Son album précédent avait fait sensation au point que le groupe nantais s'était vu inviter à jouer en première partie de Robert Plant. Rien que ça ! Neuf ans après, il revient avec une nouvelle chanteuse, un nouveau disque, onze titres à vous coller le frisson pour l'éternité. Interview...
Orange Blossom, fleur d'oranger, le nom à lui seul résonne comme une invitation au voyage.
Et de fait, en 20 ans, le groupe nantais a beaucoup voyagé, depuis les États-Unis jusqu'à la Jordanie en passant par le Maroc, l'Égypte, la bande de Gaza...
20 ans d'existence et seulement 3 albums, c'est le prix de l'excellence. Pour Carlos Robles Arenas et PJ Chabot, les deux musiciens qui forment aujourd'hui Orange Blossom, inutile de courir, il faut profiter du temps, de ce temps qui permet la rencontre et le partage.
A l'arrivée, il y a cette musique inclassable, une musique du monde serait-on tenté d'écrire pour faire vite, un électro rock oriental serait plus précis.
"Under the Shade of violet" est le nom de leur troisième album, onze titres aux sonorités orientales, mais pas que, et surtout une nouvelle voix, exceptionnelle, envoûtante, celle d'une jeune égyptienne de 28 ans totalement inconnue en France mais qui ne devrait pas le rester longtemps : Hend Ahmed.
A quelques jours de la sortie de ce nouvel album, nous avons pu rencontrer Carlos Robles Arenas. Interview...
Votre musique est unique en son genre. Et pour cause, vous mélangez des influences très rock, post punk même, à une musique traditionnelle, ethnique... C'est ce que vous aimez, le choc des cultures ?
Carlos. Oui, à la base, ce sont des envies artistiques personnelles. J'ai très tôt été baigné dans la musique, depuis le mambo jusqu'au rock en passant par la musique mexicaine d'où je suis originaire, l'electro ou encore la salsa que j'ai découvert à Cuba quand j'étais à l'école de musique. De fait, le mélange est normal pour moi, évident.D'autres groupes jouent comme vous sur le mélange des cultures, ça ne marche pas toujours. Qu'est-ce qui fait que chez vous ça fonctionne ?
Carlos. Je ne sais pas. Pour moi la musique, c'est quelque chose qui n'a pas besoin de longue formation, d'acquis. Tu écoutes, tu aimes ou tu n'aimes pas. Chez certains groupes, le mélange peut faire collage ou trop conceptuel. Je pense que ce n'est pas évident dans leur tête. Dans la mienne ça l'est. Lorsque je compose, je fais en sorte que ce soit sincère, le plus sincère possible.
Vos influences sont mondiales. Comment expliqueriez-vous votre style, votre musique à un néophyte ?
Carlos. Moi je fais et les journalistes donnent un nom à ce que je fais. Mais la musique reste plus forte que les mots.
Parmi vos influences, vos maîtres, il y a Joy Division. Imaginez que vous rencontriez feu Ian Curtis sur un trottoir à Londres. Que lui diriez-vous ?
Carlos. Simplement merci. Merci de m'avoir aidé à un moment difficile de ma vie.
En quoi vous a-t-il aidé ?
Carlos. J'avais 16/17 ans à l'époque, je vivais à Mexico et j'étais complètement paumé. Un soir, j'ai rencontré une New-yorkaise, on a passé la soirée ensemble. Elle a oublié des cassettes que j'ai écouté et c'est comme ça que j'ai découvert Joy Division. Une claque. Une révélation !
Huit ans de silence discograhique entre le 1er et le 2e album. Neuf ans entre le 2e et le 3e... C'est une technique de communication ou bien ?
Carlos. Non non non. En fait, on beaucoup joué à l'étranger, aux Etats-Unis, en Russie, en Europe... Du coup on a été pas mal absent. J'avais aussi envie de voyager, de rencontrer des musiciens à l'étranger. J'ai travaillé sur d'autres projets. Et puis enfin, il nous a fallu trouver une nouvelle chanteuse. Ça a pris du temps, beaucoup de temps...
Sans oublier la tournée avec Robert Plant...
Carlos. Oui, juste après le deuxième album.
Et c'est comment une tournée avec Robert Plant ?
Carlos. C'est la classe ! Quand j'étais jeune, j'étais hyper hyper hyper fan de Led Zeppelin, alors vous imaginez, avoir Robert Plant en face de moi et savoir qu'il aime ce que je fais, c'était très flatteur. C'est un grand Monsieur, très simple en dépit de ce qu'il a fait. Il venait nous voir, nous parler. C'était magique !
Vous revenez avec une nouvelle chanteuse, égyptienne, Hend Ahmed, totalement inconnue en France. Pouvez-vous nous raconter comment s'est faite la rencontre et pourquoi vous l'avez choisie elle ?
Carlos. Oui. Nous ne parvenions pas à trouver une chanteuse ici en France. Nous sommes partis en Egypte, il y avait encore des manifestations à l'époque, c'était un peu chaud. Là-bas, on a rencontré un vieil ami qui nous a invité chez lui. Il nous a fait visionner des vidéos de chanteuses et lorsque Hend Ahmed est apparue, ça a fait tilt ! C'est une rencontre vraiment musicale parce qu'elle ne parle ni français, ni anglais, et nous, nous ne parlons pas du tout l'arabe.
Ce n'est pas trop gênant cette frontière linguistique ?
Carlos. D'un côté oui c'est compliqué parce que tu ne peux pas aller dans le détail et les choses se font plus lentement, d'un autre l'échange reste purement musical, faut que ça sonne et c'est tout !
Qu'est-ce qu'un bon morceau pour vous ? Autrement dit, à quel moment vous dites-vous que ce morceau là est bon, que vous pouvez le mettre en boite ?
Carlos. C'est quand tu arrives à être toi-même ! Quand tu te dis, là ça me touche, alors c'est bon. C'est très simple en fait.
Le disque sort le 29 septembre, de quoi sont faites vos journées ?
Carlos. Nous préparons la tournée, travaillons sur la mise en scène du spectacle, les lumières, les images en live. Jouer l'album sur scène n'est pas facile, 80 à 100 personnes ont participé à l'enregistrement de l'album et nous serons 5 sur scène. En plus de cela, la chanteuse vient pour la première fois en France. Elle n'écoute pas de musique occidentale et n'y connaît rien, elle ne sait pas non plus comment se passent les concerts ici. Il va falloir qu'elle se prépare, qu'elle répète... Elle arrive très prochainement !
Merci Carlos, merci Orange Blossom
Interview réalisée le 10 septembre 2014
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