Affaire Laetitia : trois choses à savoir pour le procès de Tony Meilhon

Le procès de Tony Meilhon s'ouvre mercredi pour près de trois semaines devant la cour d'assises de Loire-Atlantique. L'homme de 33 ans est accusé d'avoir enlevé et tué Laetitia Perrais en janvier 2011 avant d'en démembrer le corps et d'en dissimuler les morceaux dans deux plans d'eau.

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Le rappel des faits 

  • Laetitia Perrais est vue en vie pour la dernière fois dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011 en compagnie de Tony Meilhon avec qui elle prend des verres à La Bernerie-en-Retz, près de Pornic (Sud Loire)
  • Le 19 au matin, Jessica donne l'alerte, après avoir découvert le scooter de sa soeur, accidenté sur le bas-côté d'une route, à quelques centaines de mètres seulement de leur domicile.
  • Le 20 janvier au matin, guidés par des témoignages, le GIGN interpelle Tony Meilhon dans une maison d'un hameau isolé, Le Casse-pot, où il est hébergé, à Arthon-en-Retz.
  • Confondu par des traces de sang dans sa voiture, Tony Meilhon affirme avoir tué accidentellement la jeune fille puis avoir jeté le corps dans la Loire depuis le pont de Saint-Nazaire. Il se mure ensuite dans le silence.
  • Le 1er février 2011 les plongeurs de la gendarmerie retrouvent la tête, les bras et les jambes de la victime, enroulés dans un grillage et immergés dans un étang de Lavau-sur-Loire, à une cinquantaine de kilomètres au nord du lieu de disparition de Laetitia.
  • Le 9 avril 2011, le buste est finalement repéré, flottant à la surface d'un étang situé, lui, au sud de la Loire, à Port-Saint-Père.


Tony Meilhon, une personnalité complexe


  • Trois ans après les faits, Tony Meilhon continue d'affirmer qu'il a mortellement blessé Laetitia en la heurtant accidentellement avec sa voiture alors qu'elle rentrait en scooter chez elle,selon son avocat Me Fathi Ben Brahim.
  • Il devrait tenter de défendre cette thèse, durant le procès, s'il accepte de comparaître. Il est actuellement placé à l'isolement.
  • L'étude de la personnalité de cet homme, qui depuis ses 16 ans a passé plus de temps derrière les barreaux qu'en liberté, tiendra une place importante. Les jurés entendront également les médecins chargés de l'autopsie, laquelle a établi que la mort a été causée non par un accident de scooter, mais par un étranglement suivi ou accompagné de plus de 30 coups de couteau.
  • Tony Meilhon devra en outre affronter des témoins qui l'ont vu avec la victime dans la soirée, dans un état de grande nervosité causé tant par l'alcool que par des drogues. Et aussi des amis de Laetitia qui ont reçu cette nuit-là plusieurs messages et SMS alarmants de celle-ci.
  • Tony Meilhon, déjà condamné par le passé à plusieurs peines de prison notamment pour vol avec violences, doit répondre d'enlèvement suivi de mort, un crime passible de la réclusion criminelle à perpétuité.

Une douzaine de parties civiles au procès

  • Au moins 40 témoins, une douzaine de parties civiles et une centaine de journalistes sont attendus pour ce procès 
  • Première juridique, la mère de Tony Meilhon a annoncé son intention de se constituer partie civile contre son fils, estimant que son crime rejaillit sur elle, selon son avocat, Me Yvon Chotard.

" Ce n'est pas parce que Tony Meilhon a été son fils, est son fils, qu'elle a obligation inconditionnelle d'être dans son clan", Maitre Yvon Chotard, à propos de la mère de Tony Meilhon


  •  
  • Parmi les autres parties civiles, Jessica Perrais sera défendue par Me Cécile de Oliveira, son père biologique Franck Perrais et la famille de celui-ci par les successeurs de Me Olivier Metzner, décédé en mars dernier, et sa mère biologique Sylvie Larcher par Me Benoit Rousseau.
  • Ces trois parties ont d'ores et déjà annoncé leur intention de s'opposer à la demande de constitution de partie civile du père d'accueil des jumelles, Gilles Patron, que compte déposer son avocat Me Pascal Rouiller.
  • L'affaire Laetitia avait en effet connu un rebondissement sordide quelques mois après le crime avec la mise en examen de M. Patron pour viols et attouchements sur Jessica. Ce volet, totalement indépendant du dossier Meilhon, n'a pas encore été jugé.




La justice en colère
Le 03 février 2011, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, est en déplacement à Orléans. Il provoque la colère des magistrats en annonçant que les "dysfonctionnements graves" des services de police et de la justice qui ont permis la remise en liberté de Tony Meilhon seraient sanctionnés.

"Quand on laisse sortir de prison un individu comme le présumé coupable sans s'assurer qu'il sera suivi par un conseiller d'insertion, c'est une faute. Ceux qui ont couvert ou laissé faire cette faute seront sanctionnés, c'est la règle", déclare alors Nicolas Sarkozy. "Quand il y a une faute qui conduit à un tel engrenage, nos compatriotes ne comprendraient pas qu'il n'y ait pas de sanction (...) il y a eu un certain nombre de dysfonctionnements côté justice et côté police (...) nous prendrons des mesures pour que les responsabilités soient assumées et que des décisions soient prises."

Suite à ces propos, une fronde des magistrats part de Nantes avant de se propager à quasi tout les tribunaux de France. Leur révolte est rejointe par une quinzaine d'organisations de magistrats, d'avocats, de policiers et d'agents pénitentiaires. Les professionnels de la justice attribuent les défaillances qui leur sont reprochées au manque de moyens et d'effectifs auxquels ils s'estiment confrontés. 
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