De plus en plus de grands chefs interdisent l'utilisation du smartphone pour photographier leur création et la partager sur les réseaux. Au restaurant, on savoure, on mange mais on ne tweete pas avec une photo de son assiette.
Food porn
En vous baladant sur Twitter, Instagram, Facebook ou Pinterest, vous avez forcément croisé des gros plans d'assiettes, le détail d'un plat étoilé, le dessert d'un chef sous toutes les coutures. Cette exhibition de nourriture accompagnée d'un commentaire en phase avec le fumet du dîner, les gourous du net, appellent cela du "food-porn".Un site entièrement dédié au partage culinaire "Food Reporter" est sur toutes les lèvres des gastronomes 2.0 en ce moment. Il se présente comme "un réseau social culinaire qui permet de partager ce que vous mangez au restaurant et à la maison".
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Les chefs ne flashent plus
Les grands des fourneaux n'en peuvent plus de cette tendance égocentrique qui gâche la magie de leur création. Ils ont l'impression d'être un petit peu comme ces restaurants chinois offrant en vitrine des maquettes vitrifiées de leur principaux plats à la carte. "On enlève un peu ma propriété intellectuelle, on peut être copié" s'insurge le chef nordiste Alexandre Gauthier de la Grenouillière à La Madelaine-sous-Montreuil. Le jeune chef invite ses clients dès la commande et sur son menu à ne pas sortir leur smartphone pour partager ses dernières créations sur les réseaux sociaux mondialisés."On n'arrive pas à déconnecter les gens",regrette le chef "On tweete, on like, on commente, on répond. Et le plat est froid!"
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Les bloggeurs relativisent
Internet a démocratisé la critique gastronomique avec ses multiples applications et sites dédiés au tourisme comme Trip Advisor, itaste, la fourchette.com ou cityvox.Les guides gastronomiques ont tous pris un sacré coup de vieux, à quoi bon écouter la bible du guide rouge quand on trouve gratuitement sur le net une critique communautaire, en permanence réactualisée, des meilleurs plans gastronomiques autour de soi ?
Même le Guide Michelin a compris le changement d'usage et d'habitude en la matière. Sur son site web, la critique est ouverte aux commentaires de l'apprenti gastronome. Fini l'aile ou la cuisse, le pauvre client a autant d'importance q'un François Simon ou un Gilles Pudlowski. Deux critiques par ailleurs très actifs sur leur propre blog.
"Les photos, c'est un accélérateur de visibilité et donc de chiffre d'affaires", argumente Stéphane Riss, qui tient le blog Cuisiner en ligne. "il faut que les chefs soient au top tous les jours, car il suffit d'une erreur, et elle part sur Internet."
Avec AFP et curation du net.