Dans le 3e arrondissement de Marseille, la cité du Gyptis est sur le point d'être évacuée. Point de deal, squatteurs, dégradations majeures… les occupants de l'immeuble ne peuvent y rester plus longtemps. Du côté des propriétaires, c'est le désarroi.
Dans le quartier de la Belle-de-Mai, au cœur du 3e arrondissement de Marseille, se trouve l'immeuble le Gyptis, symbole de l'habitat indigne. Derrière la façade : l'enfer. L'insalubrité est partout. Déchets amoncelés, parties communes détruites, traces de sang sur les murs.
Deux tiers des studios des propriétaires sont squattés. Notre équipe de reporters Laure Bourgouin-Gardner et Thierry Bezer s'est rendue sur place. Ils ont pu rencontrer des propriétaires, désemparés. Depuis des mois ils n'osent même plus entrer dans l'immeuble.
Ils se retrouvent privés de loyers, tout en payant charges et impôts. Certains sont à bout, comme Tanguy : "Financièrement je coule, j'ai dû suspendre récemment le crédit pour les appartements, je n'y arrive plus et c'est très très dur à vivre, je ne vois pas d'issue... Et ce n'est pas quatre policiers qui vont venir déloger ou rétablir l'ordre dans un immeuble de 270 logements où il y a plusieurs centaines de squatteurs."
Municipalité, syndic et propriétaires ont cherché à sécuriser et à réaliser des travaux, aussitôt détruits. Une situation hors de contrôle qui surprend même la police.
"On n'a jamais vu une cité comme le Gyptis"
"Quand on discute avec des collèges CRS, ils nous disent : 'on a fait toutes les grosses villes de France même les plus compliquées, on n'a jamais vu une cité comme le Gyptis', raconte Rudy Manna, secrétaire départemental Alliance Police des Bouches-du-Rhône. (…) Nous, policiers marseillais, on appelle cette cité Walking Dead." Une célèbre série sur les zombies.
Malgré leurs multiples appels à l'aide auprès de l'Etat , les propriétaires se sentent abandonnés et impuissants. L'arrêté d'évacuation de l'immeuble, frappé d'insalubrité depuis des mois, devrait être exécuté dans les prochains jours.