour ce que j'ai fait et dit hier soir, je n'étais pas dans mon état normal".

Tony Meilhon regarde toujours le sol.
 

14h40

Les témoins sortent de la salle d'audience, il n'ont pas le droit de s'exprimer, d'assister à l'audience ou de communiquer entre-eux.
Me Benbrahim se tourne vers Tony Meillhon pour un échange rapide.

Le président donne lecture des faits. Le 18 janvier 2011 Laëtitia Perrais a travaillé jusqu'à 22h à l'Hôtel de Nantes comme à l'accoutumée. On l'a vue pour la dernière fois vers 1 heure du matin le 19 janvier en compagnie d'un homme que les divers témoins devaient identifier comme étant Tony Meilhon...

Durant la lecture des faits, Tony Meilhon reste penché, appuyant son menton sur ces deux mains jointes et regarde le sol. De temps en temps il redresse la tête. Au bout d'un long moment, il se redresse, croise les bras mais son regard fixe le sol.
 

14h30

Issam Benayde, témoin important selon le président n'est pas présent à l'audience, son adresse : à Nantes, est trop vague, le président demande à Tony Meilhon s'il connaît l'adresse du témoin, Meilhon se lève et répond en se penchant vers le micro pour préciser, affable et laconique, "au centre pénitentiaire" !
 

14h20

Le Président appelle les témoins pour leur signifier la date de comparution devant la Cour d'Assise de Loire-Atlantique. De nombreux témoins ne sont pas venus à cette première audience, le président demande l'aide de la gendarmerie pour les localiser et les amener à comparaître.

La mère et le frère de Tony Meilhon, présents à l'audience, seront entendus demain jeudi après-midi. La sœur de Tony Meilhon fait produire un certificat médical précisant son incapacité à se présenter devant la Cour d'Assises. Le président décide pour elle de passer outre.

Gilles Patron absent, sera entendu comme témoin jeudi 30 mai après-midi, Michèle Patron également.

Franck Perrais, père de Laëtitia et partie civile, sera entendu le 30 mai le matin.

Pendant cette longue énumération des témoins Tony Meilhon prend des notes.
 

14h10 : reprise de l'audience

Le président donne connaissance de l'arrêt rendu par la cour
Pour la mère de l'accusé, le trouble ne constitue pas un trouble directement causé,
Pour Gilles et Michèle Patron, la victime faisait l'objet d'une mesure de placement, il n'y avait aucun lien de famille et si il y a eu vie familiale, le placement de la victime faisait l'objet d'un contrat rémunéré, les lien familiaux ne pouvant être établis le préjudice direct ne peut être retenu.
La cour considère irrecevable les demandes de constitution de partie civile des familles.


10h37 : La Cour se retire pour délibérer, l'audience est suspendue jusqu'à 14h


10h35 : Me Benbrahim

"Les Patron ce n'est pas les Ténardier, la constitution de partie civile ne peut être retenue du seul fait de la souffrance réelle ou supposée des familles".


10h20 : Me Rouiller justifie sa demande de constitution de partie civile

"Au fil du temps les constitutions de partie civile sont devenues nécessaires du fait de la procédure engagée contre Gilles Patron". "Les deux jeunes filles ont fait l'objet d'une assistance éducative à 5 ans et demi. Placement provisoire parce qu'elle étaient peut être en danger, puis placement dans la famille Patron qui devient petit à petit la famille des deux jeunes filles". "6 années de vie commune et continue entre les enfants et la famille d'accueil. Les albums photos en témoignent". "Qui s'est occupé après la découverte du drame de l'organisation et des frais de sépulture ? La famille Patron, dont l'action a été soulignée par les services du conseil général".


10h05 : Me Chotard défend sa demande au nom du préjudice subi

"Le battage médiatique qui a conduit stupidement (sic) le président de la République a intervenir dans le débat doit être pris en compte". "Mme Ben Bellal revendique le droit à comparaître au côté des victimes". "Ma cliente ne veut pas échapper, en ce constituant partie civile, à son statut de témoin".


9h55 : l'avocate générale conteste les constitutions de partie civile des consorts Patron

"Le caractère direct du préjudice doit être démontré pour se constituer partie civile. Mr et Mme Patron sont liés par contrat avec le Conseil Général. La demande de constitution de partie civile des consorts Patron et de Mme Coignard (épouse Ben Bellal et mère de Tony Meilhon) doit être rejetée.


9h40 : les avocats font état de leurs demandes ou renouvellement de parties civiles pour les familles

Me d'Oliveira récuse la constitution de partie civile de la famille Patron, "on ne se constitue pas partie civile au nom de la douleur ou de la souffrance".

"Gilles Patron sera convoqué devant la cour d'assises dans une autre affaire."

Jessica Perrais ne sera pas présente dans la salle, elle ne veut pas faire face à l'accusé".

9h30 : Le président demande à l'accusé de se présenter

Tony Meilhon, tee shirt blanc et blouson noir, cheveux longs attachés en catogan, décline son identité d'une voix sure et détachée :
"Tout d'abord bonjour, je m'appelle Tony Meilhon, je suis célibataire, je suis né le 14 août 1979, sans emploi et je suis incarcéré actuellement à la maison d'arrêt de Nantes".


9h20 : ouverture de l'audience par le président de la Cour d'Assises de Loire-Atlantique, Dominique Pannetier.


Les jurés ont été tirés au sort, les jurés prêtent serment.


8h15 : Arrivée de Tony Meilhon sous escorte


 

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