Aujourd'hui sort en salles "Lulu femme nue", la très attendue adaptation de la bande dessinée de l'Angevin Etienne Davodeau avec Karin Viard dans le rôle principal. L'histoire d'une quadragénaire qui décide un beau jour de ne plus rentrer chez elle. Rencontre avec la réalisatrice Sólveig Anspach...
Pour son cinquième long métrage de fiction, la réalisatrice a choisi d'adapter la bande dessinée d'Etienne Davodeau "Lulu femme nue" et de confier le rôle titre à Karin Viard, César de la meilleure actrice en 2000 pour son rôle dans "Hauts les coeurs", un autre film de Sólveig Anspach.
A quelques heures de la sortie en salles, la réalisatrice nous parle de son coup de foudre pour la BD, pour le personnage de Lulu et de son envie de retrouver Karin Viard...
Comment avez-vous découvert le diptyque d'Etienne Davodeau et pourquoi avez-vous souhaité l'adapter au cinéma ?
Sólveig Anspach. L'idée de cette adaptation est venue par la productrice du film : Caroline Roussel. Elle est fan de cette bd, me l'a envoyée me disant "lis ça. J'ai un rêve que tu en fasses l'adaptation pour le Cinéma et que ce soit tes retrouvailles avec Karin Viard...".J'ai dévoré la bd d'Etienne, et je me suis dis : j'aime cette histoire, je comprends cette femme même si elle est très éloignée de moi, j'ai envie de m'y mettre.
J'en ai parlé avec mon co-scénariste, Jean-Luc Gaget, et le travail d'adaptation a commencé.
Avec Karin ça faisait un moment depuis "Haut les Coeurs" qu'on cherchait un projet suffisamment porteur, pour retravailler ensemble, et on en avait pas vraiment trouvé.
Là, ça a été le cas.
Même si le personnage de Lulu est très différent de celui de "Haut les Coeurs", Lulu part de chez elle parce que si elle ne le fait pas elle va mourir, s'asphyxier, Lulu a besoin d'air, d'un peu de temps juste pour elle... Au fil des années, elle a déjà perdu ses "couleurs", ses rêves...
Au fil des années Lulu est devenue une femme effacée, fragile très peu sûre d'elle-même, qui a passé son temps à s'occuper des autres, en s'oubliant ce qui n'est jamais une bonne chose.
C'est votre première adaptation. N'est-ce pas un véritable défi que d'adapter une BD qui est déjà sur un mode visuel ?
Sólveig Anspach. Chaque film est un défi. Lorsqu'on adapte une bd on peut penser au départ que c'est plus simple parce qu'une bd ressemble à un story board, mais en réalité il faut très vite mettre la bd de côté, et penser en termes de Cinéma. je sais maintenant qu'Etienne m'a confié son "bébé" parce que ce que je proposais en terme d'adaptation était assez radicale (enlever toutes les voix off par exemple, être toujours dans les basques de Lulu, pour vraiment être en empathie avec elle). La première fois que nous nous sommes rencontrés, Etienne m'a dit :"La bd existe, pas besoin d'une photocopie".Vous dites faire des films atypiques, inclassables, très différents les uns des autres. Pourtant, il existe une espèce de fil rouge dans votre filmographie: les aventures intérieures, les histoires intimistes et les gens ordinaires. C'est ce qui vous rapproche d'Etienne Davodeau ?
Sólveig Anspach. Oui vraiment. Ce goût des gens, est quelque chose que nous partageons avec Etienne, et je crois aussi, le fait qu'Etienne parte souvent, il me semble, du réel pour les personnages et les lieux, et que j'ai moi fait 10 ans de documentaires avant de faire de la fiction.Votre cinéma met également en scène beaucoup de parcours de femmes. C'est une volonté affichée et assumée, un hasard ?
Sólveig Anspach. Je les connais mieux... mais je ne suis pas du tout contre faire des portraits d'homme. D'ailleurs dans Lulu, je crois que le personnage de Charles, incarné par Bouli Lanners, le prouve.Pourquoi avoir choisi Karine Viard pour jouer le rôle de Lulu ?
Sólveig Anspach. C'est expliqué plus haut. Je pensais aussi que pour Karin jouer Lulu, serait vraiment intéressant, parce que Karin en réalité est très éloignée de Lulu, elle n'a rien de cette femme timide et peu sûre d'elle.Karin est pleine d'énergie, c'est une locomotive. Elle a une personnalité très affirmée. Donc c'était lui proposer un rôle totalement à contre emploi.
Etienne Davodeau considère les deux Lulu, la vôtre et la sienne, comme des amies qui sont assez différentes mais qui sur le fond s’entendent bien. Quelle est votre vision ?
Sólveig Anspach. Je trouve que c'est une très belle idée, et je la partage. Je pense que nous avons changé beaucoup de choses au niveau de la structure du récit, aussi dans sa couleur, le film est plus lumineux, moins triste que la bd, mais l'esprit de la bd est là.Comment vous sentez-vous à quelques heures de la sortie du film ?
Sólveig Anspach. Je suis assez confiante, je sais que si les gens vont voir le film, ils vont en êtres heureux (nous l'avons déjà montré dans plus de 20 villes) maintenant il faut que ce désir du film, soit là dès la première semaine, c'est-à-dire dès mercredi prochain...Que pouvons-nous vous souhaiter pour 2014 ?
Sólveig Anspach. Ce que j'essaye d'apporter avec ce film : le Bonheur.Interview réalisée le 18 janvier 2014
Plus d'infos sur le film ici ou là
Un film tourné en Vendée
Le film est entièrement tourné en Pays de la Loire. Le tournage a débuté le 15 octobre 2012. Il est soutenu financièrement à hauteur de 130 000 € par la Région, dans le cadre des aides à la production cinématographique.L ’équipe du film a bénéficié d’un accompagnement du Bureau d’Accueil des tournages pour, la recherche de décors, l’organisation de castings pour recruter les figurants et les seconds rôles du film.
Une quinzaine de comédiens régionaux jouent les seconds rôles et une grande partie de l’équipe technique est locale.