Polluants éternels : trois captages d'eau potable dépassent les normes de PFAS autorisés sur les 326 testés en Occitanie

Depuis février 2024, l'Agence Régionale de Santé Occitanie a réalisé 326 prélèvements dans les 13 départements de notre région. Puis, ces échantillons d'eau potable ont été analysés. 3 résultats présentent un dépassement de la norme de qualité. Tout comme le site de Salindres dans le Gard, pollué à cause de son activité industrielle.

Les PFAS, substances per ou polyfluoroalkylées, sont une large famille de plusieurs milliers de composés chimiques. Elles présentent de nombreuses propriétés (antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs) qui ont encouragé leur fabrication puis leur utilisation par de multiples secteurs industriels.

Présents dans tous les milieux (eau, air, sol) et dans la chaîne alimentaire, les PFAS se dégradent très peu, c’est pourquoi il est possible d’en retrouver des traces dans l’environnement, y compris pour des substances qui ont été interdites depuis plusieurs années.

20 PFAS testés dans les 326 analyses

En raison de leurs potentiels effets néfastes sur la santé, la recherche de PFAS dans l’eau de consommation humaine sera obligatoire à partir du 1er janvier 2026.

L’Agence Régionale de Santé Occitanie a choisi d’anticiper cette échéance réglementaire. Elle vient de mener une campagne exploratoire inédite sur 326 points de prélèvements sélectionnés pour leur potentielle vulnérabilité aux PFAS.

Cette recherche a porté sur 20 PFAS listés par la directive européenne. Les prélèvements ont été effectués sur des eaux brutes, donc avant traitement, pour lesquelles la norme est de 2.000ng/L.

La limite maximale de qualité est de 100ng/L pour l'eau distribuée au robinet après traitement.

Dans 285 prélèvements, soit 87% des échantillons, le seuil de détection est inférieur à 10ng/L. Dans 48 cas, il se situe entre 10 et 99ng/L, donc toujours sous ce seuil.

Seuls 3 échantillons dépassent la norme européenne. Et 7 autres sont sous surveillance. Dans le Gard, à Générac (51ng/L) et Rodilhan (73), dans l'Hérault, à Villeneuve-lès-Maguelone (95) et dans les Pyrénées-Orientales, au Boulou (52), à Pia sud (51), à Calce (60) et à Elne (50).

À LIRE : SANTE. Les "polluants éternels" traqués dans les réseaux d'eau potable de Montpellier et Nîmes.

3 échantillons non conformes

En Occitanie, 3 captages ou forages ont dépassé la norme et demandent donc des mesures de gestion particulières pour y remédier.

  • Le captage Les Horts à Lunel-Viel dans l'Hérault
  • Le forage du Ratier dans le Grand Narbonne dans l'Aude
  • Le captage Gravière-Lagarde en Haute-Garonne

Le captage Les Horts à Lunel-Viel dans l'Hérault

Il alimente 4.500 habitants de la commune de Lunel-Viel. Les taux de PFAS varient de 115 à 151ng/L.

Une enquête environnementale est en cours pour rechercher l’origine géographique de la contamination et son étendue.

Le forage du Ratier dans le Grand Narbonne dans l'Aude

Il alimente, en partie, la commune du Grand Narbonne mais de façon temporaire l'eau de ce captage est restreinte à une cinquantaine d'abonnés. Les taux relevés vont de 90 à 139ng/L.

Un traitement aux charbons actifs était à l’étude avant même la découverte de PFAS. Il va être adapté pour le traitement de PFAS, avec une mise en service fin 2024.

Le captage Gravière-Lagarde en Haute-Garonne

Ce captage est utilisé environ un mois par an, en secours, lors de l’arrêt d’activité du canal latéral de la Garonne. Il alimente alors près de 100.000 habitants de plusieurs communes du nord toulousain.

Le taux annoncé est de 751ng/L. L’usine de Saint-Caprais, qui utilise cette ressource, dispose d’un traitement à base de charbons actifs en grains, auquel on peut ajouter si besoin des injections de charbons actifs en poudre.

Le cas particulier de Salindres dans le Gard

Le site industriel Solvay près d'Alès fait déjà l’objet d’une surveillance environnementale et sanitaire depuis de nombreuses années. Il produit justement des PFAS. Et le taux de cancers dans ce coin des Cévennes est particulièrement élevé. Faut-il y voir un lien ?

45 points ont été analysés et sont sous surveillance constante.

Cela concerne 12 captages dans l’environnement de la plateforme chimique, les plus proches sont situés dans un rayon de 7 à 10km, ainsi que 11 captages plus éloignés, situés en bordure du Gardon, en aval de la confluence avec l’Avène. Et selon l'ARS, tout est sous contrôle.

Une campagne nationale portant sur la détection de 30 PFAS y sera organisée avant la fin 2024.

Reste que des associations écologistes sont plus alarmistes. L’étude menée par l’ONG Générations futures a révélé des taux élevés de TFA, un polluant éternel : 19.000ng par litre d’eau, une eau puisée dans le lit du Gardon. Des taux très supérieurs (jusqu'à 30 fois) à la future directive européenne sur l’eau potable qui doit entrer en vigueur en janvier 2026.

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