"Tout le monde se parfume ou presque donc pas étonnant que l'on en retrouve dans l'air !", les perturbateurs endocriniens sont partout selon une étude

C'est une première en  France. Une étude d'envergure a été lancée par ATMO Occitanie, l'observatoire régional de la qualité de l'air, en juin 2024. Elle concerne la détection de perturbateurs endocriniens dans l'air. Une étude qui sera menée sur 3 ans en Occitanie. Une étude exploratoire lancée en mars a dévoilé la présence de phtalates, alkyphénols, HAP, dans l'air.

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Jamais la présence de perturbateurs endocriniens n'avait été étudiée dans l'air. La présence de ces substances d'origine chimique ou naturelle susceptibles de dérégler le fonctionnement hormonal normal des êtres vivants a été étudiée dans l'eau mais jamais dans le "compartiment air".

Une première en France

ATMO Occitanie mène la première étude d'ampleur sur le sujet. Pendant trois ans l'air des 2 métropoles Toulouse et Montpellier va être analysé, comme celui de zones agricoles dans l'Aude et la Haute Garonne. Le périmètre de l'étude se penchera aussi sur l'air d'Alès, une ville du Gard au passé industriel. Les Pfas, ces polluants persistants que l'on retrouve dans de nombreux objets du quotidien comme les poêles, seront recherchés en parallèle.

Un an de travail a été nécessaire en collaboration avec la Sorbonne pour mettre sur pied un protocole. "Il fallait tout d'abord définir la méthode de captation de l'air. Nous avons choisi une cartouche de résine neutre capable de capter les particules te les gaz. Suivront en laboratoire une identification et une analyse des molécules ", précise Dominique Tilak, directrice générale d'ATMO Occitanie.

56 molécules recherchées, 46 présentes dans l'air

Lancée en mars dernier, l'étude exploratoire livre ses premiers résultats. Difficiles pour l'heure de préciser les effets avérés sur la santé, mais sur 56 molécules recherchées, 46 ont été retrouvées dans l'air. 

"On a placé les capteurs à 4 à 5 mètres de haut, pour être au plus près de l'air respiré par la population. Il y a certaines molécules que l'on ne s'attendait pas à retrouver dans l'air extérieur ", explique Dominique Tilak. 

Les phtalates par exemple. Ces substances que l'on retrouve dans les cosmétiques, les produits ménagers, les sols en vinyle sont bel et bien présentes dans l'air. " Six sur 7 types de phtalates sont présents dans 80 % des échantillons avec une concentration cumulée de 278 nanogrammes par m3. Ce chiffre est une moyenne", révèle la directrice générale d'ATMO. 

Des HAP ont également été saisis par les capteurs dans 80% des échantillons. Ce sont des substances issues des combustions de bois, de pétrole. "On en trouve des quantités plus importantes en hiver. Mais ces substances sont présentes tout au long de l'année", explique la directrice d'ATMO. 

Présence d'insecticide interdit depuis 26 ans

Plus étonnant, des insecticides ont été retrouvés et pas n'importe lesquels. Le Lindane est présent dans tous les échantillons. C'est un insecticide utilisé à partir des années 30 dans l'agriculture ou encore dans le traitement des poux et de la gale chez l'homme. Ce produit dont l'usage est interdit depuis 1998 est encore présent dans notre air. Premier enseignement pour Dominique Tilak : "Cela montre la rémanence des produits. On voit bien que malgré une interdiction depuis plus de 20 ans, le lindane est toujours présent. C'est la même chose avec les PCB pourtant interdits depuis 1987". Quelle incidence sur la santé. Impossible de le déterminer pour l'heure selon ATMO Occitanie qui participait en mars dernier à des rencontres internationales air et santé.

 

Moins surprenant la présence de Musc, utilisé dans les parfums ou des savons. "Tout le monde se parfume ou presque dont pas étonnant que l'on en retrouve dans l'air ! " 

Passé cette phase d'étude exploratoire, les capteurs installés sur les 5 sites d'Occitanie vont donc durant 3 ans scruter l'air d'Occitanie. Atmo précise que les études sur le "compartiment air", ont été plus rares que celles sur l’eau concernant les perturbateurs endocriniens. " Ça n'a jamais été réalisé et on a peu de recul sur les perturbateurs endocriniens dans l'air et peu d'analyses sur leurs effets sur la santé. Donc l'enjeu pour nous, c'est effectivement de bancariser, produire des données pour que les agences sanitaires s'en emparent pour savoir répondre à la question : existe-t-il un enjeu ou pas d'un point de vue sanitaire sur l'air que nous respirons ", conclut Dominique Tilak. Un enjeu majeur, chaque jour un adulte en bonne santé respire 15000 litres d'air.

(Article publié une première fois le 4 juin 2024)

 

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