Environ 350 personnes ont manifesté samedi à Grez-en-Bouère en Mayenne, près de quatre ans après la révélation d'une pollution aux PCB autour de l'usine Aprochim, en soutien aux victimes dont l'une est entrée dans son 16e jour de grève de la faim
Apiculteur et éleveur de chèvres, Joseph Gaudin, opposant historique à l'implantation de l'usine, a entamé une grève de la faim le 26 septembre pour tenter de débloquer le processus d'indemnisation de son exploitation, dont il a cessé toute activité caprine à la fin de l'année 2012.
Il a pris la tête de la manifestation de samedi, en fauteuil roulant, guidant le défilé jusqu'à la mairie.
"Je n'ai eu une interdiction de vente que pendant trois semaines mais la méfiance a détourné, par la force des choses, 50% de mes clients. Et il était devenu impensable pour moi de les exposer à un éventuel risque", a expliqué le gréviste avant la manifestation.
"Des 11 élevages impactés en 2011, il n'en reste plus que quatre aujourd'hui", selon les associations environnementales et de riverains qui ont obtenu récemment la suspension de l'exécution du dernier arrêté préfectoral de surveillance de l'usine, jugé insuffisant par le tribunal administratif de Nantes.
Parmi les exploitants agricoles, certains ont négocié une indemnisation avec Aprochim, d'autres sont entrés en voie judiciaire, bénéficiant pour certains de provisions.
Mais plusieurs n'ont rien obtenu du tout. "C'est d'autant plus dur que 100% de mes revenus étaient issus de la vente directe. Je finalise l'étude sur ma perte de chiffre d'affaires, mais je l'estime à 350.000 euros", précise Joseph Gaudin, installé pour sa grève de la faim dans la mairie de Grez-en-Bouère, où il est conseiller municipal dans l'opposition.
Agé de 60 ans, il a été le premier à s'opposer au projet d'implantation de l'usine Aprochim à la fin des années 80. A l'époque, son épouse avait mené une courte grève de la faim et obtenu la tenue d'un référendum communal. Il a été défavorable à l'implantation de l'entreprise, mais ses résultats n'ont pas été pris en compte.
"J'ai espéré pendant 20 ans m'être trompé mais il n'y a pas eu de surprise au final. Je ne suis donc pas tant révolté qu'écœuré par l'indifférence et la passivité
qui ont entouré l'activité de l'usine", dit Joseph Gaudin, qui projette aujourd'hui de déménager à une vingtaine de kilomètres de Grez-en-Bouère.
avec AFP