Danse, musique, peinture, human beatbox, deejaying... le hip hop dans tous ses états investit l'agglomération nantaise du 6 février au 8 mars. Un mois de programmation à vous faire tourner sur la tête. Rencontre avec Nicolas Reverdito, le directeur d'Hip Opsession...
Une obsession ? Non, une Hip Opsession, même s'il est vrai que l'affaire peut vite tourner à l'idée fixe pour tous les fans du genre. Depuis 10 ans maintenant, le festival propose une programmation extrêmement riche et éclectique à faire tourner la tête façon baby freeze ou headstand.
Lâcher tout, lâcher vous, la culture hip hop débarque sur l'agglo pour un mois complet, à partir du jeudi 6 février. Au menu : de la danse et notamment les fameux battles qui ont fait la réputation du festival mais aussi des concerts de rap réunissant têtes d'affiches internationales et découvertes locales, des expositions autour du grafitti, un salon, des stages d'écriture rap, de deejaying ou encore d'human beatbox, des compétitions de DJ's et dix mille autres rendez-vous...
Nicolas Reverdito, premier salarié de l'association organisatrice Pick Up Production et aujourd'hui directeur du festival nous parle un peu du passé, un peu du futur et beaucoup du présent...
Que représente le hip hop aujourd'hui en France ?
Nicolas Reverdito. Le hip hop est un mouvement culturel majeur. Au niveau de la musique, c'est par exemple ce qui se vend le plus. C'est aussi un mouvement très hétéroclite avec plein de sous-mouvements, de sous catégories, un mouvement qui peut toucher tout le monde, toutes les sensibilités.Certains annoncent régulièrement la mort de la culture hip hop, on a pourtant l'impression qu'elle n'a jamais été aussi vivante. Qu'en est-il ?
N.R. En fait, c'est plutôt la mort du rap qui est régulièrement annoncée. Il ne faut surtout pas confondre la culture hip hop et les pratiques artistiques qui lui sont liées. Et si la mort du rap est régulièrement annoncée, il est toujours en haut des charts en France et dans le monde. On le voit encore aujourd'hui avec le succès de Pharrell Williams. On en est donc loin !Pour vous, ce mouvement est-il plutôt underground ou grand public ?
N.R. Les deux courants se côtoient. Il y a un côté grand public, mainstream, qui inonde les radios et les gros médias, et il y a une scène plus underground qui se développe, toujours plus nombreuse, toujours plus pointue et c'est sûrement ce qui fait sa richesse, l'un nourrit l'autre et inversement.Parlons du festival, 10 ans d'existence. C'est le temps des bilans et des remises en question ?
N.R. C'est déjà un temps pour fêter dix ans d'histoire, dix ans de mise en valeur de la culture hip hop. C'est aussi un temps pour se questionner sur ce qu'on a envie de faire dans les années futures, imaginer comment on évolue, comment on se renouvelle.Est-ce qu'il y a des changements particuliers cette année ?
N.R. Non, nous avons souhaité fêter nos dix ans avec tous nos partenaires. Il y aura des petits changements à droite et à gauche mais pas de révolution globale. Pour la suite, on est en train d'y réfléchir, l'objectif étant de changer au moins la forme du festival pour la 11e édition. Mais les annonces viendront après cette 10e édition !Quels sont les points forts de cette dixième édition ?
N.R. Il y en a 10. La sortie d'un programme papier que nous avons voulu plus proche du magazine que du simple programme. Une soirée exceptionnelle à Paris qui nous a permis de faire connaître le festival et la scène locale au niveau national. Une grosse exposition graffiti présentée à Pol'n. Le battle au Lieu Unique avec un retour au format d'origine, c'est à dire avec des équipes de 5 danseurs pour encore plus de spectacle et de prouesses techniques. Les 10 ans du End of the Weak (compétition de MC's, ndlr) le 15 février au Ferrailleur avec un End of the Weak "All stars" réunissant tous les champions français de la compétition. Un TKO spécial (autre compétition, ndlr) pour les 10 ans avec tous les DJ's vainqueurs des années précédentes réunis pour un "choc des titans". Une émission internet diffusée chaque lundi et jeudi, une émission d'une vingtaine de minutes réalisée en coproduction avec dasswassup qui nous emmènera dans les backstages du festival à la rencontre des artistes. Une musique originale réalisée par 20Syl, membre de C2C et d'Hocus Pocus, pour le festival, sur laquelle on va faire enregistrer des rappeurs de Nantes. Les différentes versions de l'instru seront éditées en vinyle. Une autre instru créée par DJ One Up et Nicolas Berrivin des Smooth sur laquelle les artistes invités pourront poser leur voix. Enregistrement le 20 février dans les studios de Trempolino. Et pour finir une surprise qu'on dévoilera pendant le festival.Si par manque de temps ou d'argent, on ne peut assister qu'à un seul concert, une seule soirée, que nous conseilleriez-vous ?
N.R. Si on s'intéresse à la danse, je conseillerais de venir vendredi 7 février au Lieu Unique pour le Battle Stand Opsession. Et si on est plutôt musique, alors ce serait le T.K.O. le samedi 22 février à Stereolux. Il y aura un battle de DJ's, un battle d'human beatbox et un battle de beatmakers, suivis d'un concert du groupe franco-anglo-américain Jukebox Champions, une belle façon de découvrir la diversité de la musique hip hop.Le festival a toujours porté une attention particulière à la scène émergente, est-ce encore le cas cette année ?
N.R. Oui tout à fait, la programmation du festival comporte beaucoup d'artistes émergents, des artistes issus de la scène locale comme La Formule, Lowschool, Bad News Company, Kad'krizz, et des têtes d'affiches nationales et internationales.Quel est votre meilleur et votre pire souvenir de ces dix années passées ?
N.R. L'un de mes meilleurs souvenirs remonte à 2007 quand on a réuni Dee Nasty et Sidney qui sont deux pionniers du hip hop en France et qui ne s'étaient pas vus depuis 10 ans. Un grand moment, beaucoup d'émotion et de partage. Quant au pire moment, c'était au cours de cette même édition lorsqu'on a appris 10 minutes avant les discours officiels d'inauguration l'annulation d'EPMD qui était la tête d'affiche. Il a fallu faire bonne figure malgré cette mauvaise nouvelle.Votre coup de cœur du moment ?
N.R. Clear Soul Forces qui joue le 20 février à Stereolux. Un groupe de rap de Détroit, des petits jeunes qui n'ont pas beaucoup plus de 20 ans et qui à mon avis ont un gros potentiel. Ils vont sortir un album au mois de septembre.Que peut-on vous souhaiter pour cette édition?
N.R. D'avoir le temps de prendre du plaisir et de profiter des spectacles et des concerts.
Ce qui ne doit pas être toujours évident...
N.R. Non mais on essaye quand même de se préserver un peu de temps pour ça. On est des passionnés !Interview réalisée le 31 janvier par Eric Guillaud
Plus d'infos sur le festival ici et en attendant, on révise ses pas de danse...