Évacuée en mars 2023, la résidence du Gyptis dans le 3e arrondissement de Marseille courait un risque grave d'insalubrité. Squat pour dealers, branchements électriques dangereux, l'un des propriétaires possédait 29 de ces studios. Il comparaît devant la justice ce jeudi 30 janvier et risque jusqu'à 10 mois de prison.
Le plus grand propriétaire du Gyptis, la résidence insalubre située dans le 3e arrondissement de Marseille et évacuée en mars 2023, comparaît de nouveau devant la justice pour soumission de personnes vulnérables à des conditions d'hébergement indigne. Le procès débute ce jeudi 30 janvier et le jugement sera rendu dès le lendemain, le 31 janvier.
Propriétaire de 29 studios insalubres
Il est considéré comme le principal copropriétaire de la résidence Gyptis dans le quartier de la Belle-de-Mai, au cœur du 3e arrondissement de Marseille, le plus pauvre de la ville. La justice reproche à cet ancien représentant CGT du Mcdo de Sainte-Marthe d'avoir logé des résidents dans ses 29 studios insalubres et d'avoir perçu indûment des loyers.
L'homme pouvait percevoir jusqu'à 400 euros de loyer, alors que plusieurs arrêtés de péril et d'insalubrité le lui interdisaient. Son avocate nous indique que les circonstances s'étaient dégradées, malgré les appels à l'aide auprès des autorités. "La situation du quartier et de cette copropriété a fait qu'à un moment donné plus rien n'était possible et surtout après le Covid, il n'a plus signé de baux avec qui que ce soit", explique Maître Isabelle Ansaldi.
Sur l'ensemble de la résidence, 269 appartements étaient en état de délabrement avancé, en proie aux fuites d'eau, à des branchements électriques dangereux et où des trafiquants avaient implanté un point de vente de stupéfiants. Le Gyptis était frappé d'un arrêté d'insalubrité depuis juillet 2022.
Pour Aurélien Leroux, avocat de quatre de ces locataires, "la soumission de personnes vulnérables dans des conditions d'hébergement contraires à la dignité humaine, c'est l'infraction la plus grave". "C'est vraiment profiter de la misère et de la vulnérabilité des personnes pour les soumettre à des conditions de vie qui sont indignes", ajoute-t-il.
Jusqu'à 10 mois de prison
Souhaitant mettre fin au marché du mal-logement et menant une guérilla contre les marchands de sommeil, la ville de Marseille s'est constituée en partie civile. "Le prévenu coche ici toutes les cases de ce qu'on peut reprocher à un propriétaire délinquant. La mairie lui reproche également de ne pas avoir respecté l'obligation légale qui lui appartenait de reloger les occupants quand on a évacué cet immeuble qui était dans des conditions insupportables de vie", nous explique Me Jorge Mendes-Constante, avocat de la mairie de Marseille.
Le jugement sera rendu à la fin du procès, ce vendredi 31 janvier. Abdelmajid Bensaid-Aouel encourt au maximum 10 ans de prison pour ces faits.
En juillet dernier, deux propriétaires du Gyptis ont eux été condamnés par le tribunal de justice. L'un à trois mois d'emprisonnement avec sursis et 8 000 euros d'amende, l'autre à 120 jours-amendes à 80 euros. Les deux prévenus ont aussi été condamnés à rembourser à leurs locataires les loyers indûment perçus, soit autour de 2 000 euros mensuels de mars à octobre 2022, ainsi que 1 200 euros à chacun en réparation de leur préjudice moral. Ils ont par ailleurs été interdits d'acquérir un bien immobilier à usage d'habitation ou commercial, ainsi que d'exercer définitivement l'activité professionnelle de location de logements.