Dans 4 jours, on connaîtra le verdict de la cour d'assises. Les huit jours d'audience passés, ont permis de saisir la véritable dimension de l'accusé.
La vérité des assises
La cour d'assises dans son rituel, son rythme et ses débats, reste le théâtre de la crue vérité. Une révélation, qui jaillit aux yeux de l'audience dans ce procès. Avec une question terrible, glaçante, avons-nous, nous tous, sous-estimé finalement l'accusé."On naît soit pour être une victime, soit un prédateur"
C'est la phrase citée par le capitaine des gendarmes, auditionné lundi, dans sa conclusion. Tony Meilhon l'a prononcée pendant sa garde à vue. En fonction des contradictions apportées par les enquêteurs Tony Meilhon se mure dans le silence. Et livre parfois des témoignages spontanés dans les moments de pose... "Il indique avoir eu un rapport sexuel consenti avec Laëtitia sur le capot de la voiture." Sur la question de la rencontre à Saint-Herblain il dit : "ce n'était pas à ce moment là et Bouvet raconte n'importe quoi !"Meilhon se livre peu et évoque souvent la mort. "Lorsque les questions se faisaient plus précises, il indiquait qu'il lui restait quelques heures à vivre. Disant : passe moi le pétard qu'on en finisse !"
Et le capitaine ajoute en conclusion :
"il nous a dit, On naît soit pour être une victime, soit un prédateur !"
Mr X
L'accusé, dans ses derniers retranchements, acculé, lors des interrogatoires devant la cour, sort Monsieur X comme son complice, son double possible chargé des basses oeuvres. Mr X lui donne des idées,toujours lundi dernier à l'audience ,Il m'a dit, tu prends la scieIl m'a dit on va faire comme Dexter, vous savez c'est une série américaine où on coupe les corps et on les jette dans l'eau.
"C'était inconcevable, j'ai commencé par le bras gauche, j'ai mis trois quatre coups, j'ai... arrêté j'ai pas pu faire, il m'a dit je m'en occupe, après on s'est partagé les morceaux.
Mardi dernier avant l'audience des médecins légistes, Mr X revient dans le box....
"Qu'est-ce qui vous a poussé à nous parler de Mr X ?"
J'en ai discuté avec mon conseil qui m'a dit il faut dire la vérité, et là je vous dis la vérité mais je ne vous dirais pas qui c'est...
"Mais nous ne pouvons vérifier cette vérité..."
Me De Oliveira : vers quelle heure avez vous porté les coups de couteau...?" "Vers une heure du matin..." La visibilité était comment, la lune était comment ?" "Elle était rouge."
"C'est pas inquiétant de laisser Mr X en liberté ?" Tony Meilhon a demi-voix :
"Je pense qu'il y en a beaucoup à l'extérieur..."
Jeudi, en fin d'après-midi, Mr X encore, Meilhon s'excuse auprès des témoins "j'ai fait beaucoup de mal, je pense pas que je mérite de vivre même pendant 100 ans, la douleur pour ces proches tout ça, je m'arrête... Je sais plus comment dire les choses.
Le président : "C'est en contradiction avec ce que vous avez dit." "Tout à fait…"
Vous semblez vouloir mesurer la souffrance des familles mais, pour autant vous ne nous dites pas qui est Mr X, vous ne pouvez pas nous dire la vérité ?" "Non."
Me De Oliveira, "Vous avez perdu un ami quelques temps avant les événements, vous avez écrit à cet ami à ce moment là. Vous trouvez des mots justes devant cette cour d'assises, Mr le président vous demande qui est Mr X, vous ne voulez pas nous dire les mots justes ?" Non je ne vous dirai pas." "Tout le monde vit avec quelqu'un d'autre que soit…" "Oui, mais je ne dirai pas qui est Mr X."
"Mr X saurait trouver les mots justes comme vous ?" "Je ne vous... .""-Monsieur X c'est vous ?" "-Je ne vous répondrai pas."
"Mr X est quelqu'un d'exceptionnel, costaud organisé…il prend des décisions…"
"Je ne vous répondrai pas. Vous êtes aveuglée par vos convictions, vous voulez me faire dire ce que je n'ai pas fait, je ne peux pas vous répondre."
Un sac de ciment
Devant les experts et le président qui l'interroge.. Il compare, froidement, le corps de Laëtitia "C'est une mauvaise comparaison, mais un sac de ciment, ça se transporte". À 16 heures mardi, il lâche.."-Mr Meilhon vous nous donnez plusieurs versions, vous nous expliquez que vous portez des coups de couteau de la main droite pour ne pas qu'on vous retrouve, vous avez pu l'étrangler et porter en même temps des coups de couteau…"
-Ben apparemment je l'ai étranglée avant et mis les coups de couteau après…
"Mais c'est incohérent avec les faits…"
je l'ai étranglée après alors…"
"-Combien de coups de couteau Mr Meilhon…"
"-19?" "-Non 44 !" Tony Meilhon : "-C'est énorme" "-C'est le moins qu'on puisse dire, 44 c'est énorme…"
Dicter la sentence
Lundi dernier dans l'après-midi, après l'audition des témoins. Tony Meilhon s'adresse à ceux en charge de le juger."Je ne mérite que la prison à perpétuité. C'est pas une invention de mon avocat qui veut me faire condamner."
"Votre avocat vous défend, Mr Meilhon !" sursaute le président de la Cour Dominique Pannetier !
Tony Meilhon poursuit alors :
"J'ai enlevé une vie on doit prendre ma vie, malheureusement en France on a supprimé la guillotine, je le regrette..."
"Quand je rentre dans ma cellule le soir, vous croyez que je me dis quoi, quand j'entend ce qu'on dit de moi, que je suis un monstre, que je suis pas réinsérable..." Sincère repentir ? Le chroniqueur judiciaire du Figaro Stéphane Durand-Souffland n'est pas de cet avis. "L'accusé cherche aussi à étendre son emprise sur le jury, comme s'il lui appartenait de dicter la sentence. Un autre criminel l'avait fait avant lui: Michel Fourniret, l'un des pires tueurs en série que la France ait connu".
Verdict attendu jeudi dans la soirée.